Au cabaret de la mère l’Hercule
Le Figaro — 6 février 1873
Tout à l'extrémité du 13e arrondissement, rue du Pot-au-Lait, 44, est un cabaret fréquenté, par les ouvriers des manufactures environnantes. Tout s'y passe généralement en famille, et si, par hasard, quelqu'un fait un peu de bruit, la patronne du lieu, madame Rozoy, dite la Mère l'Hercule, se charge de rétablir la paix. Il faut dire que madame Rozoy a fait autrefois, sous le nom de la Belle Artésienne, les délices des foires de banlieue, et qu'elle a encore aujourd'hui la poigne assez solide pour tenir tête aux ivrognes les plus tapageurs.
Hier soir, trois individus, après avoir largement festoyé, voulurent partir sans payer. Mais là mère l'Hercule était là, le poing sur la hanche :
— Pas de crédit, mes bibis, dit-elle ; si vous n'avez pas de monnaie, laissez vos blouses, je ne veux pas être levée.
Une lutte s'engagea. La mère l'Hercule se comporta vaillamment ; mais accablée sous le nombre, fut renversée et gravement blessée.
Deux des individus prirent la fuite., Le troisième, un nommé Devaux, chiffonnier, aux vêtements duquel la virago s'était cramponnée, a été arrêté et livré à la justice.

Aujourd'hui, c'est le croisement des rues Brillat-Savarin et des Orchidées. Le sol est exhaussé de près de 7 mètres. Le cabaret de la mère l'Hercule devait êtfre dans ce secteur.
Le Figaro semble avoir été le seul journal à rapporter ce fait divers. On ne peut exclure
que le rédacteur est quelque peu enjolivé les faits. mais la présence des nombreux cabarets et marchands de vins dans
le secteur est avérée.
(Le titre a été ajouté)
Sur la rue du Pot-au-Lait
La rue du Pot-au-Lait, selon la légende, tire son nom d'une enseigne représentant Perette et le Pot-au-Lait. Rien ne vient étayer cette affirmation. La rue allait initialement de la route militaire pas encore boulevard Kellermann à la jonction des rues de la Glacière et de la Santé. La création du chemin de fer de ceinture amena sa prolongation jusqu'à la rue des Peupliers. A partir de sa rencontre avec la rue de la Fontaine-à-Mulard, elle longeait un bras de la Bièvre et les prés submersibles qui constituaient les étangs de la Glacière. Après 1898, devenue rue Brillat-Savarin depuis 1895, son parcours a été rectifié et son niveau relevé de plusieurs mètres. Elle se termine désormais à la jonction des rues Henri Becque, Boussingault et Wurtz et offre une longueur totale de 1080 mètres.
Faits-divers
- Sur les bords de la Bièvre - 1874
- Au cabaret d la mère l'Hercule - 1873
- Attaqué par quatre chevaux - 1873
- Descente de police rue du Pot-au-Lait - 1874
- Ça porte bonheur - 1887
- Terrible incendie rue du Pot-au-Lait - Le Soleil — 19 mars 1895
- L’incendie de la rue du Pot-au-Lait - La Patrie — 19 mars 1895
Dans la littérature
