Nous parlions hier des proportions de plus en plus Inquiétantes que prend
l'infection de la Seine en aval de Paris.
Il n'y a pas que le grand fleuve, malheureusement, qui soit devenu un cloaque
véritable ; un autre cloaque bien plus petit, mais autrement nauséabond,
coule dans Paris même : la Bièvre.
La Bièvre vue du passage Moret
La Bièvre est en effet, l'une des causes les plus actives de l'empoisonnement
parisien. Ce ruisseau, chanté par les poètes, sur les bords duquel Rabelais
aimait à se promener et qui a inspiré des idylles à Benserade, n'est en réalité
qu'un égout à ciel ouvert.
Fille des étangs du plateau de Satory, la Bièvre est encore un agréable cours
d'eau à Buc ; les Versaillais, qui la connaissent bien, aiment à en suivre
les méandres ; mais elle ressemble à ces villageois qui laissent leur innocence
au pays et se corrompent en approchant de la capitale. En effet, la limpidité
de ses eaux s'altère dès le village de Jouy-en-Josas, et cette altération ne
fait que s'accroitre sur le territoire des communes de Bièvre, lgny, Verrières,
Antony, L’Hay, Bourg-la-Reine, Arcueil et Gentilly. Les anciennes .fabriques
de toiles peintes de Jouy avaient jadis commencé l'infection ; les blanchisseries,
les distilleries, les raffineries, les fabriques de produits chimiques, les
tanneries, les peausseries, les détritus des usines de glucose, d'huiles et
de colles animales, continuent et complètent ce travail de dénaturation, à telles
enseignes que, au point où la Bièvre pénètre dans l'enceinte fortifiée, entre
la porte d'Italie et la poterne des Peupliers, bastions 85 et 86, ce n'est plus
qu'un cloaque noir, sordide, nauséabond.
Elle entre dans Paris par deux branches qui arrosent les prés submersibles
de la Glacière et contournent, à gauche la fontaine Mulard, à droite la Butte-aux-Cailles.
C'est là que s'étendaient autrefois les villas du Petit-Gentilly ; l'archevêché
et les séminaires de Paris y avaient de ravissantes maisons des champs ;
c'était une des plus charmantes oasis du Paris suburbain. Aujourd'hui quelques
usines puantes occupent ces demeures rurales, dont les propriétaires ont émigré
depuis longtemps.
Au-delà du boulevard d'Italie sous lequel elle passe, la Bièvre enserre de
ses deux bras les jardins de la manufacture des Gobelins ; elle en projette
un le long de la rue de Croulebarbe, qui est bordée dans toute sa longueur par
cette singulière rivière anglais. Des tonneaux sont enfoncés en terre, de distance
en distance, sur la berge de cet égout, et des lavandières viennent s'y blottir,
non pas certes pour blanchir, mais pour humecter le linge. En quel état le retirent-elles,
après quelques secondes d'immersion !
Après avoir reçu les eaux de lavage et tous les détritus des Gobelins, les
deux bras de la Bièvre, encaissés dans les murs des usines riveraines en absorbent
toutes les déjections ; les rues des Cordelières, des Gobelins, de Valence,
des Marmousets, de Lourcine, de Saint-Hippolyte, Pascal. etc., apportent leur
contingent, et l'égout à ciel ouvert roule tout cela vers la Seine. Heureusement,
le chemin qui était libre autrefois est fermé aujourd'hui ; la Bièvre ne
décharge plus, comme jadis, ses eaux couleur lie de vin foncée en amont du pont
d'Austerlitz. Les ingénieurs du service municipal les ont captées au passage
de la rue Mouffetard et de l'avenue des Gobelins, et ils en ont jeté la plus
grande partie dans le collecteur de la rive gauche. Mais il en reste encore
pour alimenter les tanneries de la rue Censier et les cultures annexes du Jardin
des Plantes entre les rues de Buffon et de Poliveau, et le peu qu'on laisse
fluer est une cause permanente d’infection.
En vérité, cela peut-il durer plus longtemps ? Comment peut-on jouer
ainsi avec la santé publique ?
