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 paris-treizieme.fr — Le mystère des Gobelins (1894)

Le mystère des Gobelins

Le XIXe siècle — 6 septembre 1894

LA « CONVERSION DE SAINT PAUL »

Quel est ce bruit ? — Aux renseignements. — Interview concluant

Entrée de la manufacture des Gobelins par H. Godefroy (sans date)
CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet

Un bruit sinistre, dont un de nos confrères s'est fait l'écho, a couru hier sur la rive gauche. M. Guignet, chef des ateliers de teinturerie à la manufacture des Gobelins, se serait aperçu que certaines parties d'un grand panneau de tapisserie représentant la Conversion de saint Paul avaient perdu toute la vivacité de leurs couleurs.

On attribuait la cause de cette décoloration à ce fait que M. Guignet aurait utilisé des procédés de teinture nouveaux, plus rapides et moins coûteux que ceux employés par feu M. Chevreul.

En l'absence de M. Guignet, nous avons eu la bonne fortune de rencontrer à la manufacture M. Émile David, sous-directeur des teintures, qui dément catégoriquement la nouvelle et n'entrevoit même pas quel a pu en être le point de départ. D'ailleurs, pour nous en démontrer l'invraisemblance, l'éminent chimiste nous a expliqué de façon très claire la nature des changements apportés à la teinture des laines employées pour la confection des tapisseries nationales.

Les nouveaux procédés

Deux faits seuls sont à retenir : la réduction de l'indigo par l'hydrosulfite de soude, et l'adoption de certains colorants industriels.

Anciennement, la dissolution de l'indigo constituait une opération longue et compliquée. M. Schutzenberger a imaginé de dissoudre simplement l'indigo dans de l'hydrosulfite de soude ; on obtient ainsi une teinture toujours prête, donnant des bleus superbes. Après de longues expériences, ce procédé a été adopté aux Gobelins, et M. David affirme qu'il n'a jamais donné et ne saurait donner aucun mécompte.

Les couleurs industrielles

D'autre part, du temps de M. Chevreul, on n'employait pour la teinture que les produits végétaux classiques : garance et cochenille pour le rouge, indigo pour le bleu, gaude pour le jaune.

Or, depuis, on s'est aperçu que certains corps dérivés du goudron fournissent des nuances d'un éclat et d'une solidité à toute épreuve. Autant la série de l'aniline est fugace et changeante, autant une autre série dite alizarine est résistante.

Les jaunes de l'alizarine, notamment, sont fort supérieurs à ceux de la gaude comme durée et comme éclat. Voilà la seule raison pour laquelle on les emploie, car leur prix de revient est sensiblement égal à celui des couleurs végétales. Du reste, il n'y a guère lieu de tenir compte de ce dernier élément, la manufacture teignant tout au plus 300 kilos de laine et 50 kilos de soie chaque année. Bien entendu, les chimistes des Gobelins n'ont point la naïveté de livrer aux ateliers des laines dont la résistance aux baisers du soleil n'aurait pas été sérieusement éprouvée. À toutes les fenêtres des laboratoires, on voit pendus de petits cartons garnis d'écheveaux dont une partie est recouverte par un carton noir. En comparant au bout d'un certain temps la partie exposée au soleil avec la partie cachée on apprécie instantanément la valeur de la teinture. Et pour qu'une laine soit déclarée bonne, elle doit n'avoir point subi de décoloration sensible après un an d'exposition.

Ajoutons encore que les chimistes des Gobelins inspirent toujours une certaine confiance aux personnes qui désirent de la teinture solide. Le ministère de la guerre, effrayé de la rapidité avec laquelle s'usait la soie bleue des drapeaux, a chargé la manufacture de lui préparer une soie qu'il impose maintenant à ses fournisseurs et qui donne toute satisfaction. La Compagnie de l'Est, trouvant que les broderies de ses voitures de première classe pâlissaient trop vite, s'est aussi adressée à notre grand établissement qui lui a donné la formule d'une teinture permettant d'obtenir des tons brun et orangé clair d'une résistance inconnue jusqu'ici.

Détail typique, les couleurs d'alizarine ne coûtent pas plus cher que les couleurs d'aniline ; mais les fabricants de nouveautés refusent de s'en servir parce que leurs étoffes dureraient trop longtemps.

Erreurs et légendes

Et pendant qu'il nous fait admirer les derniers écheveaux sortis de ces cuves si souvent critiquées, M. David nous confie que la fragilité de certaines tapisseries modernes est due à l'abus que beaucoup d'artistes font des teintes ultra-claires.

