L’enlèvement des ordures ménagères
Conseil municipal – Séance du 8 février
Le Gaulois — 9 février 1884
Le Conseil reprend la discussion de la question de l'enlèvement des ordures ménagères.
Le directeur des travaux prononce un long plaidoyer en faveur de l'arrêté. Il reconnaît que cet arrêté a soulevé une émotion considérable, mais il pense que c'est le fait de la presse, qui a devancé le sentiment de la population. L'arrêté a été peu ou mal étudié et on a cherché à l'expliquer par des suppositions inexactes.
On a déclaré que l'industrie du chiffonnage se trouvait supprimée et les chiffonniers, gens illettrés pour la plupart, en ont conclu immédiatement qu'on voulait les réduire à la misère.
M. Alphand croit que, si les chiffonniers sont réellement dans la misère, la faute n'en est pas à l'arrêté, mais à la façon dont l'industrie du chiffonnage est pratiquée. L'arrêté a été d'ailleurs exécuté par la population de l'enquête qui a été faite, il résulte que 61,477 maisons sont pourvues des boites réglementaires, et que 13,674 seulement ne le sont pas.
Quant aux chiffonniers, ils n'ont demandé que deux choses qui leur ont été accordées la prolongation de l'intervalle entre le dépôt des boites et le passage des tombereaux et la faculté de renverser les boites sur une toile.
M. Alphand estime qu'on a commis bien des erreurs au sujet de la situation des chiffonniers. Suivant lui, l'ensemble des ordures ménagères ne représente à Paris que 3,600,000 francs et il n'y a pas plus de 7,000 chiffonniers. L'administration n'est pas restée inactive, et elle a offert aux chiffonniers environ 1,200 emplois.
Le directeur des travaux dit, en terminant, que l'intérêt général de la salubrité publique commande, dans certaines circonstances, d'imposer des restrictions à la liberté absolue des ouvriers il conjure le Conseil de ne pas désarmer l'administration et de ne pas donner aux chiffonniers des espérances irréalisables.
M. Vauthier déclare accepter la responsabilité de la délibération relative aux ordures ménagères, dont il était le rapporteur.Il regrette toutefois que l'administration n'ait pas apporté plus de tempéraments dans les moyens d’exécution.
La clôture de la discussion est prononcée. Un grand nombre d'orateurs parlent sur la position de la question.
M. Poubelle dit que le Conseil ne saurait voter ni suc le retrait ni sur le maintien de l’arrêté, qui constitue un acte administratif. Seulement des améliorations peuvent être apportées à l'état de choses actuel.
Par 33 voix contre 17, le Conseil donne la priorité à une proposition de M. Dépasse tendant au renvoi de toutes les propositions aux commissions de la voirie et des égouts. Par 30 voix contre 26 cette proposition est adoptée.
Séance lundi.
PIERRE DUMAS
Chiffons et chiffonniers dans le 13e
Territoire en marge de la capitale, le 13e accueillait d'importantes communautés de chiffonniers qui se répartissaient en plusieurs points de l'arrondissement. Ces activités commencèrent à décliner à partir des années 1880 notamment à la suite de l'arrêté du 24 novembre 1883 dit "arrêté Poubelle", entré en vigueur le 15 janvier 1884, organisant l'enlèvement des ordures ménagères et prescrivant la mise en place par les propriétaires d'immeubles de récipients ad hoc à disposition de leurs locataires.
Les lieux
- La Cité Doré par Alexandre Privât d'Anglemont (1854)
- Le Cabaret du Pot-d’Étain (1864)
- La rue Harvey (1889)
La "Cité Tolbiac"
L'expression "Cité Tolbiac" est apparue dans la presse uniquement en août 1898. L'entrée de cette cité était peut-être située dans l'impasse Sainte-Marie, voie de 35 mètres sur 4 débouchant dans la rue de Tolbiac (impasse Tolbiac avant 1877).
- Les concierges des chiffonniers (Le Petit Journal — 5 août 1898)
- La Cité Tolbiac (La Patrie — 16 août 1898)
- La cité Tolbiac (Le Figaro — 16 août 1898)
- L'Exode des « Biffins » (Gil Blas — 16 août 1898)
- Le monde de la hotte (Le Gaulois — 20 août 1898)
Les gens
- Chiffons et chiffonniers (1872)
- Les chiffonniers de la Butte-aux-Cailles (1875)
- Portrait d'un chiffonnier de la Butte-aux-Cailles (extrait du précédant - 1877)
- La villa des chiffonniers (1897)
L'arrêté Poubelle et ses conséquences
L'arrêté du préfet de la Seine organisant l'enlèvement des ordures ménagères via une règlementation des réceptacles et des heures de dépôts et de ramassage allait mettre à mal la corporations des chiffonniers. Quelques journaux s'en émurent et organisèrent des campagnes de soutien aux "chiffonniers affamés à plaisir par l'administration" selon l'expression du Gaulois qui ne faisait pas dans la modération sur cette affaire.
- Arrêté du 23 novembre 1883 dit "arrêté Poubelle" (1883)
- Les chiffonniers de Paris (Le Gaulois — 17 janvier 1884)
- Une première distribution - Ve et XIIIe arrondissement (Le Gaulois — 23 janvier 1884)
- Conseil municipal – Séance du 8 février (Le Gaulois — 9 février 1884)
- L’enlèvement des ordures ménagères (Le Gaulois — 26 février 1884)
Dans la littérature
