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 Bergère d'Ivry - Le procès - Journal des débats politiques et littéraires — 28 juillet 1827

COUR D'ASSISES DE LA SEINE.

Accusation d'homicide sur la personne de la bergère d’Ivry.

Journal des débats politiques et littéraires — 28 juillet 1827

De nombreux spectateurs, parmi lesquels des dames élégamment parées sont en majorité, ont rempli de bonne heure la salle d’audience. À dix heures et demie, après le tirage au sort des jurés, Ulbach a été amené par des gendarmes sur le barre des accusés ; il est vêtu d’un habit et d'un pantalon bleus avec un gilet noir. Ses cheveux sont blonds, son teint est pâle, sa complexion maigre, sa figure est douce, son maintien calme. On lui donnerait à peine dix-huit ans. Il a déclaré être âge de vingt ans, et se nommer Honoré-François Ulbach, garçon marchand de vin, rue Royale, au Marais, n° 15.

M. Grandin, greffier d'audience, donne lecture de l’acte d’accusation dont nous avons fait connaître hier les principaux détails. Il en résulte que Honoré-François Ulbach est accusé d'avoir, le 25 mai dernier, commis un homicide volontaire et avec préméditation sur la personne d'Aimée Millot, âgée de dix-neuf ans, connue sous le nom de la bergère d'Ivry.

M. Hardoin, président de la Cour, a fait subir l’interrogatoire suivant à l'accusé :

D. Avant d'entrer chez le sieur Aury, marchand de vin, n’avez-vous pas été enfermé à la maison de Poissy, pour vagabondage ? R. Oui, Monsieur.

D. Y avez-vous été détenu plusieurs fois ? R. Non, Monsieur.

D. Vous n'avez donc pas été condamné pour vol en 1824 ? R. Non, Monsieur.

D. Alors, la note que j'ai sous les yeux ne serait pas exacte ; vous n'auriez donc clé condamné qu'une seule fois à quinze mois de prison, et vous les auriez passés à Poissy ? R. Une partie à Poissy, et une partie à Sainte-Pélagie.

D. N'avez-vous pas parlé à plusieurs personnes, et notamment à la fille Justine Pioche, de votre attachement pour la fille Millot ? — R. Oui, Monsieur.

D. La fille Millot ne vous a-t-elle pas dit que sa maîtresse, Mme Detrouville, ne voulait point qu'elle continuât de vous voir, et ne vous a-t-elle pas rendu différents cadeaux que vous lui aviez faits, notamment des oranges et une bouteille de liqueur ? R. (Après quelque hésitation) : Je m'en souviens.

D. Avez-vous conçu de la haine contre la dame Detrouville à ce sujet ? R. Non, Monsieur.

D. Cependant, vous avez écrit une lettre (voir le Numéro d’hier) où vous avez dit que le fer avec lequel vous aviez tué la fille Millot lui était réservé, parce qu'elle avait mis obstacle à votre inclination. R. Je ne m’en souviens pas.

D. N'avez-vous pas vu plusieurs fois la fille Millot avec un jeune homme, et n'avez-vous pas cru qu'elle aimait ce jeune homme. — R. Oui, Monsieur.

D. Vous avez déclaré vous-même au commissaire de police et au juge d'instruction que vous en étiez jaloux et que vous aviez eu l'intention de vous venger de ce jeune homme-là. —R. C'est possible, mais je ne me le rappelle pas.

D. Vous avez quitté le sieur Aury, votre maître, le 18 mai ? —R. Oui, par suite d'une contrariété au sujet d'une maladresse que j'avais faite en gerbant une feuillette de vin. Je lui avais un peu flétri le doigt avec une hache, et il m'a rendu le coup avec un chandelier. Alors j'ai ôté mon tablier, et j'ai quitté la maison.

D. Cependant votre maître a donné, à votre sortie, un tout autre motif, et vous avez dit vous-même, devant le juge d'instruction, que vous n'aviez quitté Aury que pour prendre l'occasion de voir la fille Millot qui demeurait dans le voisinage. Vous avez déclaré, dans un autre interrogatoire, que vous étiez sorti de chez votre maître dans l'intention d'exécuter votre fatal dessein sur Aimée Millot. R. Non, Monsieur.