Il semble que dans ce lointain faubourg parisien le peuple ait voulu fleurir avec plus de ferveur la fille du peuple, la petite bergère de Domrémy qui sauva la France. (1913)
Situé sur les confins du XIVe et du XIIIe arrondissement, l'ancien quartier de la Glacière est, ou plutôt était, il y a peu de temps, un des côtés les plus curieux du nouveau Paris. Las deux bras de la Bièvre s'enchevêtrant, à peine ombragés par quelques maigres peupliers, dans les replis escarpés de la Butte-aux-Cailles. (1877)
Une délibération municipale, approuvée par un arrêté préfectoral que ratifia, le 28 juillet dernier, un décret présidentiel, a donné le nom de Paul Verlaine à une place sise à Paris dans le 13e arrondissement, à l'intersection des rues Bobillot, du Moulin-des-Prés et de la Butte-aux-Cailles. (1905)
Un arrêté du préfet de la Seine vient d'ouvrir une enquête à la mairie du douzième arrondissement pour le percement d'un nouveau tracé qui, sous le nom de boulevard Saint-Marcel, doit relier le boulevard Montparnasse au boulevard de l'Hôpital (1857)
L'administration vient de faire déposer à la mairie du 13e arrondissement le plan parcellaire des propriétés dont la cession est nécessaire en tout ou en partie pour exécuter l'élargissement de la rue Mouffetard et la transformation de la place d'Italie. (1867)
Cette voie s'ouvrira en face la place de la Collégiale et viendra déboucher sur le boulevard extérieuraprès avoir coupé le faubourg Saint-Jacques. (1858)
Les travaux du puits artésien qui est en cours d'exécution à la Butte-aux-Cailles, dans le 13e arrondissement de Paris, se poursuivent régulièrement, et la profondeur atteinte par l'instrument de forage dépasse aujourd'hui 350 mètres. (1868)
Le plus ancien vestige des édifices religieux encore debout en ce moment, mais qui disparaîtra au premier jour, est le porche de la chapelle Saint-Clément, qui date du quatrième siècle, et dans laquelle fut inhumé en 383 saint Marcel, évêque, de Paris, sous le règne de Théodose. (1868)
On donne à la rue de la Croix-Rouge la dénomination de Domrémy. village du département des Vosges, où naquit Jeanne d'Arc; la route de Fontainebleau devient route d'Italie, la place de la barrière d'Ivry devient la place Pinel... (1868)
Les travaux de consolidation de la ligne circulaire n° 2 du Métropolitain de Paris, ou plutôt les travaux de préparation de la construction de cette ligne au travers du terrain effondré et affouillé des Catacombes et des carrières de Paris, notamment boulevard de Vaugirard, boulevard Saint-Jacques et boulevard de l’Hôpital, sont terminés. (1902)
Une scène tragi-comique s’est déroulée, hier soir, à six heures, boulevard de l’Hôpital. M. Julien Napthe, âgé de quarante-deux ans, demeurant, rue Jenner, garçon de magasin, passait, portant un paquet sous chaque bras, lorsqu’un tourbillon de vent lui enleva tout à coup sa casquette.
La ligne ouverte à l'exploitation, au commencement du mois dernier, — de la place d'Italie à la gare d'Orléans, — complétée par la section Orléans-Mazas et le raccordement Mazas-Gare de Lyon mis en service le 14 juillet, assure, dès à présent, des relations directes entre toutes les lignes exploitées, et a permis — comme l'indique notre plan général — la constitution d'un premier réseau homogène. (1906)
Un épouvantable accident a eu lieu hier dans le quartier de la Butte-aux-Cailles. Au numéro 14 de la rue de l'Espérance, habitent les époux Hugon ; ils ont trois enfants, deux petites filles de cinq et sept ans, et un garçon de quatorze ans, le petit Jean. Les époux Hugon vont acheter dans les environs de Paris des légumes qu'ils revendent à la Halle.
Le réseau du Métropolitain compte une ligne de plus, ou, plus exactement, deux tronçons de lignes complémentaires : l'un qui prolonge la ligne n° 10 de l’Odéon à la place Monge, et l'autre qui étend la ligne n° 7 de la place Monge à la place d'Italie... (1930)
Décidément, le treizième arrondissement détient le record des affaires dramatiques, plus particulièrement des affaires nocturnes. Le garçon limonadier était arrivé à la hauteur de la place des Alpes, qui forme une sorte de rond-point sur la droite du boulevard, lorsque quatre individus se jetèrent sur lui.
En sortant de Paris par la porte d'Italie un dimanche ou un jeudi, on se trouve immédiatement entouré de mendiants, d'aveugles, d'estropiés, de saltimbanques. C'est l'avant-garde du marché, qui se tient sur le terrain compris dans la zone des fortifications sur la route d'Ivry. (1872)
Le treizième arrondissement, par delà les Gobelins, dans les parages de l'avenue et de la barrière d'Italie, est certainement, de tous les coins excentriques de Paris, le plus mal famé et le plus dangereux pour la sécurité des passants attardés. Il y a dans ces confins reculés, où il ne fait pas bon s'aventurer seul à partir d'une certaine heure, de véritables coupe-gorge, infestés de rôdeurs, de redoutables bandes d'étrangleurs, habiles à pratiquer le fameux coup classique dit « du père François ». Et, surtout depuis quelque temps, il ne se passait pas de nuit qu'on n'eût de nouvelles agressions à enregistrer.