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 Aux poulaillers du XIIIe et chez les vaches laitières de Belleville - 1941

Paysans de Paris

Aux poulaillers du XIIIe et chez les vaches laitières de Belleville

La vie agricole bat son plein à un quart d'heure de l'Opéra et des Champs-Élysées

Le Petit Journal — 28 janvier 1941

Tous les goûts sont dans la nature. Hier, c'était la désertion des campagnes au profit de la ville « tentaculaire ». La grande cité offrait toutes les « joies » qui manquent aux champs : le cinéma, etc.». On ne le sait que trop. Qui sait ce qu'auraient pensé ces paysans dégoûtés, ou qui, simplement, croyaient l'être (car s'ils savaient ce qu'ils laissaient, ils ignoraient ce qu'ils allaient trouver, et ne se savaient pas victimes d'un dangereux mirage) qui sait ce qu'auraient pensé, disions-nous, ces paysans, s'ils avaient connu la pensée de leurs frères que le destin avait situés aux portes mêmes des villes ?

Ceux-ci ont compris tout de suite le côté superficiel des satisfactions citadines. Ils y ont renoncé aussi vite qu'ils les ont connues, pour la plupart ; d'autres, il est vrai, les plus rares, ont marqué des préférences différentes.

Mais ceux-là ne portaient pas en eux des germes paysans ou les avaient étouffés. Même en restant à la terre, ils n'eussent jamais été terriens dans l’âme.

Ceux qui maintiennent

Nous nous excusons de cette entrée en matière qui ressemble à une thèse, alors que d'autres sont mieux fondés à la soutenir. Mais nous connaissons des exemples vivants qui l'illustrent, et il eut été dommage de parler d'eux sans tirer la moralité qui convient au retour à la terre aujourd'hui justifié.

Eh oui... S'il existe une ville dont l'éclat ait fasciné l'imagination des hommes qui en étaient éloignés, c'est bien Paris !

Eh bien... Malgré son pouvoir d'expansion, malgré la façon dont elle a élargi siècle sur siècle sa ceinture avide de rues et de maisons, malgré l'envahissement de la cité sur les champs immédiats qui en fleurissaient jadis les portes, des lopins de terre, des bâtisses, basses-cours, étables, porcheries, ont résisté à l'époque aux expropriations, et résistent encore.

Au milieu des métros, des autobus, sans que personne ou presque ne se doute de ce qui se passe à quelques mètres d'un passage mouvementé, on peut trouver des paysans du crû, dont les ancêtres n'ont pas voulu émigrer, ont gardé leur bien, l'ont transmis, ont maintenu, et dont les fils maintiennent.

Certes, elles ne se comptent que six ou sept, et la guerre en a fermé trois, de ces fermes de Paris. Le petit nombre des fermiers de la capitale leur donne pourtant bien du mal à vivre.

Ils ne disposent d'aucune organisation professionnelle, rien n'est prévu pour les pourvoir, et leurs unités éparses résistent quand même.

Voici, par exemple, la cour de ferme de M. Hubert, presque invisible dans le haut pâté de maisons qui l'encadrent, dans le XIIIe, mais où les bêtes font litière et répandent ainsi l'odorante illusion de la métairie en plein champ.

— Jadis, conte le propriétaire, l'exploitation ne manquait pas d'intérêt. Aujourd'hui, elle est hérissée de difficultés. Le bétail est introuvable. La vache laitière hors de prix, le fourrage rare et intransportable, les cochons d'engraissement volatilisés. Mais je résiste. Il faut beaucoup de fatigue, des tours de force. Tant pis. J'espère tenir jusqu'à des temps meilleurs.

— Alors, pour la nourriture ?

— Autrefois, je récoltais des eaux grasses dans le quartier. Mais les porcs sont tellement rares... Pour le reste, je n'ai plus qu'un valet de ferme, un brave garçon qui ne peut supporter l'idée qu'il travaillerait hors de l'étable.

Ces mots sembleraient, à d'autres paysans, paradoxaux. M. Hubert les dit tout naturellement.

Comme il les pense.

