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 La cité Jeanne-d'Arc a été nettoyée de ses indésirables - 1935

La cité Jeanne-d'Arc a été nettoyée de ses indésirables

Paris-Soir — 24 septembre 1935

La Cité Jeanne-d'Arc, cet îlot lépreux et insalubre qui, dans le 13e arrondissement, groupe autour de quelques ruelles ses immeubles sordides, entre la rue Jeanne-d'Arc et la rue Nationale, a vécu aujourd'hui un véritable état de siège.

Tous les locataires de cette agglomération sont aujourd'hui expropriés. On se rappelle, en effet, les incidents tragiques qui s'y déroulèrent le 1er mai de l'année dernière et le véritable combat que dut soutenir la police pour se rendre maîtresse des énergumènes qui s'y étaient barricadés.

Cette fois deux raisons bien distinctes avaient motivé de nouvelles opérations policières.

La première, c'était l'arrestation d'un des indésirables habitant la Cité, recherché pour un meurtre.

Le commissaire du quartier de la Maison-Blanche avait été alerté la nuit dernière : un fou sanguinaire, après avoir tenté de tuer une femme, s'était barricadé dans son taudis d'où il menaçait ceux qui tentaient d'approcher.

On arrête le meurtrier

Le fait était exact. Pour des raisons que les enquêteurs s'efforcent d'établir, Henri Odou, 48 ans, avait assailli dans l'ombre d'un couloir, au quatrième étage, une jeune femme qu'il avait blessée à coups de couteau.

Grièvement atteinte à la gorge et perdant abondamment son sang, la pauvre femme fut transportée et admise d'urgence à l'hôpital de la Pitié. Il s'agissait de Mme Royer, 29 ans, mère de deux enfants de 2 et 5 ans.

Police-Secours et les inspecteurs du commissariat virent aussitôt que le meurtrier ne pouvait pas être arrêté la nuit. On surveilla donc la Cité et ce ne fut que ce matin que les inspecteurs Thibaud et Raclin, inspecteurs de la voie publique à la police judiciaire, purent appréhender le meurtrier et le conduire au commissariat du quartier de la Maison-Blanche.

Odou était encore couché et cuvait son ivresse.

Sans doute faut-il attribuer à l'ivrognerie son acte sanguinaire, et peut-être aussi à la manie de la persécution.

Mais on devait un peu plus tard assister à la Cité Jeanne-d'Arc à d'autres événements dépassant en ampleur ce banal fait divers.

L'épuration de la Cite Jeanne-d'Arc

Une vaste mesure d'épuration avait, en effet, été décidée samedi dernier. La police avait reçu mission de rendre inhabitables de très nombreux logements insalubres de la Cité, logements dans lesquels des individus peu recommandables, des repris de justice, de clochards avaient élu domicile

Depuis bien longtemps déjà, à la suite d'un vaste programme d'urbanisme et dans un but d'hygiène publique, la démolition de tous les immeubles de la Cité avait été décidée.

Les locataires, au nombre de six mille, avaient été alors expropriés. La plupart des locataires vidèrent aussitôt les lieux ; le dernier délai fixé aux autres expire le 1er juillet 1936.

Bien entendu, au fur et à mesure qu'un locataire partait, aucune nouvelle location ne devait être consentie. Quelques locations provisoires furent seules acceptées en faveur de personnes particulièrement intéressantes.

Cela n'empêcha pas la Cité de se repeupler rapidement.

Par centaines, des logements vides furent occupés par toute une populace de mendiants et de clochards, à laquelle se joignirent tout naturellement des repris de justice dangereux.

La cité prit dans tout le quartier une redoutable réputation. Dans ces immeubles lézardés, dans la pénombre gluante des couloirs retentissaient souvent des discussions, des rixes fréquentes s'y déroulaient.

Les gardiens de la paix occupent la Cité

L'opération policière qui avait pour but principalement la protection des ouvriers chargés de rendre inutilisables les logements vides s'est effectuée sans incident notable. Elle était dirigée par M. Fauvel, commissaire de police du 13e arrondissement.

Un grand nombre de gardiens de la paix étaient massés aux environs de la Cité. D'autres ont séjourné dans les immeubles où avaient lieu les travaux.

