Jalousie professionnelle
La Presse — 16 mars 1895

(Détail interprété)
Source gallica.bnf.fr - Bibliothèque nationale de France
Dans un terrain vague de la rue Barrault, en face du n° 71, sont installées des roulotes habitées par des vanniers.
Un de ces industriels nommé Etienne Schwartz, âge de trente-quatre ans, ne faisait guère d’affaires, tandis que ses voisins, les époux Bruger, gagnaient largement leur vie.
Il en résulta une violente jalousie de la part de Schwartz, qui a tout propos trouvait des motifs pour chercher querelle à ses concurrents.
Avant-hier, un commerçant de l'avenue du Maine, vint commander aux Bruger un lot important de paniers de genres divers. Le vannier disgracié de la fortune fumait mélancoliquement sa pipe, devant sa voiture, faute d'occupation plus sérieuse, lorsqu'il en tendit les conditions avantageuses du marché que venaient de passer ses voisins. Pris d'une violente colère, il les accusa de dénigrer leurs confrères afin d'accaparer tout l'ouvrage.
Une dispute s'éleva alors ; entre les vanniers, au cours de laquelle Mme Bruger dit à son irascible voisin :
— Si vous n'avez pas de travail, ce n’est pas notre faute, mais simplement parce que vous ne savez l'exécuter convenablement.
Schwartz, à ces mots, se retira dans sa roulotte en murmurant des menaces,
Quelques instants plus tard, il sortit arme d'une canne plombée et se rua sur les époux Bruger. Avant que ceux-ci aient eu le temps de se mettre sur la défensive, leur ennemi, les étendit sur le sol en les frappant a la tête avec son arme, puis il prit la fuite.
Les victimes de cet attentat furent relevées par des agents dans un état lamentable. Le mari avait le crâne ouvert ; la femme, l'œil-gauche hors de l’orbite et une plaie profonde à l'occiput-. Ils ont été transportés à l'hôpital de la Pitié et placés salle Volleix.
Schwartz a été arrêté hier matin aux abords de la gare d’Orléans par l’inspecteur Poggi, sur mandat de M. Siadoux, commissaire de police, et écroué au Dépôt.
Chiffons et chiffonniers dans le 13e
Territoire en marge de la capitale, le 13e accueillait d'importantes communautés de chiffonniers qui se répartissaient en plusieurs points de l'arrondissement. Ces activités commencèrent à décliner à partir des années 1880 notamment à la suite de l'arrêté du 24 novembre 1883 dit "arrêté Poubelle", entré en vigueur le 15 janvier 1884, organisant l'enlèvement des ordures ménagères et prescrivant la mise en place par les propriétaires d'immeubles de récipients ad hoc à disposition de leurs locataires.
Les lieux
- La Cité Doré par Alexandre Privât d'Anglemont (1854)
- Le Cabaret du Pot-d’Étain (1864)
- La rue Harvey (1889)
La "Cité Tolbiac"
L'expression "Cité Tolbiac" est apparue dans la presse uniquement en août 1898. L'entrée de cette cité était peut-être située dans l'impasse Sainte-Marie, voie de 35 mètres sur 4 débouchant dans la rue de Tolbiac (impasse Tolbiac avant 1877).
- Les concierges des chiffonniers (Le Petit Journal — 5 août 1898)
- La Cité Tolbiac (La Patrie — 16 août 1898)
- La cité Tolbiac (Le Figaro — 16 août 1898)
- L'Exode des « Biffins » (Gil Blas — 16 août 1898)
- Le monde de la hotte (Le Gaulois — 20 août 1898)
Les gens
- Chiffons et chiffonniers (1872)
- Les chiffonniers de la Butte-aux-Cailles (1875)
- Portrait d'un chiffonnier de la Butte-aux-Cailles (extrait du précédant - 1877)
- La villa des chiffonniers (1897)
L'arrêté Poubelle et ses conséquences
L'arrêté du préfet de la Seine organisant l'enlèvement des ordures ménagères via une règlementation des réceptacles et des heures de dépôts et de ramassage allait mettre à mal la corporations des chiffonniers. Quelques journaux s'en émurent et organisèrent des campagnes de soutien aux "chiffonniers affamés à plaisir par l'administration" selon l'expression du Gaulois qui ne faisait pas dans la modération sur cette affaire.
- Arrêté du 23 novembre 1883 dit "arrêté Poubelle" (1883)
- Les chiffonniers de Paris (Le Gaulois — 17 janvier 1884)
- Une première distribution - Ve et XIIIe arrondissement (Le Gaulois — 23 janvier 1884)
- Conseil municipal – Séance du 8 février (Le Gaulois — 9 février 1884)
- L’enlèvement des ordures ménagères (Le Gaulois — 26 février 1884)
Dans la littérature