Une fermière énergique

Voici Mme Gadoux, une fermière énergique, établie depuis 55 ans, rue des Cinq-Diamants, dans le « retiro » de la rue Jonas et de la Cour des Artistes. Son mari est mort. Elle exploite la ferme avec sa fille et sa belle-fille.

— Comment ?

— En mangeant les autres sous que nous avons gagnés. Mais nous restons, envers et contre tout.

À deux pas de Belleville, près le faubourg du Temple, rue de la Fontaine-au-Roi, le haut porche d'une autre ferme se dresse dans le passage de l'Orillon.

Là, le bétail a été emporté par la tourmente, et un commerce de chiffonnier, qui empile dans les boxes de vieux papiers, l'a remplacé momentanément.

Non loin de là, rue des Chaufourniers, la ferme Le Rouzic semble peu animée. Hélas ! le maître est prisonnier. Alors on a vendu les bêtes : 14 vaches, dit la fermière en soupirant.

Mais on trouve, toujours dans le même coin de la capitale, la ferme la plus importante de Paris, sans aucun doute ; elle renferme et exploite 17 vaches. Le patron, M. Terrisse, renouvelle les déclarations pessimistes de M. Hubert ; mais il résistera lui aussi.

— Le fourrage, si besoin est, on va le chercher en Normandie. Et avec les transports, vous voyez ça !

La fermière rassemble des pots dans la rue. Car, on le suppose, la queue est aussi importante chez elle que dans le centre...

Là, au moins, le lait est frais. On en est sûr. Plus loin, un petit gaillard de dix ans soigne la volaille ; le futur héritier Terrisse, de la troisième génération qui sera paysanne sur le sol parisien.

Ce petit voyage, que vient de faire un enquêteur du service du ravitaillement, le voilà terminé, tel qu'il a-bien voulu nous le rapporter. Remercions-le, et si vous le voulez bien, prenons avec lui, par la pensée, le métro qui nous ramène « en ville ».

Paul-Louis Chaux.

A lire également

L'article du Matin du 24 décembre 1940



Sur la rue Jonas

Origine de la dénomination

Selon Le Figaro du 15 août 1922, " un certain M. Jobé décide d'établir un débouché allant de la rue Samson au boulevard d'Italie. Il n'aurait tenu qu'à lui qu'elle s'appelât la rue Jobé, mais M. Jobé était un modeste. D'autre part, les personnages de l'Écriture Sainte dont il faisait sa lecture quotidienne, lui étaient familiers et il avait toujours éprouvé pour l'un d'eux, Jonas, une sympathie particulière. Avait-il fait fortune dans le commerce des corsets ou bien avait-il subi, capitaine au long cours, de périlleux naufrages ? Mystère. M. Jobé aimait Jonas, voilà tout, et il s'était bien promis que lorsque l'occasion s'en présenterait, il n'oublierait pas le plus humide et le plus cordial des « douze petits prophètes ». Ce jour lui parut enfin venu et au risque de faire rire ses contemporains, si j'ose dire, comme des baleines, il appela sa rue la rue Jonas."

La rue Jonas dans les faits-divers

"À quelques pas de l'hôtel du « Papillon d'Or » (rue des Cinq-Diamants) s'ouvre une ruelle fort pittoresque, bordée de maisons basses et dont les pavés inégaux retiennent, même par temps sec et par un miracle qu'on ne voit qu'à la Butte-au Cailles, des flaques stagnantes de boue. Cette ruelle, la rue Jonas, est longue seulement de quelques mètres, aboutit à la plus extraordinaire venelle, baptisée pompeusement passage des Artistes. Ce passage n'est, en réalité, qu'un escalier de pierre, zigzaguant, gluant, glissant, qui, s'ouvrant sous porte, se glisse entre les maisonnettes de planches, de papier goudronné, de plaques de boîtes à conserves, dans un décor de misère qu'égaient quelques arbres semés au hasard par le vent. Sur le boulevard Auguste-Blanqui, le passage débouche dans une sorte de cour mal pavée et c'est dans un coin de cette cour que, derrière une table de planches, Mme B… exerce un commerce de journaux."