D. Vous êtes allé ensuite passer huit jours chez la femme Champenois ; la fille Millot ne vous a-t-elle pas écrit en vous renvoyant différentes choses que vous lui aviez données ? —R. Oui, Monsieur.

D. Ne disait-elle pas dans cette lettre qu'il fallait absolument rompre toutes relations entre vous ? R. (Après une longue hésitation.) Je ne m'en souviens plus, ma mémoire ne me fournit pas ces détails.

D. Le 25 mai, dans la matinée, vous avez acheté un couteau rue Descartes, à un marchand ferrailleur ? R. Je crois qu'oui.

MM. les jurés se plaignent de ne point entendre l'accusé parce qu'il s'exprime trop bas. La question étant répétée, Ulbach répond : J'ai acheté ce couteau pour faire un treillage chez la dame Champenois.

D. Vous avez déclaré devant le juge d'instruction que vous aviez pris ce couteau pour ôter la vie à la fille Millot. — R. Il est possible que mon juge d'instruction ait mal interprété ma réponse.

M. le président lit l'interrogatoire écrit de l'accusé, d'où il résulte qu'il a acheté le couteau pour s'en servir contre Aimée Millot, si elle ne voulait pas quitter le jeune homme qui lui inspirait des sentiments de jalousie.

Ulbach : Je ne me rappelle pas du tout avoir dit cela à M. le juge d'instruction ; je pense qu'il aura mal interprété mes déclarations.

M. le président : Il est impossible que le juge d'instruction se soit trompé sur une réponse aussi claire. —R. Je n'avais d'autre intention que de me servir du couteau pour achever un treillage. Le 25 mai, j'ai rencontré dans la rue M. Constantin, qui venait me prier, de la part de M. et Mme Aury, de rentrer chez eux. J'allais m'y rendre, lorsque malheureusement je fis la rencontre d'Aimée.

On représente à l'accusé le couteau qui a servi à donner la mort à Aimée Millot : il le reconnaît ; l'accusé reconnaît également un autre couteau dont il a déclaré au juge d'instruction qu'il n'avait pu se servir pour exécuter son dessein , parce que la lame en était trop faible.

D. N’aviez-vous pas essayé ce couteau sur une planche ou quelque autre chose, et la lame n'en avait-elle pas ployé ? R. Non, Monsieur.

D. Comment se fait-il que vous soyez convenu le 2 juin que vous avez acheté ce couteau dans une intention criminelle ? R. C'est une chose que je ne peux pas expliquer.

D. Ne lui avez-vous pas demandé, eu la rencontrant le 25 mai, le nom du jeune homme qui vous inspirait de la jalousie ? — R. Non, Monsieur, c'était longtemps auparavant.

D. Vous avez frappé la fille Millot ? — R. Oui.

D. Qui vous a déterminé à la frapper ? R. C'est à la suite d'une discussion que nous avions eue ensemble.  

D. Sur quoi portait cette discussion ? —R. Sur ce qu'elle me dit que sa bourgeoise ne voulait plus que je la fréquentasse. Elle me dit que j'étais un suborneur, un ravisseur ; que j'avais intention de la tromper. Moi, qui n'avais que des intentions, honnêtes, je crus qu'elle plaisantait. Loin de là, elle me fit toujours les mêmes discours. Je répondis : Que prétendez-vous dire ? est-ce là la chose que vous pouvez me reprocher ? ai-je jamais paru vouloir vous subtiliser et vous tromper. Elle dit : Si vous avez voulu me tromper ? Madame le sait aussi bien que moi : vous ne cherchez qu'à me subtiliser. Alors, me trouvant hors de moi-même je l’ai frappée.

D. Ne l'avez-vous pas pressée de vous nommer le jeune homme avec qui vous l'aviez vue ? R. Non, Monsieur.

D. Vous l’avez dit devant le juge d'instruction, et dans les termes les plus détaillés. Vous lui avez porté cinq coups., tant dans la poitrine que dans le dos. — R. Je ne les ai pas comptés.

