La fabrique d’allumettes prend feu
Le Constitutionnel — 15 mai 1853
Un incendie considérable a éclaté hier matin rue de l'Hôpital, 22, dans la fabrique, d'allumettes chimiques du sieur Richin. Il paraîtrait que ce serait par une circonstance tout accidentelle que le feu aurait été mis.
Deux ouvrières étaient occupées à transporter d'une pièce que l'on désigne sous le nom de séchoir des châssis garnis d'allumettes presque terminées qui devaient recevoir une dernière préparation dans une pièce voisine, lorsqu'une de ces ouvrières se serait heurtée contre un chambranle de porte et aurait ainsi déterminé la combustion de plusieurs allumettes.
Aussitôt la chambre où elle se trouvait fut remplie de flammes et de fumée, ce qui ne l'empêcha pas de saisir un seau d'eau et de le jeter sur le foyer qui se déclarait. Mais ce secours était insuffisant ; bientôt l'atelier entier fut en flammes, malgré les efforts courageux d'un ouvrier maçon nommé Courtaut qui y pénétra à trois reprises au risque d’être complètement asphyxié.
Des secours avaient été organisé dès le premier moment du sinistre ; mais ce n'a été qu'à l'arrivée de la pompe et des pompiers des Deux-Moulins que l’on a pu se rendre maître du feu.
On n'a eu aucun malheur à déplorer autre que le sinistre lui-même ; la fabrique du sieur Richin était assurée pour 12,000 fr. à la compagnie la Clémentine.
Rue Harvey
Le 21 juin 1889, le journal l'Égalité écrivait :
" C’est dans le treizième arrondissement, quartier de la Salpêtrière, que se trouve la rue Harvey,
autrefois rue de l’Hôpital.
C’est assurément une des plus curieuses et des plus pittoresques voies du Paris pauvre
et misérable."
Pour Maxime du Camp, elle était "l'horrible rue Harvey, qui est un cloaque bordé par des antres sans nom." (Paris, ses organes, ses fonctions et sa vie dans la seconde motié du XIXe siècle)
Un peu d'histoire
La rue Harvey (165 mètres, entre la rue Nationale, 163, et la rue du Château-des-Rentiers, 206) fut ouverte en 1847 sous le nom de ruelle Saint-Honoré ; plus tard elle devint la rue de l'Hôpital. Par décret du 24 août 1864, elle devint la rue Harvey, en souvenir de William Harvey (1578-1657), médecin de Charles 1er, qui découvrit les lois de la circulation du sang (1576-1657). — Petite histoire des rues de Paris (1913)
La rue de l'Hôpital avait pour caractéristique, eu égard à sa situation hors de Paris avant 1860, au delà de la Barrière des Deux-Moulins de concentrer en son sein des marchands de vin et un dizaine de maisons publiques c'est-à-dire de maisons de prostitution comme le soulignaient Philippe Doré dans sa "Notice administrative, historique et municipale sur le XIIIe Arrondissement" ou les journaux quand il s'agissait d'évoquer cette rue qui, au fil des nouvelles, apparaissait dangereuse.
Plus tard, après l'annexion, la rue Harvey fut aussi le siège des activités de dizaines de chiffonniers et de petites industries. La mauvaise réputation de la rue persista voire même, s'amplifia dans les premières décennies du XXe siècle.
Après la première guerre mondiale, le peuplement de la rue Harvey changea, les chiffonniers qui l'occupèrent un temps presque exclusivement, se trouvèrent remplacés par la main d'œuvre immigrée de la raffinerie Say voisine ou de l'usine Panhard plus lointaine.
La rue Harvey disparut complètement en 1960 avec la destruction de l'ilôt 4. Apparemment, rien ne perpétue son souvenir à son emplacement.
Sur la rue Harvey
Faits-divers d'avant l'annexion
- Le meurtre de la rue de l'Hôpital - 1850
- Un assassinat aux Deux-Moulins - 1851
- Le meurtre de la rue de l'Hôpital - 1852
- La fabrique d’allumettes prend feu - 1853
- La fabrique d’allumettes prend feu (bis) - 1854