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 paris-treizieme.fr — La Maison « hantée » de la rue de Patay

On continue à bourrer les cranes

La Maison « hantée » de la rue de Patay

Ce n'était qu'un poisson d'avril !

La Lanterne — 8 avril 1920

La guerre est finie, et il faut à l'imagination des foules de nouvelles pâtures. Après les communications télégraphiques avec les planètes voisines, le « plus fort tirage des journaux du monde entier », vient de trouver un chef-d'œuvre dans le genre en découvrant, rue de Patay, une maison hantée ! Le Matin a dû en verdir de rage.

Car si sottes soient-elles, ces histoires merveilleuses, montées de toutes pièces par un mauvais plaisant, ne laissent pas de passionner la foule ; elles font rêver et diseur ter les spirites et effrayent trop de braves gens.

Hier donc, un article paru en premièrte page annonçait, avec force détails, qu'il y avait au 87 de la rue de Patay une maison hantée. Les esprits « frappeurs » régnaient en maîtres dans un des appartements de cette maison. À neuf heures, ils faisaient leur entrée, s'annonçant par une avalanche de vaisselle, et la petite comédie durait jusqu'à onze heures sonnées. Alors. ils serraient la main aux locataires spectateurs semblant leur dire adieu., ou plutôt au revoir !

Mais, laissez-moi vous citer un passage du long article de notre confrère :

Le 14 juillet dernier, cela commença par, singulières fantaisies sur les horloges et pendules. C'étaient toutes les aiguilles qui, tout coup, rétrogradaient de trois heures. Puis un pendule elle-même qui trônait sur une cheminée disparut. On la retrouva dans le buffet, tapie sous un paquet de chiffons. Cela se compliqua bientôt de bris de verres, de tasses. Tandis que nos gens étaient à table, dans la salle à manger, au soir, des verres, venant de la cuisine, dont la porte était fermée, allant folâtrer un instant au plafond, tombèrent dans les assiettes pour s'y briser. On eût été frappé à moins. C'est à la nuit, vers neuf heures, que commençaient ces mystérieuses fantaisies, et elles se prolongeaient jusque vers dix, onze heures.

Les esprits, d'ailleurs, ne s'en tenaient pas là. Le père, le fils, à qui ils paraissaient particulièrement s'en prendre, recevaient tout à coup des coups envoyés par d'invisibles poings. Couchés, ils recevaient des coups d'oreiller…

…Et bien d'autres incidents en qui le mystère le dispute au pittoresque. C'est un œuf renfermé dans un placard qui s'échappe et vient s'écraser contre la glace. C'est une petite somme — 200 francs, — déposée un instant sur le buffet, qui s'évanouit, pour reparaître, un mois plus tard, cousue dans la doublure du veston du vieil homme. Étrange !...

Étrange, en effet, puisque dans tout ceci il n'y a pas un mot d'exact ! Nous nous sommes rendus hier matin au 87 de la rue de Patay, et voici les déclarations que nous avons recueillies des occupants de la loge :

— Il n'y a jamais eu, dans notre immeuble, d'appartement hanté. L'article paru ce matin fait la joie de la maison et nous a bien fait rire. Pour le premier avril, le fils du locataire du logement soi-disant « visité » a installé, pour faire une farce à quelques invités, des sonneries électriques dans l'appartement de ses parents. Le « coup » eut du succès, et ces locataires s'amusaient quand quelqu'un pénétrait chez eux à faire retentir les carillons, disant que c'étaient des esprits.

Un voisin, pour faire une « blague » à un grand journal, et aussi pour toucher la prime, qui est promise à toutes les personnes qui téléphonent une nouvelle, prévint le P. P. Mais il n'avait jamais pensé que cela pût aller si loin. Ce que nous avons pu rire ?

— Cependant, un rédacteur est venu.

— Oui, je crois, mais ce n'est certainement pas chez mes locataires qu'il a pu voir tout ce qu'il a raconté.

— Pourrait-on voir ces locataires ?

— Ils sont partis hier soir pour deux mois à la campagne ; pour éviter les conséquences de leur « farce »…

Il faut avouer que le poisson d'avril est de taille et qu'il a obtenu plus qu'on ne pouvait en espérer. Quant à lui faire une telle publicité.

Robert DUBARD


Sur la rue de Patay

Historique

  • La rue de Patay (695 mètres, entre le boulevard Masséna, et la rue de Domrémy, 25) fut ouverte par arrêté préfectoral du 21 novembre 1855, sous le nom de boulevard de Vitry.
    Par décret du 2 octobre 1865, elle reçut sa dénomination présente, à cause du voisinage de la place Jeanne-d'Arc, et en mémoire de la victoire que Jeanne remporta sur les Anglais de Talbot en 1429. (Petite histoire des rues de Paris, 1913)

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Le 29 juin 1901, la température atteignit 33° à Paris et ce jour là, vers midi, Mme Louise Lesire, âgée de cinquante- deux ans, demeurant 157, rue Jeanne-d’Arc, fut frappée d'insolation, boulevard Saint-Marcel. Elle mourut dans la pharmacie où on l’avait transportée pour lui donner des soins. (Le Figaro - 30 juin 1901)

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En 1846, fut formé le projet de créer un cimetière à la pointe d’Ivry destiné à recueillir les corps des personnes décédées dans les hôpitaux et hospices. Ces terrains d’environ 9 hectares de la commune d’Ivry furent retenus en raison de leur proximité avec la Salpêtrière. Le projet n’eût pas de suite. Vingt ans auparavant, il avait déjà été question de créer un cimetière dit « cimetière du sud-est » en limite de Paris sur les terres qui constituaient le secteur des Deux-Moulins.

L'image du jour

La folie Neubourg sur le boulevard Auguste Blanqui, déjà en partie démolie.