D. Vous êtes revenu ensuite voir si vous l'aviez frappée à mort. R. Cela se peut.

D. Vous avez déclaré au juge d'instruction que vous aviez voulu voir si, dans les trois coups de couteau que vous aviez portés par devant, il y en avait un de bon Vous ne croyiez pas alors avoir donné la mort à Aimée, car vous lui avez écrit une lettre pour lui renvoyer son anneau.

Pendant la lecture de cette lettre insérée clans notre Numéro d'hier, l'accusé ne montre aucune émotion.

M. le président lit ensuite une lettre adressée par l'accusé aux fils de la dame Champenois ; on y remarque les passages suivants :

« Les malheurs ne m'ont jamais abandonné. Dès les premiers jours de ma naissance, je n'ai vécu que pour les déshonorer, et porter enfin ma tête sur l'échafaud… J'ai accompli mon fatal dessein ; je ne suis pas encore arrêté ; j'expie par les remords le crime que j'ai fait ; je n'ai pas le courage de me donner la mort. Plaignez votre malheureux ami. »

La lettre menaçante écrite par l'accusé à Mme Detrouville est également lue par M. le président. Pendant ce temps, Ulbach promène des regards distraits sur l'auditoire.

D. Qui donc semblez-vous chercher dans la salle d'audience ? Ne résulte-t-il pas de cette lettre que vous méditiez une vengeance contre la dame Detrouville ? — R. Non, Monsieur.

D. Pourquoi vous êtes-vous présenté de vous-même au commissaire de police ? — R. J'avais appris qu'un homme était arrêté. Je n'ai pas voulu qu'il fût puni, ou du moins qu'il fit de la prison inutilement, puisque moi seul j'étais coupable.

Julie Saumon, âgée de dix ans, compagne de la bergère Aimée Millot, est le premier témoin entendu. Cette petite fille d’abord tremblante, mais rassurée par la présence de sa mère, dépose d’une manière circonstanciée. J'étais, dit-elle, aux champs avec Aimée Millot. M. Honoré (Ulbach) vint, ils causèrent un peu, je n'entendis pas ce qu'ils disaient. Aimée Millot me pria d'aller chercher une tasse d’eau, je l’apportai, Honoré ne voulut pas la laisser boire. Elle demandait à rentrer, à cause de l'orage qui s'approchait, il ne voulut pas. Aimée m’envoya chez Mme Detrouville. Comme je revenais, je vis Honoré qui lui portait des coups de poing, et la renversait la tête par terre. Je criai à la garde. Honoré tira alors de sa poche un couteau dont il lui porta des coups. J'appelai du secours de toutes mes forces.

Le sieur Alexandre, blanchisseur, déposé qu’il est arrivé après l’événement. Il a vu de loin le meurtrier ramasser son chapeau, l’enfoncer à deux mains sur la tête et prendre la fuite. Aimée Millot était tombée, la tête dans une ornière. Le témoin s'approcha, la releva, et la trouvant ensanglantée, a demandé quel était son assassin. Pour toute réponse l’infortunée entrouvrit l'œil, et répandit une grosse larme. Elle expira une demi-heure après sans avoir proféré une parole.

Plusieurs autres témoignages ne font connaitre aucune circonstance nouvelle.

Les docteurs eu médecine qui ont fait l’autopsie du cadavre de la victime rapportent une circonstance qui prouve la pureté de ses mœurs.

La dame Detrouville, veuve d'un ancien ingénieur et propriétaire, avenue d'Ivry, dépose qu'elle était extrêmement attachée à Aimée Millot, sa domestique. S’étant aperçue, dit-elle, qu’Ulbach avait des relations avec elle, parce qu'il l'avait prise à bras-le-corps, comme pour l’embrasser, je lui en fis des reproches Nous avez donc un amoureux ? lui dis-je. Ah ! répondit-elle, il n'est pas dangereux. Un moment, après, Ulbach revint. Je lui dis que je ne voulais pas souffrir d’amoureux chez moi. Il dit : Je viens chercher des œufs de la part de M. Aury. Je répondis sèchement que je les enverrais. Lorsqu’il fut parti, Aimée me dit : Voyez ce qu'il a mis dans mon panier. Je vis qu'il y avait un fichu de peu de valeur, une demi-bouteille de cassis et deux oranges. Je lui fis à ce sujet des remontrances, en disant que toute fille qui recevait des cadeaux d'un homme les payait de sa vertu. Ah ! mon Dieu, dit-elle, ce n’est pas mon intention. Il fut convenu qu'elle renverrait la liqueur et le fichu dans le panier; mais elle garda les deux oranges, comme sans conséquence.

