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 La catastrophe du boulevard de la Gare

La catastrophe du boulevard de la Gare

Le Petit-Journal — 25 septembre 1867

Au sortir du pont de Bercy, sur la rive gauche de la Seine, s'ouvre le boulevard de la Gare qui va de ce pont à l'ancienne barrière d'Italie, au bout de la rue Mouffetard.

Les nouveaux bâtiments de la gare d’Orléans sont situés en deçà du boulevard et les trains pour arriver traversent souterrainement cette voie sous un pont métallique long d'environ trente mètres et large de quarante.

Ce pont, qui vient d’être terminé, était, composé de travées en fer, recouvertes d’une couche macadamisée.

En ce moment on macadamise le boulevard et on y voit circuler la locomobile n°4 la Ville de Paris, une de ces grandes machines à vapeur qui écrasent et foule avec une force prodigieuse le macadam de nos rues.

Cette machine, qui ne pèse, pas moins de 34 mille kilogrammes, montée par trois hommes remontait hier matin le boulevard et traversait lentement le pont, à quatre heures trente-deux minutes. Elle allait toucher à l'autre extrémité, du côté du quai quand un craquement épouvantable se fit entendre. Un gouffre béant venait de s'ouvrir au milieu du pont, qui cédait sous la trop lourde charge de la locomobile ; dix-huit mètres du tablier sur toute la largeur descendirent d'un même coup sur la voie. En effet, dès qu'une travée avait été défoncée par le poids, tous les entretoises cessant de se soutenir le tout s’écroula ensemble.

La locomobile tomba dans le vide qui s’était ouvert et vint se renverser sur la voie ferrée ; deux mécaniciens, Demolle et Faux et le chauffeur Bardot furent précipités avec elle, sur la voie. Deux employés passant sur le pont furent également entraînés.

Un moment avant, un train venant de Nantes avait passé sous le pont ; on en signalait un autre quelques instants après l'accident, les signaux furent et le train s’arrêta à Ivry.

L'aiguilleur Chérion avait vu l'accident ; il jeta un cri d'alarme et se précipita vers les décombres qui encombraient la voie. Démolie avait une blessure grave à la tête, les deux autres étaient contusionnés, ainsi que les deux employés.

Cependant les cris de Chérion et le bruit de la chute avaient attiré l’attention ; on arrivait de toutes parts. Les docteurs Salone et Laugier donnèrent des secours aux mécaniciens et au chauffeur. Chérion aussi avait été atteint en procédant au sauvetage ; tous les quatre ont été conduits à la Pitié.

MM. Lebrec, commissaire de police, et Gallier, officier de paix, arrivèrent également sur les lieux. Pendant qu’on éloignait le public de crainte que la locomobile ne fit explosion, et qu’on se mettait à déblayer la voie, les employés supérieurs de la gare se hâtèrent d’organiser le service d’arrivée et de départ à la station d’Ivry.

Deux trains du matin ont dû être supprimés. Mais telle a été l'activité et l'intelligence apportées à ces rapides aménagements que trois heures après l'accident, deux hangars et la gare des marchandises d’Ivry étaient transformés en bureaux de départ et d’arrivée pour les voyageurs. Le service y était complétement et régulièrement installé pour eux et pour leurs colis.

Les travaux de déblayage ont été dirigés par M. Sevène, ingénieur en chef. Il était curieux de voir les puissantes locomotives attelées aux énormes débris de fer qu'elles enlevaient l'une après l'autre à force de vapeur.

Les travaux de déblayage ont continué pendant toute la nuit à la lueur des flambeaux ; la locomobile qui était complément déformée, été rangée du côté de la voie ; ce matin on rétablit les rails, mais à dix heures la circulation des trains n'était pas encore régularisée jusqu'au débarcadère. Du pont lui-même il ne reste en ce moment queues, deux trottoirs, sur lesquels les piétons peuvent circuler.

Les abords du pont sur la chaussée ont été fermés par des planches, pour éviter les accidents. Rien ne saurait donner une idée de l'aspect qu'offre cette ouverture béante, sous laquelle s’agite, encore en ce moment, un monde d'ouvriers, dirigés par les ingénieurs de la Compagnie.


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Pour aménager la Place d'Italie, une fois les pavillons Ledoux abattus, il fallut abaisser le niveau d'un des côtés de plus d'un mêtre et exhausser l'autre d'autant. L'idée était également de diminuer ainsi la pente de la rue Mouffetard, future avenue des Gobelins, qui se révélait impraticable aux engins lourds dans ses derniers mètres.

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Selon Le Petit Parisien du 24 juin 1923, qui rappelait qu'entre le pont National et le pont de Bercy, deux voies seulement sont ouvertes : la rue Watt et la rue de Tolbiac; il était question de réaliser un projet qui supprimerait la rue Watt. La mesure a soulevé dans le quartier une assez vive émotion : un comité de défense s'est constitué dont le président a fait une démarche auprès du préfet de la Seine.

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C'est par un décret impérial du 2 octobre 1865 que le boulevard de Vitry devint la rue de Patay.

L'image du jour

La folie Neubourg sur le boulevard Auguste Blanqui, déjà en partie démolie.