Ce matin, plus de quarante logements ont été rendus inutilisables, des ouvriers ayant arraché les parquets et cloué des planches aux portes.

Lors d'une opération analogue au mois de juillet dernier, bon nombre d'individus s'étaient livrés sur les ouvriers à des violences. On avait déploré quelques blessés à coups de briques, de pavés et de barres de fer.

Cette épuration, qui se prolongera jusqu'au soir, permettra, espérons-le, de ramener le calme dans la Cité Jeanne-d'Arc, dont les locataires paisibles pourront achever tranquillement leur séjour jusqu'à la date fixée par l'évacuation complète des immeubles.

René Delpêche.


A propos de la Cité Jeanne d'Arc

Sur les événements du 1er mai 1934

La fin de la Cité Jeanne d'Arc

Faits divers

Des textes de Lucien Descaves

La cité Jeanne d'Arc dans la littérature

Dans la presse...


Le Puits artésien de la Butte-aux Cailles

L'achèvement prochain des travaux du puits artésien de la place Hébert est venu nous rappeler un autre puits du même genr dont le forage fut commencé presque à la même époque que celui du puits des hauteurs des Belleville, mais tombé complètement dans l'oubli depuis une vingtaine d'années : nous voulons parler du puits artésien de la Butte-aux-Cailles. (1889)

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Un éboulement aux fortifications

Hier soir, il cinq heures, au moment où les élèves d'une école enfantine passaient boulevard Kellermann, à la hauteur de la rue des Peupliers, un formidable grondement souterrain se fit tout à coup entendre. En même temps, le talus des fortifications se soulevait sous l'irrésistible poussée d'une énorme gerbe d'eau. (1912)

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Rue des Peupliers, une trombe d'eau dévaste tout sur son passage

Les habitants de la rue des Peupliers, dans le 13e arrondissement, étaient mis en émoi, hier matin à sept heures, par une violente détonation immédiatement suivie de longs et redoutables grondements. C'était une des nombreuses conduites d'eau placées dans la chaussée du boulevard Kellermann qui venait de se rompre brusquement ! (1911)

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Fabrique d’asticots

S'il vous plait tomber sur une « trichinerie », allez au treizième arrondissement, prenez l'avenue des Gobelins et suivez la rue Croulebarbe. SI l'odeur ne vous arrête pas on route, poussez jusqu'au n°63, une maison « mangée aux vers » qui n'a pas besoin d'autre enseigne.
Tout le quartier est en émoi. La rue Croulebarbe est devenue la rue Croule-Peste ! (1883)

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Le monument d'Ernest Rousselle

L'inauguration du monument élevé à la mémoire de M. Ernest Rousselle, qui fut président du Conseil municipal de Paris et du Conseil général de la Seine, a eu lieu hier dans le jardin du dispensaire de la Maison-Blanche. (1901)

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Saviez-vous que... ?

La marché découvert des Gobelins — que l'on appelle aujourd'hui le marché Auguste-Blanqui — remplaça le marché couvert à compter du 9 mai 1898 et, comme maintenant, se tenait les mardis, vendredis et dimanches.

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La rue de Lourcine a pris le nom de rue Broca en 1890.

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Le passage souterrain de la porte d'Italie fut inauguré le vendredi 26 juin 1936 par la Municipalité de Paris en présence de M. Marx Dormoy; sous-secrétaire d'État à la présidence du Conseil.

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C'est le 22 octobre 1944 que le jardin des Gobelins, encore appelé square des Gobelins depuis son inauguration en mai 1938, prit le nom de square René Le Gall mais contrairement à la légende véhiculée habituellement par le parti communiste, René Le Gall n'est absolument pour rien dans la création de ce jardin qui résulte d'une convention conclue en 1934 entre l'Etat et la ville de Paris, en vue de la réimplantation du mobilier National dans le 13e dont les terrains d'assise situés en bordure de l'avenue Rapp devaient être libérés en vue de l'exposition internationale de 1937.

L'image du jour

Construction de la rue de Tolbiac : franchissement de la Bièvre à la Glacière

La photographie est de Charles Marville et a été prise vers 1876. La rue d'Alésia est déjà achevée. La construction de la rue de Tolbiac subit beaucoup de retard compte tenu de l'ampleur des travaux.