Dans la presse...

 Promenade électorale - 1927

PROMENADE ÉLECTORALE A TRAVERS PARIS

Dans le XIIIe arrondissement la tendance est d'extrême gauche.

Mais le vétéran Ferdinand Buisson y affrontera tes communistes

Paris-Soir — 16 décembre 1927

Il faut de nouveau traverser les ponts pour passer du douzième au treizième.

L'arrondissement s'étend des quais à la Santé, entre le cinquième et les anciennes fortifications.

Il est peu attrayant. Ce n'est pas sa faute !

Le treizième a toujours été la cité des pauvres.

La Bièvre malodorante a été couverte. Les tanneries et les mégisseries disparaissent peu à peu.

Il sue encore la misère avec ses îlots de maisons délabrées… avec la rue du Château-des-Rentiers, ô ironie, avec la Butte-aux-Cailles chère à Louis-Philippe.

Et comme la misère va de pair avec la douleur, beaucoup d'hôpitaux, la Salpêtrière, la Pitié, Broca, Péan, des asiles, des refuges.

Sur 33.500 électeurs, 28.000 paient de 500 à 1.200 francs de loyer par an. Au prix actuel du gîte, ces chiffres ont une triste éloquence !

On ne s'étonnera pas si le treizième est politiquement très à gauche… et même à l'extrême gauche.

Aux dernières élections législatives, les communistes y sont arrivés en tête.

Jadis, il envoyait à la Chambre des républicains d'avant-garde : Louis Blanc, Cantagrel, Abel Hovelacque ; puis les socialistes Gérault-Richard, Cardet, s'installèrent dans le premier siège pour laisser la place, en 1906, à M. Leboucq, alors radical-socialiste.

Le boulangisme avait conquis le deuxième siège avec Paulin-Méry, auquel succéda Ferdinand Buisson et, on 1914, le socialiste Navarre.

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Le treizième, en effet, était divisé en deux circonscriptions : Salpêtrière-Croulebarbe, 10.000 votants ; Maison-Blanche-La Gare, 20.000 votants.

Dans l'intention, sans doute, de mieux équilibrer les voix, les législateurs de 1927 ont modifié le découpage.

La première circonscription comprendra, l'an prochain, le quartier de Maison-Blanche, quartier populeux, avec beaucoup de manœuvres, de débardeurs, de cheminots, d'ouvriers municipaux et le quartier Croulebarbe, moins minable ; vers les Gobelins, on y trouve des employés aisés, des artistes.

C'est la moins extrémiste des deux circonscriptions.

En 1924, elle a donné cependant 5.297 voix à la liste communiste contre 964 voix socialistes, 4.438 à la liste des gauches, 3.102 seulement à l'Union nationale.

Unis, socialistes et radicaux pourraient disputer le siège aux communistes.

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Car c'est entre les partis de gauche que se jouera la partie, l'an prochain. M. Leboucq, l'ancien député du treizième, leur laisse le champ libre. La nouvelle répartition des circonscriptions l'a fait fuir vers le septième... On l'a accueilli fraîchement et finalement M. Leboucq s'en va tenter sa chance à Toulon-Hyères.

Le candidat des comités radicaux-socialistes sera M. Ferdinand Buisson.

Le lauréat du prix Nobel pour la Paix n'est pas un inconnu dans le treizième. Il y fut élu en 1902, en pleine tourmente nationaliste, battant Paulin-Méry à chaque renouvèlement jusqu'en 1914 où il devait se retirer au second tour devant le socialiste Navarre.

M. Ferdinand Buisson revint à la Chambre en 1919, élu sur la liste des radicaux du troisième secteur mais il échoua en 1924, arrivant quatrième sur la-liste radicale et socialiste indépendante

Ses amis ont fait appel à lui. Il a répondu présent !

C’est un bel exemple de courage civique donné à 86 ans par le vétéran des luttes républicaines, à ceux qui se détournent de la lutte par crainte d'affronter les communistes.

Ceux-ci lui opposeront un concurrent sérieux. M. Piquemal, député sortant du troisième secteur, était tout désigné, mais on le dit mal en cour avec le « sanhédrin » communiste. On le suspecte, paraît-il, de « travail fractionnel ».

Les socialistes présenteront un journaliste de tarent, R-G. Réau qui, depuis longtemps bataille dans la presse de gauche.

À droite, aucun candidat n'apparaît encore à l'horizon, les chances étant fort réduites de ce côté.

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La deuxième circonscription est la plus extrémiste. Elle groupe le quartier de la Salpètrière, 27.800 habitants et le populeux quartier de la Gare, 50.200 habitants, que le communiste Colly représente à l'Hôtel de Ville.

En 1924, les communistes y obtenaient 6.300 voix contre 1.000 aux socialistes, 4.313 la liste des gauches, et 3.025 à l'Union nationale.

