La situation dans le 13e arrondissement
La Presse — 11 mars 1871
II y a du nouveau dans le 13e arrondissement (Gobelins), ou, pour être exact, dans un de ses quartiers, celui de la Maison-Blanche.
C'est d'abord une affiche émanant de l'état-major fédéral de la garde nationale du 13e arrondissement expliquant, en français, qu'en raison de l'axiome : « Si vis pacem, para bellum, » il faut que les citoyens restent armés aussi longtemps que le gouvernement armera, et que, puisqu'on a des canons, il faut les conserver, de crainte qu'il n'en soit, fait usage contre le peuple. Les signataires de l'affiche sont d'avis que les citoyens armés ont le devoir d'appuyer la municipalité dans les mesures qu'elle prendra pour assurer l'Indépendance et la sécurité de tous ; ils veulent être forts pour empêcher l'effusion, du sang et promettent de tout faire « pour arriver à l'union fraternelle, qui seule peut cicatriser les plaies de la patrie. »
Un post-scriptum informe que les chefs de bataillon du 13e arrondissement se rallient presque tous au général de Paladines, donné arbitrairement pour chef, pense la commission, à la garde nationale, « qui ne doit dépendre que d’elle-même ».
Pour arriver plus aisément au but que se proposent les fédéraux, c'est-à-dire à la conservation des canons où tout au moins d'une partie d'entre eux, ils ont enlevé, dans la nuit de mercredi à jeudi, treize des vingt-six pièces qui étaient en position place d'Italie, devant la mairie des Gobelins.
Les treize canons restant, tous d'ancien modèle, sont sur une petite plate-forme naturelle dominant la place de deux ou trois pieds et braqués de façon à balayer — -s'ils étaient chargés — les boulevards de la Gare et de l'Hôpital, l'avenue des Gobelins, le boulevard d'Italie et la route de Choisy. Quelques gardes nationaux gardent les pièces et empêchent les gamins de s'en approcher.

La mairie du 13e est alors installée dans le pavillon Ledoux situé à droite.
Quant aux treize autres pièces, elles ont été traînées dans une petite rue qui donne sur le boulevard d'Italie, celle du Moulin-des-Prés, 12, à l'école communale des garçons. C'est un grand et solide bâtiment à deux étages, avec neuf fenêtres de façade, une massive porte cochère, et ayant pour dépendances une vaste cour plantée d'arbres.
Au-delà de cette cour sont des terrains vagues, quelques maisons à peine achevées et une petite ruelle. Onze canons sont rangés en cercle dans la cour, et il y a au centre de ce cercle, quatre caissons de munitions, parait-il. Les deux autres canons se trouvent, dit-on, près de l'entrée de l'école, à la porte fermée de laquelle était hier, à quatre heures, un garde national.
Nul bruit dans le bâtiment, pas la moindre agitation dans la rue.
Boulevard d'Italie, nous remarquons seulement un piquet de gardes nationaux se promenant ou jouant non loin de leurs fusils en faisceaux, et, tout près de là, une compagnie de mobiles qui, bêchant et piochant, préparent le sol à recevoir bientôt les arbres destinés à remplacer ceux qu'on a dû brûler.
Sur la place, et dans l'avenue d’Italie, des gardes nationaux se promènent nombreux, un marché improvisé encombre le trottoir, mais il n'y a pas l'ombre d'un rassemblement, et l'on n'a pas plus l'air de se préoccuper des canons que de l’affiche de la fédération.

CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet
Ce qui attire beaucoup de monde et semble occuper davantage, c’est le navrant spectacle offert, boulevard de l'Hôpital, le long des murs de l'abattoir de Villejuif, par les bœufs atteints de l'épizootie.