D. Savez-vous si les relations d'Ulbach avec Aimée Mulot étaient d'une époque antérieure ? — R. Je ne m'en étais jamais aperçue. Elle ne sortait jamais seule ; quand elle faisait une commission elle revenait très promptement ; c'était un excellent sujet, très sage, très posée et très modeste. Le dimanche elle se promenait avec la famille de la petite Julienne que vous avez entendue. Le père est portier dans une bonne maison, c'est un homme très respectable ; quelquefois, un jeune homme, cousin-germain d'Aimée, allait se promener avec eux. Comme Aimée ne voulait pas aller aux champs toute seule, je payais la petite Julienne pour l'accompagner. Le jour de l'événement, je ne voulais point la laisser aller aux champs ; elle insista, parce que les chèvres n’étaient presque pas sorties pendant l'hiver. Je mis dans son panier du pain, du jambon, de l'ouvrage et un livre (elle aimait beaucoup la lecture, je lui avais appris à lire.) À quatre heures trois quarts j'entendis crier par la croisée qu'Aimée était assassinée. J'y courus tout éperdue, la chose n'était que trop vraie.

M le président : Accusé, qu'avez-vous à dire ?

Ulbach : Rien.

Le sieur Aury, marchand de vin, dépose qu'après avoir pris à son service Ulbach avec quelque répugnance, parce qu’il sortait de la prison de Poissy, il fut d'abord content de lui. Bientôt Ulbach se dérangea par suite de son amour pour la fille Millot. Quand il la voyait passer, il sautait par-dessus le mur pour aller causer avec elle. Ces amourettes, dit ce témoin, finirent par m'ennuyer ; je le renvoyai, nous nous raccommodâmes. Le 18 mai je le renvoyai encore, mais s'il m'avait dit un mot la veille du jour qu'il a commis son crime, lorsqu'il a passé devant ma porte avec deux autres jeunes gens, je l'aurais repris.

D. La fille Millot paraissait-elle lui être attachée ? —M. Aury : Il fallait qu'elle eut un penchant naturel pour lui, car elle se détournait d'une demi-lieue pour faire paître ses chèvres devant ma porte. Je le grondais, mais je le laissais faire, comme de raison ; il faut bien que jeunesse se passe, et, pourvu que l'ouvrage marche, on fait l'aveugle.

D. Ne lisait-il pas les journaux qui rendent compte des affaires criminelles ? M. Aury : Quand il lisait un de ces journaux-là, il disait : Tenez, il m'en arrivera autant ! Puis il déclamait, comme s'il jouait la comédie.

D. Quel était son caractère ? M- Aury : Il était tout ahuri, il est sorti braque de chez moi comme il y était entré.

Ulbach déclare à ce sujet, qu'ayant perdu sa mère à l'âge de dix ans et demi, il en perdit quelque temps la raison ; et que pendant quarante jours il fut mis à l'hospice comme aliéné.

M. le président et M. l'avocat-général font observer que c'est la première fois qu'une telle assertion est émise dans la cause.

Le sieur Herbelin, camarade de l'accusé, rapporte qu'Ulbach se livrait sans cesse aux plus affreux pressentiments et qu'il disait qu'il porterait sa tête sur l'échafaud. Sur la demande s'il en voulait à quelqu'un, Ulbach répondit qu'il était jaloux d'Aimée Millot, à cause d'un jeune homme, et qu'il la tuerait. — Ulbach : Je n'ai jamais dit cela.