La rue Jonas dans la littérature

Léon Sazie prit la rue Jonas pour cadre de nombreuses scènes de son roman "La femme rousse". Il y fixa un repère de malandrins connu sous le nom de "La Baleine".

Dans la presse...


Le Puits artésien de la Butte-aux Cailles

L'achèvement prochain des travaux du puits artésien de la place Hébert est venu nous rappeler un autre puits du même genr dont le forage fut commencé presque à la même époque que celui du puits des hauteurs des Belleville, mais tombé complètement dans l'oubli depuis une vingtaine d'années : nous voulons parler du puits artésien de la Butte-aux-Cailles. (1889)

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Explosion à la raffinerie Say

Les deux mille quatre cents ouvriers de la raffinerie Say, 123, boulevard de la Gare, étaient en plein travail, hier matin, vers huit heures et demie, lorsqu'une explosion formidable se produisit dans l'atelier central, d'une superficie de quatre cents mètres carrés ; il y a là sept étages superposés au-dessus du sol et trois galeries souterraines où des hommes, des femmes, des jeunes filles sont occupés au cassage ou à l'empaquetage du sucre, de six heures du matin à six heures du soir… (1908)

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L’Ecole des Arts-et-Métiers de Paris

Lundi prochain, 14 octobre, l'Ecole des Arts et Métiers ouvrira ses portes. C'est là une victoire due, pour une large part, à la sollicitude agissante de M. Fernand David.
Le ministre du commerce eut la chance de pouvoir triompher des derniers obstacles et de précipiter la réalisation. Visitant lui-même les travaux, boulevard de l'Hôpital, activant les formalités innombrables, il a pu — aidé, d'ailleurs, dans sa tâche ingrate par l'administration départementale et municipale — mettre l'Ecole en état de recevoir, dans quelques jours, la première année des jeunes élèves de la région de Paris. (1912)

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L'œuvre des petits chiffonniers

Si le promeneur, en haut de l'avenue d'Italie, avait l'idée de prendre à droite le passage Raymond, il aurait bientôt une vision étrange ! En plein Paris, à cinquante mètres d'une large voie, sillonnée de tramways, il se trouverait en face d'innombrables cahutes, d'aspect sordide où vivent pêle-mêle près de deux mille chiffonniers. (1901)

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A bas les taudis !

Suivez, comme nous, les rues Nationale, Jeanne-d’Arc, Campo-Formio, Louis-Français, Esquirol, Baudricourt, traversez la Cité Doré, le passage Grouin, l’impasse des Hautes-Formes et de temps en temps, arrêtez-vous devant un immeuble... (1926)

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Saviez-vous que... ?

En 1897, il y avait un magasin de porcelaine au 196 de l'avenue de Choisy dans laquelle le cheval du fiacre n°7119 entra le 26 mars…

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Pendant la Commune, la Place d'Italie fut brièvement dénommé Place Duval par les insurgés qui voulurent honorer la mémoire d'un de leurs chefs militaires.

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Le pont de Tolbiac franchissant les voies de chemin de fer de la compagnie d'Orléans avait été inauguré le 15 juillet 1895 en présence du Président de la République, M. Félix Faure, qui, à cette occasion, dit quelques mots aimables.
Ce pont entièrement métallique, mis à part la chaussée, mesurait 162 mètres de longueur en trois travées de 51 mètres, 60 et 51 mètres.

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Le 23 novembre 1897, vers quatre heures, un employé de banque, M. Henri L…, âgé de 40 ans, habitant boulevard de Port-Royal, se présentait au commissariat de police du quartier Croulebarbe et demandait à voir le commissaire en personne.
Mis en présence de M. Yendt, le pauvre employé déclara que Dreyfus était innocent et que c'était lui-même qui avait dérobé et vendu les documents à l'Allemagne. Puis, il prononça quantité d'autres paroles incohérentes.
M. L… fut envoyé l'infirmerie spéciale du Dépôt.

L'image du jour

Rue de la Fontaine-à-Mulard