Ces grands et beaux, bœufs de Hongrie, noirs ou roux, aux longues cornes, à l’aspect vigoureux, sont là (les malades), les naseaux tremblants d'un mouvement convulsif, sans force, étendus à terre, la langue épaisse et noire, flairant, sans y toucher, le pain qu'on leur offre, tâchant de se redresser, et, finalement, l'œil clignotant et déjà terne, se raidissant une dernière fois pour retomber inertes, morts. C'est affreux à voir, et nous ne comprenons pas que l'on ne puisse trouver un lieu plus convenable où mettre ces pauvres hôtes, et que l'on ne dérobe pas cette vue aux yeux du public.
Car c'est, nous dit-on, chaque jour la même chose. Hier matin, on a emporté de cet abattoir quatre tombereaux, pleins de bœufs morts dans la nuit.
Les baraquements de l'avenue des Gobelins depuis la manufacture des Gobelins jusqu'à la place d'Italie, du moins, sont tous occupés, les uns-par les mobiles de province, les autres par des soldats de la ligne. Le poste des Gobelins est gardé, non pas, comme le prétendait hier un journal, par la garde nationale seule, mais, conjointement par des douaniers et des gardes nationaux.
En somme, si, comme on nous l’a affirmé, une agitation s'était manifestée de ces côtés dans la matinée d’hier, l'après-midi tout y était parfaitement tranquille.
Sur la guerre de 70 et le siège de Paris
Le siège, 19 septembre 1870 - 28 janvier 1871
23 septembre
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Après l'armistice, 28 janvier - 17 mars 1871
11 mars
Autres aspects
Le 13e avant et durant la Commune
(18 mars - 28 mai 1871)
Après l'armistice, 28 janvier - 17 mars 1871
A travers Paris
- L’ambulance mobile de la Maison-Blanche
- La question des victuailles (Le Siècle, 8 février 1871)
- A travers les rues bombardées (Le Siècle, 16 mars 1871)
L'affaire des Gobelins
- Proclamation du ministre de l’Intérieur aux habitants de Paris (4 mars 1871)
- Les faits selon le Bien Public (6 mars 1871)
- Lettre adressée au Cri du Peuple (9 mars 1871)
- Proclamation d'Emile Duval (Le Rappel, 9 mars 1871)
- Les canons de la place d'Italie (La Liberté, 9 mars 1871)
- L'opinion du Figaro (11 mars 1871)
- A travers le 13e arrondissement (11 mars 1871)
- Les canons de la Barrière d’Italie (Le Bien public — 17 mars 1871)
- La question des canons (L'Illustration, 18 mars 1871)
Démission de M. Pernolet, maire du 13e
- Démission de M. Pernolet, maire des Gobelins (Le Figaro, 7 mars 1871)
- Un maire bourgeois (Le Cri du Peuple, 8 mars 1871)
- Gazette nationale ou le Moniteur universel, 13 mars 1871
- La proclamation de M. Pernolet
Sur le 13e arrondissement
Du 18 mars au 20 mai
Journée du 18 mars
- La journée du 18 mars sur la rive gauche (Gazette nationale ou le Moniteur universel — 20 mars 1871)
Les élections du 26 mars
Journée du 5 avril
Journée du 12 avril
Journée du 14 avril
Journée du 19 avril
Journée du 4 mai
Journée du 6 mai
Du 21 au 28 mai
Journée du 24 mai
Journée du 25 mai
L'incendie des Gobelins (25 mai 1871)
Le massacre des Dominicains d'Arcueil
Les faits
- Le massacre des Dominicains, récit de l'abbé Grandcolas (L'Illusttration, 3 juin 1871)
- Les Dominicains d’Arcueil (Maxime Du Camp, Les convulsions de Paris)
Le procès (à venir)
- Ouverture du procès : rapport du capitaine Leclerc
- Rapport du capitaine Leclerc, suite, journée du 25 mai
- Audition de Serizier (personnalité)
- Audition de Serizier (interrogatoire au fond)
- Audition de Boin
- Audition de Louis Lucipia
- Audition de Jules-Constant-Désiré Quesnot
- Auditions de Gironce, Annat, Rouillac et Grapin
- Auditions de Busquaut, Gambette, Pascal