De la lumière... De l'air... Des maisons claires...
Paris-Soir 23 septembre 1929

Après de long mois de travail, tout un quartier de la rive gauche se trouve soudain aéré. La rue Küss, que barrait encore une butte lépreuse — le dernier monceau au pied de quoi coula la Bièvre — la rue Küss est ouverte.
Elle mènera depuis la rue Brillat-Savarin jusqu'à la rue des Peupliers et bientôt, enjambant l'ancien lit de la rivière disparue, elle joindra par une percée nouvelle dans des terrains qui furent maraîchers, l'avenue d'Italie.
C'est ainsi que la Paris nouveau se forme, net, ferme et propre sur les amas pestilants que hantèrent dix générations de biffins.
Plus tôt dans l'année dans le même Paris-Soir


Industries et maraichages s'y coitent encore.
Le groupe scolaire de la rue Kuss
La rue Kuss
C'est en 1885 que le conseil municipal de Paris proposa de donner le nom de Kuss, dernier maire français de Strasbourg en 1870, à la voie nouvelle à ouvrir entre la rue du Pot au Lait (qui allait devenir plus tard la rue Brillat-Savarin) et la rue Damesme. L'intérêt de cette nouvelle voie était de relier les quartiers sud-ouest de la Maison-Blanche à l'avenue d'Italie mais sa réalisation posait une difficulté particulière : le franchissement de la vallée de la Bièvre et de la rue des Peupliers. En effet, sur une très courte distance, la rue commençait à l'embranchement de l'ancienne rue de la Fontaine aux Clercs à une altitude d'environ 48 mètres, devait descendre à 37,78 mètres au niveau de la rue des Peupliers pour remonter à 51,18 m au niveau de la rue Damesme.
La tâche était donc compliquée et prit du temps. En 1923, le percement de la rue Kuss était toujours au nombre de travaux prioritaires à accomplir selon une liste établie par Adolphe Chérioux, conseiller municipal du quartier Saint-Lambert en charge de l'urbanisme à l'Hôtel de Ville.
Ce sera finalement en 1929 que le percement de la rue sera achevé au moins dans sa première partie car la jonction avec la rue Damesme reste à faire. Le quotidien Paris-Soir y emmènera deux fois ses lecteurs et y reviendra en 1930 sous la plus d'Elie Richard, auteur de la tournée.
La rue Kuss n'ira pas plus loin. En 1931, c'est le nom de "Docteur Tuffier" que l'on donne au tronçon restant à ouvrir en direction de la rue Damesme. Il sera ouvert en 1934.
Les écoles
Après la Grande Guerre, les jardins maraichers existants entre la place de Rungis et la rue des Peupliers commencent à céder la place à des groupes d'habitations à bon marché. Avec les constructions des années 2O dues aux initiatives privées et publiques rue de la Fontaine à Mullard et rue Brillat Savarin, le secteur se peuple et il faut répondre aux besoins de cette nouvelle population. En 1931, Louis Gelis (1886-1940), le très actif député et conseiller municipal du 13e, réclame l'ouverture d'une école ce nouveau quartier (et aussi d'un lycée pour le 13e qui en est dépourvu). Ce sera l'école de la rue Kuss.
- Construction d'un groupe scolaire rue Küss (1931)
- Inauguration du groupe scolaire de la rue Kuss (Le Matin - 30 septembre 1934)
- Le groupe scolaire de la rue Kuss (Beaux-arts - décembre 1934)
Le nouveau groupe scolaire était présenté comme le plus moderne de Paris. C'était certainement vrai mais on n'ignorait pas que sa localisation présentait certains inconvénients dont la proximité du chemin de ceinture n'était pas le principal. Au delà des rails, à une centaine de mètres, l'usine Gnome et Rhône tourne à plein régime, c'est le cas de le dire, puisqu'une dizaine de bancs d'essai de moteur d'avion y sont en fonctionnement et "font un bruit effroyable incommodant les habitants de tout le quartier" (Le Populaire, 29 juin 1933). Néanmoins, on en est très fier.