Un jour dans le 13e

 paris-treizieme.fr — Un crime odieux au bastion 87

Un crime odieux

Le Siècle — 23 novembre 1870

Vendredi [17], vers sept heures du soir, dit la Cloche, un crime odieux a été commis au bastion 87, près la porte d'Italie.

Bastion 87, boulebard Kellermann

Le citoyen Forest, de la 4e compagnie du 59e bataillon, était en faction au bastion 87, avec consigne de ne laisser sortir personne. Un artilleur de garde au même bastion se présente pour sortir. Le factionnaire lui refuse passage. L'artilleur insiste vainement ; alors il rentre au poste, prend son mousqueton, le charge et revient.

— Maintenant, me laisserez-vous passer ? dit-il à la sentinelle.

Nouveau refus. Aussitôt l'artilleur met en joue et tire. Le malheureux Forest tombe mortellement blessé. On accourt, on le relève, et on le transporte à une ambulance voisine, puis à l'hôpital de la Pitié, ou il succombe peu après son arrivée.

Eugène Atget - Bastion 87 - Sans date (Vue vers l'ouest, on distingue la porte de Bicêtre)
CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet

Forest était cordonnier rue Saint-Victor ; il était âgé de vingt-huit ans et laisse une jeune femme enceinte, avec deux petits enfants.

L'assassin, arrêté sur le champ, a déclaré qu'il était satisfait d'avoir tué la sentinelle qui avait refusé de la laisser sortir. Il était un peu aviné, mais non au point de n’avoir plus conscience de ses actions.

Il est plus que temps de prendre les mesures les plus rigoureuses contre l'ivrognerie aux remparts. Il y va non seulement de la vie des hommes, comme on le voit, par le fait que nous rapportons, mais aussi de la sécurité de la défense.

Plan des défenses autour de la porte d'Italie.


Saviez-vous que... ?

Le 9 juin 1977, une jeune fille, tout en larmes, déclarait, à huit heures du soir, qu'un enfant venait de tomber dans un puits à découvert, sur un terrain entouré de planches, appartenant à la Ville, et situé rue de Patay et de Tolbiac.
Immédiatement, on prévint les sapeurs-pompiers du poste de la rue du Château-des-Rentiers. Sans perdre un instant, ceux-ci se rendirent au puits fatal. Le caporal y descendit, et en revient avec deux chiens vivants.

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Le 23 juillet 1892, un ouvrier tourneur en bronze, nommé Dubru, se suicidait en se jetant dans la Bièvre, boulevard d’Italie. Son corps fut transporté à la Morgue.

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Le marché aux chevaux du boulevard de l'Hôpital s'y installa le 1er avril 1878 revenant ainsi à proximité de son emplacement initial où il avait été installé une première fois au XVIIe siècle et dont il avait été chassé en 1866 pour permettre l'achèvement du boulevard Saint-Marcel.
Entre ces deux périodes le marché aux chevaux était implanté sur le boulevard d'Enfer, futur boulevard Raspail, non loin du boulevard du Montparnasse, sur un terrain rejoignant le futur boulevard Edgar Quinet, alors boulevard de Montrouge.

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Les derniers habitants de la cité Doré quittèrent les immeubles vétustes, délabrés, insalubres et menaçant ruines (l'un d'eux s'était effrondré en 1925 tuant 7 habitants) que la ville de Paris avait fini par acquérir pour les démolir en mars 1926. Selon le Petit-Parisien du 6 mars 1926, il ne restait plus que 22 locataires dans ces « logements ».

L'image du jour

Le carrefour Italie-Tolbiac

Avec l'achèvement, au début des annés 1880, de la rue de Tolbiac, section du "boulevard du Transit", ancien nom de la grande voie structurante traversant la rive gauche, la rue militaire longeant les fortifications étant encore impraticable pour une circulation des biens et des personnes, le carrefour Italie/Tolbiac devint le point central du 13e, avec un attrait renforcé par la présence de la "Ville de Strasbourg", seul grand magasin de l'arrondissement, de nombreux commerces et débits de boissons et de la chapelle Bréa, église du quartier. ♦