Aussi M. André Berthon, député actuel du troisième secteur, y portera- t-il avec plaisir les couleurs moscoutaires.

Élu comme socialiste en 1919, il était tête de liste en 1924 du « Bloc ouvrier et paysan ».

C'est un prolétaire d'adoption… Il s'adapte fort bien à l'infâme société bourgeoise qu'il vitupère à la Chambre.

M. Berthon ne manie ni le marteau ni la faucille, c'est vrai, mais il a un cabinet d'avocat fort bien achalandé.

Ses goûts bucoliques en ont même fait un gros éleveur d'abeilles. On trouve du miel jusque dans ses discours les plus acides.

Des esprits chagrins, s'indignent parce que, le député prolétarien de Paris possède, sur la délicieuse côte des Maures, quelques villas confortables…

Primum vivere.

Les socialistes n'ont pas désigné encore leur candidat. Les comités républicains et radicaux vont choisir le leur. M. Calmel conseiller socialiste indépendant de la Salpêtrière, préfère son siège à l'Hôtel de Ville à une lutte incertaine. Il est probable que le choix des comités se portera sur M. Hémier, qui obtint 2.500 voix environ aux dernières élections municipales contre M. Colly.

À droite, on cherche toujours une victime…

HENRY PRÊTÉ.

Dans la presse...


Le Puits artésien de la Butte-aux Cailles

L'achèvement prochain des travaux du puits artésien de la place Hébert est venu nous rappeler un autre puits du même genr dont le forage fut commencé presque à la même époque que celui du puits des hauteurs des Belleville, mais tombé complètement dans l'oubli depuis une vingtaine d'années : nous voulons parler du puits artésien de la Butte-aux-Cailles. (1889)

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La maison puante

Par quoi le fait de n'avoir ni propriétaire, ni concierge, ni loyer à payer ne constitue pourtant pas le bonheur.
M. Navarre a entretenu hier le conseil municipal d'une maison de son quartier qui n'a ni propriétaire, ni concierge, mais qui n'est pas sans locataires, ou plutôt sans habitants. (1907)

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La Butte-aux-Cailles nouvelle butte « sacrée »

Elle pourrait bien être en passe de gagner le titre de nouvelle Butte sacrée, cette Butte-aux-Cailles, au nom plein de charme évocateur, qu'on songe à la splendeur cynégétique ou à la petite amie souriante, chantante et potelée. (1927)

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Le nouveau Paris

L'ex-commune de la Maison-Blanche, au-delà du boulevard d'Italie, est une des parties annexées qui offrent le plus de difficultés pour le nivellement, car d'un côté il s'agit de franchir les hauteurs de la Butte-aux-Cailles, et de l'autre il faut remblayer des fondrières, des carrières abandonnées... (1861)

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Les projets pour le XIIIe arrondissement

Le treizième arrondissement se compose, comme le douzième, d'une fraction de l'ancien Paris et d'une partie annexée. Cette dernière est comprise entre les anciens boulevards extérieurs, les rues de la Santé et de la Glacière, les fortifications et la Seine. La butte des Moulins, la butte aux Cailles et les bas-fonds de la Bièvre, en font une des régions les plus mouvementées de la zone suburbaine, et, par conséquent, une de celles qui présentent le plus d’obstacles à une viabilité régulière; de là, des tâtonnements et de longues études. (1863)

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Saviez-vous que... ?

Le 19 juillet 1927, le nom de rue de Gentilly fut donné à la rue du Gaz. Le nom de rue de Gentilly avait été, jusqu'en 1899, celui de la rue Abel-Hovelacque d'aujourd'hui. Cette nouvelle rue de Gentilly perdit ensuite son nom au profit de Charles Moureu et d'Albert Bayet.

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La rue située entre la rue du Château des Rentiers et la rue Nationale fut dénommée rue Deldroux, en 1888.
Deldroux était un canonnier qui, en 1871, préféra, mourir que de rendre sa pièce.

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En 1889, E. Pion, médecin vétérinaire, inspecteur de la Boucherie à Paris dénombrait 40 chèvres séjournant régulièrement à la Porte d'Italie et 15 à la Poterne des Peupliers.

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C'est en 1868 que la rue de la Barrière-des-Gobelins prit la dénomination de rue Fagon, premier médecin de Louis XIV, directeur du Jardin-du-Roi, mort en 1718.

L'image du jour

rue Nationale - Quartier de la Gare (image colorisée)

La rue Nationale était l'axe majeur du quartier de la Gare. La rue Jeanne d'Arc n'était pas encore transversante et était dédiée à l'industrie. La rue Nationale rassemblait commerces et services. Elle était le centre de l'animation d'une vraie vie de quartier populaire qui fut voué à la destruction par son classement en « ilôt insalubre ».  ♦