L’épidémie de la Bièvre - La Lanterne - 14 sept. 1890
L’épidémie de la Bièvre
Enquête officielle. — Notre contre-enquête.
La Lanterne — 14 septembre 1890
L'Agence Havas a publié hier soir la note suivante :
Plusieurs journaux ont raconté que des décès, ayant le caractère
épidémique, se sont produits dans le quartier de la Glacière, à la suite du
transport sur des trains vagues de la rue de Tolbiac de décombres et terres
provenant d'anciens cimetières.
Il résulte du rapport de l'ingénieur des ponts et chaussées chargé
par le préfet de la Seine de faire une enquête, qu'en effet des terres
contenant quelques débris d'ossements ont été déchargées sur un terrain
vague de la rue de Tolbiac.
Bien que le triage fait au moment du déchargement ait été
insuffisant, il n'en pouvait résulter aucune conséquence fâcheuse, car ces
débris avaient été immédiatement recouverts de terre et de plâtras.
Aucun bûcher n'a été allumé ; on a simplement mis le feu a de vieux
papiers et à des débris de toiture en toile goudronnée.
Aucune maladie épidémique n'a été provoquée par les travaux de
remblai.
Il est facile de constater que le nombre des décès reste normal.
Un seul décès a eu lieu du 16 août au 7 septembre, dans la rue du
Moulin-des-Prés.
Cette note qui émane de l'administration est une réponse aux articles que
nous avons publiés sur l'épidémie de la Maison-Blanche et que nos confrères
ont reproduits, après en avoir contrôlé l'exactitude.
A la Maison-Blanche
Nous sommes retournés hier soir aux abords du charnier de la Bièvre.
Voici les nouveaux renseignements que nous y avons recueillis.
Après le premier article de la Lanterne on cessa les décharges
d'ossements, et pendant trois jours on couvrit ces débris funèbres de
plâtres, de terre, de matériaux de démolition. On arrosa le tout
d'énergiques désinfectants.
Suivant une ridicule aberration, l'administration chargea de l’enquête le
conducteur qui avait jusqu'à ce jour dirigé les travaux.
Naturellement, ce conducteur n'allait pas condamner sa négligence ou
plutôt son étrange mépris des lois de l'hygiène.
Le conducteur amena M. Laurent, médecin municipal, le promena sur les
terrains de la Bièvre, et lui fit constater qu'on ne voyait plus
d'ossements.
— C'est vrai, dit un habitant du quartier, depuis trois jours on les
recouverts. Mais tenez, prenez ce crochet de chiffonnier, fouillez le sol.
M. Laurent s'exécuta et retira successivement des chairs en putréfaction,
un crâne, des tibias.
M. Siadoux, commissaire du quartier a fait les mêmes constatations.
Et malgré tout, l'administration a élaboré la fameuse note que nous
publions ci-dessus.
Encore une fois nous maintenons l'exactitude de nos premiers articles.
Huit enfants sont morts en août et septembre, d'une infection causée par
les émanations du charnier.
Mme Lecomte conserve dans un bocal plusieurs échantillons de mouches
charbonneuses.
Les maladies sont très nombreuses dans le quartier. Pour s'en convaincre
il suffit de consulter les registres du bureau de bienfaisance, portant le
nombre des visites faites par les médecins du bureau aux indigents de la rue
du Moulin-des-Prés.
Enfin pour répondre à une note précédente de la préfecture déclarant que
les habitants n'ont jamais formulé de plaintes, voici un document qui prouve
que l'état de choses que nous avons révélé, dure depuis longtemps :
1er juin 1889.
Les soussignés ont l'honneur de porter à la
connaissance du préfet de la Seine que des décharges de tombereaux
d'ossements se font à dix mètres de nos immeubles ; que le nombre en est si
considérable que les enfants jouent à la boule avec les crânes.
Signatures : Jean Scheral, Deligny, Picard, Labat,
Chauvin, Savary, Sanchon, Morelle, Leroux, Gillet, Nainville, Chartier,
demeurant 71, 73, 78 et 83, rue du Moulin-des-Prés.
