Un jour dans le 13e

 Effroyable explosion dans une usine - Le Matin – 22 octobre 1915
Le Matin – 22 octobre 1915

Effroyable explosion dans une usine à Paris

PRÈS DE 40 MORTS

Le nombre des personnes blessées dépasse cinquante

Dans la mesure où il nous a été permis de le faire, nous avons signalé, dans notre dernière édition d'hier, l'effroyable explosion qui s'était produite dans une usine de la rue de Tolbiac.

Voici des détails complémentaires sur ce terrible accident, qui a atteint les proportions d'une véritable catastrophe.

Il était exactement deux heures et quart de l'après-midi, lorsqu'une automobile pénétra dans l'usine Bilan, située au 174 de la rue de Tolbiac, pour y prendre une livraison.

Trois minutes après, deux formidables détonations, suivies bientôt d'une troisième, se produisaient, ébranlant tout le quartier de la Maison-Blanche.

Un immense nuage de fumée et une odeur caractéristique emplissaient l'atmosphère en même temps que des débris de toutes sortes venaient tomber des toits dans les rues; dans les cours des maisons, même situées à plus de deux cents mètres du lieu de l'explosion, toutes les vitres avaient volé en éclats. Une pluie de petits morceaux de fer s'était, en même temps, abattue sur le sol.

Effarés, les habitants se précipitaient au dehors. Les bruits les plus divers coururent, mais quelques minutes après on connut toute là vérité, et l'on sut que l'usine Bilan venait de sauter.

Les premiers secours

De tous côtés les secours affluèrent. Accourus les premiers, les pompiers des casernes de l'état-major, de Port-Royal, de Jeanne d'Arc, s'élancèrent parmi les décombres- pour tenter d'y sauver quelques malheureux.. On retira bientôt une vingtaine de cadavres, qui, aussitôt, furent transportés dans un cinéma, rue de Tolbiac, rapidement aménagé en dépôt mortuaire.

Des voitures d'ambulance arrivèrent de tous côtés et l'on y plaça de nombreux blessés qui, en toute hâte, furent dirigés sur les hôpitaux voisins.

Bientôt arrivèrent sur les lieux du sinistre le président de la République, le ministre de l'intérieur, les préfets de police et de la Seine, le président du conseil municipal, le général Clergerie, le colonel Cordier, des pompiers de Paris, M. Mouton, directeur de la police judiciaire et de nombreuses autres personnalités. Pendant que de toute part chacun s'employait au déblaiement des matériaux, et qu'un service d'ordre était rapidement organisé, M. Delanglade, commissaire de police du quartier de la Maison-Blanche, et son secrétaire, M. Dubié, procédaient à une enquête provisoire en attendant l'arrivée du parquet.

L'usine Bilan occupait un grand nombre d'ouvriers et d'ouvrières, deux cents environ: divisés en deux équipes de jour et de nuit.

168 femmes, 14 fillettes et 18 hommes y étaient employés.

C'étaient presque tous des habitants du quartier.

Les premières constatations établirent d'une façon très nette que l'explosion était due, à des causes purement accidentelles. On procéda alors à une enquête générale dans tout le quartier.

Les maisons voisines sont évacuées

Les immeubles situés du numéro 175 au 183 de la rue de. Tolbiac avaient tous beaucoup souffert. De vastes .hangars abritant une usine de construction, située en face de l'usine, s'étaient effondrés, et, le feu s'y était déclaré. Du même côté que l'usine, de nombreuses maisons étaient en partie détruites.

Rue Bobillot, la toiture d'un petit débit de vins, avait été enlevée. Les murs de la maison étaient, lézardés.

Rue du Moulin-des-Prés, rue Bobillot, rue de la Butte-aux-Cailles, et dans toutes les rues avoisinantes les vitres des maisons avaient été brisées. Le sol était jonché d'innombrables débris de verre et de bois.

L'immeuble qui abrite le commissariat le la Maison-Blanche avait particulièrement, souffert

Les fenêtres et les boiseries avaient été arrachées. Passage Tolbiac, deux hôtels menaçaient ruine, ainsi qu'une maison située rue da Moulin-des-Prés.

On dut faire évacuer les habitants de tous ces immeubles, par mesure de précaution.

Dans la soirée, des voitures mortuaires venaient chercher les corps des victimes et les transportaient à la Morgue.

La violence de l'explosion n été ressentie il une distance considérable. C'est ainsi qu’on a ramassé, à la porte de Bicêtre, des débris de fonte qui y avaient été projetés.

On ne connaît pas encore exactement le nombre des victimes il est malheureusement élevé.

Trente-cinq cadavres ont été transportés à la Morgue, parmi lesquels seize femmes et neuf hommes, plus dix débris informes.

Cinquante et un blessés sont soignés dans les hôpitaux. Deux d'entre eux sont morts peu après.

M. Boucard, juge d'instruction, est chargé de l’affaire.


Après la catastrophe
APRES LA CATASTROPHE

La catastrophe de la rue de Tolbiac - 20 octobre 1915


21 octobre


22 octobre


23 octobre


24 octobre


25 octobre


26 octobre


27 octobre


28 octobre


29 octobre


31 octobre


18 novembre


21 novembre


10 décembre


L'accident du 23 juillet 1915

Saviez-vous que... ?

En 1930, les Primistères parisiens avaient des magasins aux adresses suivantes : Rues, des Cinq-Diamants, 33 et 56 ; du Château-des- Rentiers, 54 et 135 ; Bourgon, 19 ; Nationale, 151 ; du Moulin-des-Prés, 9 ; de Patay, 92 ; Albert, 67 ; Baudricourt, 75 ; avenues : d'Italie, 52, 100, 198 et 180; d'Ivry, 41 ; de Choisy, 39 ; de Tolbiac, 169; boutevard de la Gare, 132 et 171.

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Pendant la Commune, la Place d'Italie fut brièvement dénommé Place Duval par les insurgés qui voulurent honorer la mémoire d'un de leurs chefs militaires qui conduisant, sans véritable ordre de mission, une offensive contre le gouvernement légal, fut fusillé après avoir était capturé.

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Le mardi 7 aout 1923, on découvrit 5 squelettes enterrés au coin de la rue Damesme et de la rue Bourgon.

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Le 11 aout 1907, un corbillard, qui se rendait, à trois heures de l'après-midi, au cimetière de Gentilly, a été tamponné, à l'angle de la rué de Tolbiac et du passage du Moulinet, par un tramway de la ligne Vincennes-Saint-Cloud. Le cercueil, rapportait le Figaro, qui était tombé sur la chaussée, ne s'est pas ouvert et a été replacé sur le corbillard, qui a pu continuer sa route. Mais pour la Justice, le cercueil fut projeté à terre, se brisa et le corps du défunt roula sur la chaussée.
Ce macabre accident, ajoutait la Justice, a suscité, parmi la foule des promeneurs, une pénible émotion.

L'image du jour

L'avenue des Gobelins vue vers la rue Philippe de Champagne

L'ilot formé par l'avenue des Gobelins, la rue Coypel, la rue Primatice et la rue Philippe de Champagne occupe le site du marché couvert des Gobelins ouvert à la fin des années 1860 et fermé à l'orée du 20e siècle au profit du marché de plein-air du boulevard Blanqui.