Le « Métropolitain »
Les lignes actuellement ouvertes forment un premier réseau homogène
Le Journal — 17 juillet 1906

La ligne ouverte à l'exploitation, au commencement du mois dernier, — de la place d'Italie à la gare d'Orléans, — complétée par la section Orléans-Mazas et le raccordement Mazas-Gare de Lyon mis en service le 14 juillet, assure, dès à présent, des relations directes entre toutes les lignes exploitées, et a permis — comme l'indique notre plan général — la constitution d'un premier réseau homogène.
Ce réseau se trouve formé, d'abord, par la continuité d'une ceinture intérieure, comprenant la presque totalité des lignes circulaires Nord et Sud, reliées entre elles, d'un côté à l'Etoile, et, de l'autre, par l'itinéraire Italie-Mazas-Lyon-Nation. Deux grandes transversales, les lignes numéro 1 (Maillot-Vincennes) et numéro 3 (Villiers-Gambetta) coupent la ceinture intérieure dans la direction de l'Ouest à l'Est.
Il manque encore à cet ensemble, pour assurer des communications rapides entre les divers points de la capitale, des lignes transversales allant du Nord au Sud. Cette lacune sera comblée par l'achèvement des lignes actuellement en construction, et dont plusieurs seront ouvertes dans un délai assez rapproché. Quoi qu'il en soit, on peut, dès à présent, accéder facilement aux quartiers de la rive gauche desservis par la circulaire Sud, dans les deux directions de l'Etoile et de la place d'Italie.
Un mot, maintenant, des sections nouvelles Italie-Mazas et du raccordement Mazas-Lyon, dont l'ouverture a permis de réaliser ce programme.

La section Italie-Mazas raccorde la circulaire Sud à la ligne numéro 5 (Pont d'Austerlitz-Gare de l'Est), dont elle forme le prolongement. Elle se détache de la circulaire Sud à la gare de la place d’Italie, suit en souterrain le boulevard de l'Hôpital et déboucha à l'air libre après la traversée du boulevard Saint-Marcel. La ligne court dès lors sur un viaduc qui occupe l'accotement droit du boulevard, laissant la chaussée entièrement libre pour la circulation des voitures. On passe ainsi devant la Salpêtrière, dont on domine les jardins et l'imposante façade. Puis, le viaduc s'infléchit vers la droite, pour pénétrer dans le vaste hall de la gare d'Orléans, où une station est établie, à la hauteur du premier étage, permettant une correspondance facile et directe entre les trains du Métropolitain et ceux de ce grand réseau.
En sortant de la gare d'Orléans, la ligne débouche sur le quai d'Austerlitz et franchit la Seine sur un superbe pont en acier, d'une seule travée, dont les poutres à contour parabolique donnent à ce bel ouvrage d'art un réel cachet d'élégance. Les spécialistes apprécieront aussi le curieux raccordement hélicoïdal constitué par des poutres métalliques recourbées, au moyen duquel les voies du Métro passent du tablier du pont au terre-plein du quai de la rive droite. De là, elles s'enfoncent en souterrain sous la chaussée du pont d'Austerlitz, pour reparaître au jour de l'autre côté, à la station de Mazas.
Voici la nomenclature des stations de la ligne :
1, Italie (raccordement avec la ligne 2 Sud).
2. Campo-Formio (station souterraine).
3. Saint-Marcel (station souterraine).
4. Orléans (sur viaduc, correspondance avec la ligne d'Orléans).
5. Mazas (station à ciel ouvert).
6. Gare de Lyon (raccordement avec la ligne numéro 1).
La station de Mazas, dont le nom a soulevé diverses réclamations, et qui sera .sans doute, pour ce motif, dénommée « Pont d'Austerlitz), est, pour le moment, installée d'une façon provisoire. Les voyageurs en provenance ou à destination de la gare de Lyon ou de la place d'Italie y changent de train pour continuer leur itinéraire.
Un train de navette entre ce point et la station de la gare de Lyon sert, comme nous l'avons dit, à assurer dès maintenant, et qu'à nouvel ordre, la correspondance entre la ligne Italie-Mazas et la ligné numéro 1 (Maillot-Vincennes).
La voie utilisée provisoirement à cet effet est celle d'un raccordement de Service qui se détache, en rebroussement, de la station de Mazas, passe au-dessous de la ligne numéro 5 et gagne la station de la gare de Lyon en suivant, en tunnel, le boulevard Diderot.
La longueur totale du trajet, entre la plate d'Italie et la gare de Lyon, par l'itinéraire que nous venons d'indiquer, est de 2 kil. 1/2 environ.
À l'automne prochain, la ligne numéro 5 sera ouverte de la place Mazas jusqu'à la place de la République (peut-être même jusqu'à la rue de Lancry), par la Bastille, le boulevard Richard-Lenoir et le boulevard Voltaire. À ce, moment, le service du raccordement Mazas-Lyon cessera de fonctionner et la correspondance avec la ligne numéro 1 se fera à la gare de la Bastille. Dans quelques mois aussi, d'ailleurs, l'achèvement de la ligne numéro 6, formant prolongement de la circulaire-Sud, entre la place d'Italie et celle de la Nation, par le pont de Bercy, établira la jonction définitive entre les deux lignes circulaires Nord et Sud.
Mais, en attendant, on peut, dès aujourd'hui, par l'itinéraire que nous avons indiqué, et qui forme la ceinture actuelle, faire en quelque sorte le tour de Paris en Métro pour trois sous !
SALAGNAC.
Sur le Métropolitain dans le 13e
Les lignes réalisées :
Ligne 2 Sud (Lignes 5 et 6)
- Le Métropolitain dans les Catacombes (1902)
- La ligne Trocadéro-gare d'Orléans (1903)
- Le Métro sur la rive gauche (1903)
- La station place d'Italie (1903)
- Le Métro passe la Seine : Place d’Italie - Nation (1903)
- Le tronçon Place d'Italie-Pont d'Austerlitz (1905)
- Le Métropolitain (Place d'Italie-Place Mazas - 1906)
- Le métro sur la rive gauche : De l'Etoile à Passy et à la place d’Italie.- Ce qu'on voit sur la nouvelle ligne. — La durée du parcours.(1906)
Ligne 6 (place d'Italie- Nation)
Ligne 7
- Le Métro : où en sont les travaux (1909)
- Brève histoire de la ligne de Métro n° 7 (1926)
- Inauguration de la ligne Odéon-Place d'Italie (1930)
- La défense passive de Paris (1935)
- Les moyens dont disposent les Parisiens pour sauver leur vie (1936)
- La défense passive de Paris (1936)
Ligne 10
- Inauguration de la ligne de Métro n° 10 (1930)
- La ligne métropolitaine n° 10 doit être prolongée jusqu'à Austerlitz (1932)