L’Administration des Postes
La Libre Parole — 25 février 1896
Le quartier de la Maison-Blanche. — Les boites aux lettres. — Place de Rungis. — La levée des lettres. — Comme en 1860.
Depuis longtemps, les habitants du quartier de la Maison-Blanche — treizième arrondissement — sollicitent l’établissement d’une boîte aux lettres place de Rungis (gare des marchandises La Glacière-Gentilly).
Cette partie du quartier, quoiqu’incomplètement habitée, renferme de nombreux établissements commerciaux ou industriels, rues Barrault, Bobillot, Brillat-Savarin, etc.
Les habitants sont obligés d’envoyer leurs correspondances à la gare des voyageurs de La Glacière, rue Amiral-Mouchez.
Pour quelques-uns, c’est un voyage de quinze à vingt minutes, et pour les plus rapprochés, un dérangement d’au moins dix minutes.
Les mêmes personnes que leurs affaires appellent journellement à la gare des marchandises de la place Rungis et qui ont des lettres à faire porter, sont ensuite obligées de parcourir un long trajet pour assurer leur départ.
Il y a longtemps que cet état de choses a été signalé à la direction des postes, mais comme toujours les pétitions des habitants, couvertes de centaines de signatures, moisissent dans les cartons ou plus simplement ont été jetées au panier.
Il serait cependant si facile, avec un peu d’intelligence, de donner satisfaction aux signataires, puisqu’il ne s’agit que de l'installation d’une boite dont le coût est bien minime.
Par contre, et c'est bien là que l’on reconnaît la sagesse de l’Administration des Postes, il y a rue de Tolbiac deux boites en face l’une de l’autre, asile Michelet et coin de la rue de la Glacière ; elles ne sont séparées que par la largeur de la rue.
Quant aux grands bureaux situés, l’un avenue d’Italie, l’autre rue do la Glacière, ils sont à plus de deux kilomètres l’un de l’autre.
Enfin, malgré tous les progrès, la densité de la population et des besoins de plus en plus grands, la levée des lettres pour les départements a lieu à quatre heures et demie, comme jadis avant l’annexion du quartier qui remonte à 1860 !
Si l’on veut qu’une lettre à destination d’un département quelconque parte dans la soirée, il faut avoir terminé son courrier vers quatre heures de l’après-midi.
Sous ce rapport-là, il n’y a pas une ville de province qui ne soit mieux traitée.
Mais ce n’est pas seulement le quartier de la Glacière, c’est partout la même chose et de tous côtés on entend de semblables plaintes.
Vraiment, comme le disait l’autre jour mon camarade Albert Monniot, il n’est pas nécessaire de sortir de polytechnique pour accumuler tant de bêtises.
Le ministre Mesureur ignore certainement toutes ces choses, mais maintenant qu’elles lui sont signalées, peut-être se décidera-t-on à donner satisfaction à des centaines de milliers de déshérités.