Depuis la mise en service, pour les messageries de Paris-Austerlitz, des vastes hangars, d'aspect solide, modernes, édifiés en bordure de la rue du Chevaleret, et dont l'entrée se trouve, ainsi que, nous l'avons dit, boulevard de la Gare, à Paris, une armée de travailleurs fait disparaître les anciens quais couverts de la rue Sauvage, ce qui aura pour, avantage de donner à ce coin plus d'air et, avec de petits bâtiments coquets, un cachet plus artistique. (1929)
La ligne de fer se relève aux environs de la MAISON BLANCHE, nom charmant qui s'applique à une contrée peu connue et d'un aspect étrange. C'est assurément le coin de Paris le moins fréquenté Ces solitudes attendent un historien et un géographe, et nous espérons les explorer un jour avec nos lecteurs (1873)
Le train à voyageurs dont le terminus est la station Maison-Blanche, qu'il atteint un peu avant 23 heures, sera le dernier à rouler sur ces voies, dimanche soir. Saluons-le, nous ne le reverrons plus ! (1934)
Les badauds sont rares dans le quartier de la Gare et lorsqu'une inauguration y amène des officiels et dû « beau monde », l'assistance est aussi clairsemée que pittoresque : c'est devant une dizaine de marmots, quelques garçons bouchers et deux ou trois ménagères que la fontaine, offerte par la S.P.A. à la Ville de Paris pour étancher la soif des chevaux et des chiens, a été remise à M. Morain, préfet de police. (1926)
Signalons, en plein Paris, un foyer d'infection « qui défie toute concurrence : 15, avenue de Choisy, entre le boulevard Masséna et la rue Gandon, existe un dépôt d'ordures ménagères. Les chats et les chiens crevés y achèvent paisiblement leur transformation dernière sous les chauds rayons du soleil de juillet. (1906)
Hier matin, vers dix heures, la concierge de la maison du n° 3 de la place Pinel descendait à la cave, une bougie à la main. Arrivée à la dernière marche de l'escalier, le sol céda sous ses pieds, et elle disparut tout à coup dans une profonde excavation. (1883)
Un nouveau pont vient d'être construit sur la route militaire qui entoure Paris, entre la porte de la Gare et celle de Vitry. Il est parallèle au boulevard Masséna, et franchit la ligne du chemin de fer d'Orléans. De cette façon, on peut parcourir la ligne stratégique sans rencontrer d'obstacles. (1877)
C'est aujourd'hui qu'on inaugure la « fondation Singer-Polignac » devant un nombreux et élégant public d'invités. À vrai dire, ce n'est pas « tout près d'ici ». C'est à l'autre bout de Paris, à la Glacière, tout près des « fortifs » dans un quartier essentiellement populaire, où l'on vient d'achever une nouvelle église, une nouvelle paroisse, Sainte-Anne, qui succède à la chapelle Bréa. Rue de la Colonie, entre les baraques en planches d'une population inconnue et une usine ; on y arrive par la place d'Italie et la rue Bobillot. (1911)
Les obsèques de M. Curie ont été célébrées, hier, avec la plus grande simplicité et sans aucune cérémonie. Dès trois heures arrivèrent à la maison mortuaire, 108, boulevard Kellermann, des professeurs de la Sorbonne et du Collège de France, ainsi que des membres de l'Institut. Tour à tour ils pénétraient dans la petite maison... (1906)
L'administration vient de faire déposer à la mairie 13e arrondissement le plan parcellaire des propriétés dont la cession est nécessaire en tout ou en partie pour exécuter : 1° L'élargissement à 40 mètres de la rue Mouffetard, entre le boulevard Saint-Marcel et les boulevards d'Italie et de l'Hôpital ; 2° La transformation de la place d'Italie, entre la rue Mouffetard et les boulevards de la Gare et d'Italie ; 3° L'ouverture, entre cette place et la Gentilly, d'un boulevard de 34 mètres de largeur, donnant à l'ouest le pendant du boulevard de l'Hôpital.
