M. Poincaré inaugure le nouvel hôpital de la Pitié
Le Matin — 20 mars 1913
Le Président de la République qu’accompagnaient le général Beaudemoulin et le lieutenant-colonel Pénelon, a inauguré hier le nouvel hôpital de la Pitié.
Dans l'assistance, extrêmement nombreuse, on remarquait MM. Galli, président du conseil municipal Delannoy, préfet de la Seine, Mesureur, directeur de l'Assistance publique, Léon Bourgeois, Paul Strauss, Ranson, sénateurs F. Buisson et Leboucq, députés, et un très grand nombre de conseillers municipaux et de hauts fonctionnaires.
Tout
d'abord, M. Poincaré visita les divers pavillons de l’établissement, qui constituent,
avec ses larges allées, ses arbres et ses gazons, une véritable cité. Partout
le président de la République s'intéressa à la perfection des aménagements,
dont il félicita chaleureusement l'éminent ingénieur, M. -Desbrochers des Loges,
regrettant de ne pouvoir y associer l'architecte, M. Rocher, prématurément disparu.
Dans l'amphithéâtre des cours, où s'entassait tout le personnel, plusieurs discours furent prononcés. Successivement et en des termes fort éloquents, MM. Henri Galli, Dellannoy et Mesureur remercièrent le président de la République de l'honneur qu'il faisait à la Ville de Paris et du réconfort qu'il apportait aux déshérités de la vie en inaugurant le nouvel hôpital de la Pitié.
Et pour leur répondre, M. Poincaré ne se contenta pas de décerner aux uns et aux autres des éloges mérités. Son discours, qui fit sur l'assistance une impression profonde, constitue la monographie la plus éloquente, la plus vivante de l'hôpital de la Pitié, dont il retraça en un raccourci saisissant la pittoresque histoire.
Le poète, dit le président, qui, sur des pensers nouveaux, faisait des vers antiques, cherchait à concilier avec les progrès de l'esprit humain les impérieuses traditions de la beauté En construisant, sous un nom très vieux, ce nouvel hôpital, l'administration de l'Assistance publique et la Ville de Paris ont rattaché à des souvenirs vénérables une institution toute moderne et ont voulu conserver, au sein d'une société transformée, ce que le passé nous a légué d'immortel dans l'idée de justice et dans le sentiment du bien.
Cette inauguration solennelle prend ainsi une sorte de caractère symbolique.
Notre âge et notre civilisation ne peuvent se flatter d'avoir inventé la bienfaisance ; mais ils l'ont renouvelée, élargie et mieux ordonnée. Ils n'ont pas créé la pitié, qui est, suivant le beau mot de M. Mesureur, vieille comme l'humanité ; mais ils lui ont offert des moyens plus sûrs et plus efficaces d'exercer son action.
Et c'est alors tout le passé de la vieille maison qu'évoque — et avec quel art M. Poincaré — qui termine ainsi :
Cette visite, dont je garderai une impression profonde, m'aura fourni de nouvelles, raisons d'admirer et d'aimer la Ville de Paris, mère des idées généreuses, conseillère de bonté fraternelle, maîtresse de douceur et de « pitié ».
De chaleureux applaudissements saluent cette péroraison.
Sur les hôpitaux de la Pitié et de la Salpêtrière :
L'ancien hôpital de la Pitié
Le nouvel hôpital de la Pitié
- On reconstruit l'Hôpital de la Pitié (1906)
- Le Nouvel Hôpital de la Pitié (1908)
- Le Nouvel Hôpital de la Pitié (1910)
- Ouverture du nouvel hôpital de la Pitié (1911)
- M. Poincaré inaugure le nouvel hôpital de la Pitié (Le Petit-Journal - 1913)
- M. Poincaré inaugure le nouvel hôpital de la Pitié (Le Temps - 1913)