— Il est bien évident, nous dit-il, que le bleu ciel et le rose tendre, malgré l'excellence de la teinture, ne peuvent garder longtemps leur éclat. Et il suffit de regarder un instant les vieilles tapisseries, dont on vante sans cesse la conservation, pour voir que les artistes d'alors avaient soin de « monter » leurs tons.

Puis notre interlocuteur nous rappelle les légendes célèbres sur cette manufacture dont on croit toujours devoir déplorer la décadence.

D'abord, la légende de la Bièvre, dont l'eau communiquait à la teinture un brillant spécial, alors qu'une eau quelconque aussi propre que l'était la Bièvre à cette époque lointaine eût été tout aussi bonne.

Il y a aussi l'histoire des condamnés à mort qui pouvaient échapper au bourreau s'ils, se résignaient à venir prendre pension aux Gobelins, où on les gorgeait de viandes noires et de vin pour leur faire produire des urines dont la richesse ammoniacale permettait de jeter dans les tapisseries des coins de ciel d'un bleu idéal.

En somme, semble-t-il, beaucoup de bruit pour rien.

 



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Le Puits artésien de la Butte-aux Cailles

L'achèvement prochain des travaux du puits artésien de la place Hébert est venu nous rappeler un autre puits du même genr dont le forage fut commencé presque à la même époque que celui du puits des hauteurs des Belleville, mais tombé complètement dans l'oubli depuis une vingtaine d'années : nous voulons parler du puits artésien de la Butte-aux-Cailles. (1889)

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Un nouveau groupe scolaire parisien a été inauguré hier

La Ville de Paris a inauguré, hier matin, rue Kuss, dans le 13e arrondissement, un groupe scolaire ultra-moderne, édifié en dix-sept mois, sur la proposition de M. Louis Gélis, conseiller municipal du quartier. (1934)

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Jeanne d'Arc et sa lèpre

J'ai souvent parcouru en voisin cette rue que Jeanne d'Arc a baptisée, il y a soixante-quinze ans, à l'époque de l'annexion de l'ancienne banlieue, la commune d'Ivry en faisait partie. (1939)

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Voyage dans le dernier tramway de Paris

Dans quelques jours, le 123-124, dernier spécimen des multiples tramways qui, il y a peu de temps encore, occupaient les rues de Paris, va disparaître. Il fera son dernier voyage, le 15 mars et sera remplacé, le lendemain, par un autobus. (1937)

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Le Métro passe la Seine : Place d’Italie - Nation

La rive gauche réclamait son Métro : on va le lui accorder. Ainsi disparaîtra bientôt toute cause de jalousie entre les deux rives de la Seine. Il était grand temps qu'un peu d'équité intervint dans la répartition des lignes ! (1903)

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Saviez-vous que... ?

La rue du Tibre, dans le quartier Maison-Blanche, a été ouverte sur l'emplacement d'une voirie d'équarrissage, elle a porté le nom de rue de la Fosse-aux-Chevaux, puis du Tibre, à cause de la Bièvre autour de laquelle ont été groupés des noms de fleuves.

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En 1879, les écoles chrétiennes de la rue du Moulin des Prés, de la rue Jeanne d'Arc et du boulevard de l'hôpital furent laïcisées à la suite de la décision du conseil municipal. Elles furent remplacées par les écoles libres des 61 rue Dunois, 93 avenue de Choisy et 43 rue Corvisart. Une école chértienne tenue par des soeurs fut laicisée et remplacée par une école libre située 35 rue Jenner.

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Le marché aux chevaux du boulevard de l'Hôpital s'y installa le 1er avril 1878 revenant ainsi à proximité de son emplacement initial où il avait été installé une première fois au XVIIe siècle et dont il avait été chassé en 1866 pour permettre l'achèvement du boulevard Saint-Marcel.
Entre ces deux périodes le marché aux chevaux était implanté sur le boulevard d'Enfer, futur boulevard Raspail, non loin du boulevard du Montparnasse, sur un terrain rejoignant le futur boulevard Edgar Quinet, alors boulevard de Montrouge.

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Le 7 juillet 1878, vers onze heures et demie, le sieur L..., charretier, route de Châtillon, altéré par la chaleur, était entré pour prendre un verre de vin, dans un cabaret, rue de l’Espérance, près la rue de la Butte-aux-Cailles (13e arrondissement). Quand il en sortit, après s’être rafraîchi, il ne retrouva plus son tombereau attelé de deux forts chevaux percherons.
Un audacieux roulotter l’avait emmené se permettait de conclure le quotidien Le Droit.

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