(1867)
Paris nous réserve toutes les surprises, et ses historiens, malgré leurs patientes recherches, n'arrivent que difficilement à nous signaler les faits bizarres, les trouvailles imprévues que les faits-divers nous révèlent chaque jour et par hasard. On vient de découvrir qu'en plein cœur de la capitale il existe une maison habitée par une cinquantaine de locataires depuis plus de vingt ans et que cet immeuble n'a ni propriétaire ni concierge.
(1896)
Tout au bout de l'avenue d'Ivry, près des fortifications, se trouve une impasse dont l'accès est si étroit, qu'aucun véhicule n'y peut pénétrer sans raser et détériorer les murailles des maisons qui la bordent ; c'est le passage d'Ivry. Tout au fond de ce passage se dresse une maison branlante, dont l'histoire est bien extraordinaire. (1904)
Le treizième a toujours été la cité des pauvres. Il sue encore la misère avec ses îlots de maisons délabrées… avec la rue du Château-des-Rentiers, ô ironie, avec la Butte-aux-Cailles chère à Louis-Philippe. Et comme la misère va de pair avec la douleur, beaucoup d'hôpitaux, la Salpêtrière, la Pitié, Broca, Péan, des asiles, des refuges. Sur 33.500 électeurs, 28.000 paient de 500 à 1.200 francs de loyer par an. Au prix actuel du gîte, ces chiffres ont une triste éloquence ! On ne s'étonnera pas si le treizième est politiquement très à gauche… et même à l'extrême gauche. (1927)
Il est de notoriété publique que la cavalerie a de tout temps semé le trouble dans le cœur des femmes. Et l'effet ne manqua pas de se produire dans celui trop sensible de Mme Émilie Raysin, jeune femme de 28 ans, demeurant avenue de Choisy, lorsqu'elle vit, caracolant à ses côtés, ce gars à belle prestance.
Tandis que les chauffeurs ne pourront claironner ou trompeter par les rues de Paris, des escouades de bruiteurs autorisés continueront, embouchure aux lèvres, leur pas accéléré quotidien dans les rues du quartier de la Maison-Blanche en général, boulevard Kellermann en particulier. (1929)
M. Perruche, commissaire de police des quartiers de la Salpêtrière et de Croulebarbe, avait reçu, depuis une semaine, un certain nombre de plaintes émanant de personnes dont les poches avaient été indiscrètement explorées par des pickpockets à la fête foraine de la place d'Italie.
Dans une semaine ou deux, on inaugurera la grande piscine de la Butte aux Cailles. C'est un établissement vraiment remarquable, de briques et de mortier, aux revêtements vernissés blancs, dominé d'une immense cheminée en ciment armé, de grande allure avec sa quadrature de colonne droite évidée aux angles, lesquels sont ainsi arrondis. (1924)
Nous n'avons point à faire ici la description de la cité Jeanne-d'Arc. On a dépeint à plusieurs reprises, dans ce journal, cette cour des Miracles moderne, avec ses masures sordides ses cloaques infects et sa population de miséreux, de toute sorte.
Dimanche, dans la nuit, un craquement sinistre a éveillé les locataires d'un des vieux immeubles de cette rue. une maison d'un étage, portant le numéro 10. D'un coup la maison s'était lézardée du haut en bas. menaçant de s'effondrer. (1929)
Les locataires et le concierge d'une maison située, 12, rue Buot (treizième arrondissement) étaient réveillés, l'avant-dernière nuit, par le bruit d'une querelle violente qui s'était élevée entre deux locataires
Le quartier de la Gare est en émoi. A la suite de perturbation du sol, peut-être aussi de fissures de conduites d'eau et d'infiltrations, la plupart des immeubles de la rue Charles-Bertheau, dont certains sont neufs, menacent ruine (1937)