Un jour dans le 13e

 Les obsèques du Docteur Désandré

La catastrophe de la rue de Tolbiac

Les obsèques du Docteur Désandré

Le Petit-Parisien — 25 octobre 1915

Hier matin ont été célébrées, comme nous l'avions annoncé, en la chapelle du Val-de-Grâce les obsèques du docteur Désandré, aide-major du régiment des sapeurs-pompiers, qui trouva ta mort sur le théâtre de la catastrophe.

Le deuil était conduit par la veuve et les enfants du défunt ainsi que par le colonel Cordier et les officiers du régiment des pompiers.

Dans l’assistance on remarquait : MM. Bienvenu-Martin, ministre du Travail ; Mithouard, président du conseil municipal ; Perié-Laurent, préfet de police: Aubanel, secrétaire général de la préfecture de la Seine ; le lieutenant de Courcelles, représentant le général Gallieni ; le général Parreau ; Lescouvé, procureur de la République ; Chanot, directeur de la police municipale ;  le docteur Dziewonski, médecin inspecteur ; etc.

A l’issue de la cérémonie religieuse, au seuil même de la chapelle, des discours ont été prononcés. Le colonel Cordier a fait, en termes émus, l'éloge du défunt. Puis, au nom de l'Alliance républicaine dont le docteur Désandré faisait partie, et de son président M, Adolphe Carnot, M. Charles Mathist, avocat à la cour d'appel, a pris la parole. À  son tour, il a retracé la carrière de cette noble victime du devoir. Il a poursuivi en ces termes :

La mort, qui, depuis un an, transforme en ossuaire la vieille Europe a jeté son dévolu sur un de ces champs de labeur  où les femmes et ceux qui ne peuvent opposer leur poitrine à la ruée teutonne préparent la défense et la victoire.

Une catastrophe épouvantable répand la désolation dans le quartier de la Maison-Blanche, allume l’incendie et sème la mort. Désandré accourt avec les pompiers de sa caserne. Une grenade éclate. Il tombe.

Inclinons-nous respectueusement devant cette noble victime du devoir.

Nous savons qu’il laisse une veuve inconsolable, deux jeunes enfants et un fils de dix-huit ans appartenant à la classe 1917 qui saura soutenir les traditions d’honneur, de fierté et de courage de notre pays libre qui ne veut pas devenir l’esclave de l’étranger

L’Officiel de ce matin porte le regretté médecin sur la liste de la Légion d’Honneur pour le grade de chevalier avec le motif suivant : « Victime d’une explosion en se rendant sur les lieux d’un sinistre ».

A la Morgue

De nombreuses personnes ont eu la touchante pensée d’apporter hier, à la morgue, des fleurs dont elles ont orné les cercueils contenant les cadavres des victimes non reconnues.

On avait supposé, ces jours derniers, qu’une des trois têtes retrouvées dans les décombres était celle d’un soldat disparu, nommé Ollivier ; il a été établi que ce funèbre débris n’appartenait nullement au corps de ce militaire.

De nouveaux cadavres ont pu encore être identifiés dans la matinée : ceux de Mme Fleisch, née Augustine Tamot, trente-huit ans, journalière, 124 avenue de Choisy ; et de M. Henri Cazier, soixante ans, 7, rue des Dames.

Le corps de Mme Joséphine Lalande, dont les obsèques auront lieu de matin, à huit heures et demie, avait été reconnu par M. Louis Thiéry, 12, rue de Clisson.

Le soldat Eugène Gillen, de la classe 1889, dont nous avons mentionné, hier, la reconnaissance, était marié et père de trois enfants, il demeurait 20 rue de l’Hôtel de Ville. Blessé au front, il avait été versé dans l’auxiliaire et affecté, comme convoyeur, à la 22e section.

En terminant, signalons un nouveau décès : le soldat Antoine Siano, du 3e colonial, né le 24 aout 1887, à Bône, blessé dans la catastrophe, est mort, hier, à la Pitié.

La catastrophe de la rue de Tolbiac - 20 octobre 1915


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L'accident du 23 juillet 1915

Saviez-vous que... ?

Fin juin 1892, M. Jules Beaufils, souffleur du théâtre des Gobelins, était hier à son poste lorsque, au troisième acte de la pièce l'Oiseau bleu, au moment où les spectateurs palpitaient sous l'intérêt du dénouement, la jeune-première, trahie par sa mémoire, manqua soudain la réplique.
S'approchant un peu de la rampe, elle attendit les premiers mots ; mais le souffleur resta muet.
On crut que le souffleur dormait, et des appels désespérés partirent de la rampe, jetés par les artistes en détresse. Mais tout fut inutile : le pauvre homme avait succombé à une affection cardiaque.
Cet incident, qui a vivement ému le public, a trouble un moment la représentation, qui a pu être terminée avec le concours d'un remplaçant.

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En février 1893, le conseil municipal de Paris, sous la conduite de M. Ernest Rousselle, décidait ce qui suit pour le 13ème arrondissement : Ouverture de la rue Bobillot, entre la place d'Italie et la rue du Moulin-des-Prés ; ouverture de la rue Caillaux ; mise en état de viabilité de la rue Croulebarbe ; ouverture d'une voie nouvelle, de la rue de Tolbiac à la gare d'Orléans-Ceinture ; prolongement de la rue Jeanne-d'Arc ; achèvement de la rue Pascal ; ouverture de la rue des Messageries ; mise à l'alignement de la ruelle des Gobelins.

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L'école 8 rue Kuss, a été construite en 1934, par l'architecte Roger-Henri Expert, qui utilisa largement le béton.

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Ce fut en 1818 que l’espace compris entre l’hôpital de la Salpêtrière, l’ancien mur d’octroi et le boulevard de l’hôpital et qu’on appelait alors le village d’Austerlitz, fut enfermé dans Paris dont le mur d’enceinte fut reporté plus loin ; ce village ne comptait que trois rues : la grande rue d’Austerlitz, le chemin des Étroites-Ruelles et la rue des Deux-Moulins ; deux autres chemins furent alors convertis en rues sous les noms de rues Bellièvre et Bruant. Sur l’emplacement du village d'Austerlitz, on forma les chemins de ronde des barrières de la Gare et d’Ivry, la place de la barrière d’Ivry, les rues de la barrière des Gobelins, de l’Hôpital général et de Villejuif ; enfin on construisit la barrière d’Ivry et l’abattoir de Villejuif. C’est, nous dit H. Gourdon de Genouillac dans son « Histoire nationale de Paris et des Parisiens, depuis la fondation de Lutèce jusqu’à nos jours », depuis la suppression des barrières, le quartier de la Salpêtrière.

L'image du jour

Le boulevard de la Gare (Vincent-Auriol #Paris13) à la hauteur de la cité Doré

... et face à la Raffinerie Say, le tout avant la construction de la ligne 6 du métro.
Les rails que l'on devine au premier plan, en bas à droite, sont ceux du tramway venant de la rue Jeanne-d'Arc.