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 Le meurtre de la rue des Chamalliards - 1887

Le meurtre de la rue des Chamalliards.

Paris-libre — 14 juillet 1887

Ce crime horrible a produit, dans ce quartier si populeux, une émotion des plus vives.

Les époux Madelenat habitaient rue des Chamaillards, 80, depuis quelques mois seulement.

Le mari, Charles-Émile Madelenat, était âgé de trente-et-un ans ; sa femme. Marie Désirée Ticquet, avait le même âge que lui.

La rue Albert, anciennement rue des Chamaillards jusqu'en 1896, vue de la rue de Tolbiac. Le n°80 est tout de suite à gauche.

Tous deux s’étaient mariés il y a cinq ans. À cette époque, la femme était surveillante à l’hospice de Bicêtre, le mari était garçon boucher.

Après le mariage, ils firent l’acquisition d’un fonds de boucherie, avenue de Choisy, mais ne réussirent pas dans leurs affaires.

Depuis ce moment, la femme travaillait en journée, et le mari exerçait son commerce dans les marchés.

La femme Madelenat passait, dans le quartier, pour avoir une conduite des plus équivoque : elle s’enivrait et avait un amant, ce qui naturellement donnait lieu à de fréquentes querelles entre les deux époux ; mais Madelenat, qui se laissait aller à battre sa femme, n’était pas toujours le plus fort ; cette dernière est, en effet, d’une force peu commune, et elle ripostait souvent avec succès.

Vers neuf heures, avant-hier soir, Marie Madelenat rentrait chez elle ivre ; peu après son mari arrivait.

Dix minutes à peine s’étaient écoulées, qu’elle descendit les escaliers, les mains ensanglantées, et, faisant irruption dans la boutique de Mme Hume, épicière, au n° 80 de la rue, s’écria : « Je viens de donner un coup de couteau à mon mari. »

Mme Hume et un voisin, M. Barbier, montèrent au logement des époux Madelenat. Dans la chambre à coucher, ils virent étendu sur le parquet, le corps du mari portant, au-dessous de la clavicule gauche, une plaie d’où le sang s’échappait avec abondance.

Le malheureux, qui râlait, eut le temps encore de dire, en tournant la tête avant de rendre le dernier soupir :

— Ma femme m’a tué !

Pendant ce temps, la femme Madelenat était remise entre les mains des gardiens de la paix. M. Bolot, commissaire de police, arriva aussitôt, et, après avoir fait constater par un médecin le décès du mari, procéda à l’interrogatoire de la femme.

Revenant sur les premières déclarations faites à M. Hume, elle répondit que son mari s’était tué.

Le commissaire de police procéda alors à l’interrogatoire du petit Émile, le jeune garçon des époux Madelenat, âgé de 4 ans.

— Allons, mon enfant, raconte-moi ce qui s’est passé.

— Papa est mort.

— Non, mon chéri, il dort.

— Ah ! oui, répondit en pleurant le pauvre bébé, il dort bien. Il y avait du sang qui coulait. Ça a fait comme ça : boum ! C’est petite mère qui l’a tué, elle a pris le grand couteau qui était sur la table...

M. Bolot s’est rendu de nouveau, hier matin à 9 heures, au poste, décidé, dans le cas où la femme Madelenat ne voudrait pas avouer, à la mettre en présence de son enfant.

Il la trouva complètement abattue et pleurant abondamment. Elle était moins surexcitée que la veille.

Après quelques hésitations, elle fit en sanglotant au commissaire de police la déclaration suivante :

— Je n’ai jamais été heureuse en ménage, mon mari me battait toujours et ne voulait pas travailler. C’est moi qui l’entretenais. Il se grisait. Hier, il me chercha querelle comme d’habitude. Je lui lançai à la figure un morceau de viande, il me répondit en me giflant. Je sautai alors sur un couteau qui était sur la table et je le lui enfonçai tout entier dans le corps.

M. Bolot a envoyé la femme Madelenat au Dépôt, et a fait transporter le cadavre de Madelenat à la Morgue.

Le petit Émile Madelenat a été recueilli par ses grands-parents qui habitent rue du Château-des-Rentiers.

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— Tiens Victor !

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Saviez-vous que... ?

À la séance du 30 octobre 1879 du Conseil Général de la Seine présidée par M. Réty, M. Georges Martin déposait une pétition d'industriels du 13e arrondissement demandant la création d'une gare de marchandises à la jonction de la rue Baudricourt et de la rue Nationale prolongée. Cette pétition, reprise par M. Georges Martin sous forme de projet de vœu fut renvoyée à la commission desdits vœux.
Ce sera la « gare des Gobelins », finalement issue d’autres projets, qui sera ouverte le 15 mai 1903 seulement et restera en fonctionnement jusqu’en 1991.

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En 1890, le quartier Croulebarbe comptait deux maisons de tolérance, celle de Mme Rouau au 9 boulevard d'Italie et celle de Mme Turquetil au 11 du même boulevard. Le quartier Maison-Blanche n'en comptait aucune.

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En 1937, le président du comité du 13e arrondissement du Groupement général des classes moyennes tenait sa permanence pour les adhésions au cabaret de Mme Grégoire, 41, rue de Croulebarbe.

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Les élus du XIIIe arrondissement à la Commune de Paris (période du 26 mars au 28 mai 1871 étaient : Jean-Baptiste Chardon (1839-1898, condamné à mort par contumace, le 19 juillet 1872), Emile Duval (1840, fusillé au Petit-Clamart le 4 avril 1871 alors qu'il conduisait une attaque sur Versailles), Léo Frankel (1844-1896, condamné à mort par contumace, le 19 novembre 1872), Léo Meillet (1843-1909, condamné à mort par contumace, le 17 février 1872).

L'image du jour

La place Pinel vue de la rue Esquirol avec un aperçu de la rue Nationale de l'autre côté du métro.

L'entrée de la cité Doré sur la place Pinel était situé à gauche.