La demoiselle Pioche rend compte de faits semblables. Quand on lui parlait d'Aimée Millot, ou qu'il la voyait, il avait la tête connue perdue. Quand il entendait crier des arrêts de condamnation à mort, il contrefaisait les crieurs, et disait : On criera un jour mon arrêt comme cela. Il enfonçait son couteau dans le plancher, et faisait toutes sortes de démonstrations, comme s'il eût pensé à se venger de quelqu'un.

Le sieur Dupain, coutelier, qui a vendu le couteau, dépose que ce n'est pas huit jours avant l'événement, mais le 25 mai que l'accusé l'a acheté.

Ulbach, interpellé sur ce fait, se rétracte, et convient qu'il a acheté le couteau le jour même, et deux ou trois heures avant l'événement.

Un jeune ouvrier déciare que dans la soirée du 25 mai, Ulbach lui dit en revenant : Crois-tu que si quelqu'un recevait un coup dans le dos, il en mourrait ? Je répondis : Oui, certainement ; mais, pourquoi cette question ? est-ce que tu aurais envie de faire un mauvais coup ? Ulbach ne répondit rien, et s'éloigna en souriant.

M. le président : Ulbach, avez-vous fait cette question ? Ulbach : Oui, Monsieur, c'était parce que j'espérais qu'Aimée Millot n'en mourrait pas.

M. le président : Et c'est immédiatement après que vous écrivez à cette fille, que tout votre regret est de l'avoir manquée.

Me Charles Duez, avocat, prie M. le président d’ordonner, en vertu de son pouvoir discrétionnaire, que M. le docteur Marc, présent à l'audience, sera entendu sur l'état moral de l'accusé.

M. le président : M. le docteur Marc n'ayant ni connu ni examiné l'accusé, je n'interrogerai pas M. Marc sur des faits dont il ne peut avoir connaissance.

M. de Broé, avocat-général, après avoir soutenu avec force la préméditation, appelle contre Ulbach toute la sévérité du jury. La société, dit-il, vous confie un devoir rigoureux, vous saurez l'accomplir.

Me Charles Duez, défenseur de l'accusé, le présente comme voué dès sa naissance à une longue série de malheurs. Il devait le jour à une union illégitime, il connut à peine son père, et sa mère survécut peu de temps à l'abandon de l'homme qui l'avait séduite. Ulbach fut mis dans une de ces maisons où la charité donne du pain à l'infortuné, il en sortit avec un cœur ardent et né pour aimer avec transport. Aimée Millot devait lui inspirer sa première passion et en être la première victime.

Le défenseur discutant les questions de volonté et de préméditation, s'attache à démontrer la démence d'Ulbach d'après la déposition du sieur Aury, son patron, et d'après le dire d'autres témoins. Il cite, d'après les ouvrages des docteurs Pinel, Georget, Fodéré, Adelon, Esquirol, de nombreux et effrayants exemples de ce qu'on appelle aujourd'hui la manie sans délire. Vous vous souvenez encore, dit-il, de cette Henriette Cornier qui, sans aucun motif, a tranché la tête d'un enfant, et cependant Henriette Cornier vit encore…

M. le président : Vous devez savoir que la femme Cornier a été déclarée coupable, et qu'elle expie son crime.

Me Duez : Au moins la préméditation a été écartée.

Le défenseur termine sa plaidoirie en invoquant la commisération des jurés. Si vous voulez punir Ulbach, s’écrie-t-il, laissez-le vivre ! Son existence future ne sera-t-elle pas vouée aux regrets et aux remords ? Plaignez ce malheureux, mais ne l'immolez pas.

M. de Broé, avocat-général, a répliqué pour ne point laisser sans réfutation des doctrines fâcheuses pour la société.

Le défenseur a répliqué à son tour.

M. Hardouin, président, a fait un résumé lumineux et impartial de tous les moyens employés dans les débats, tant à l'appui de l'accusation qu'en faveur de la défense. La délibération des jurés a duré trois quarts d'heure. Le chef du jury a lu d'une voix émue et altérée la déclaration portant : Oui, l'accusé est coupable avec la circonstance aggravante de préméditation.

M. l'avocat-général a requis la peine prononcée par les articles 296 et 382 du Code pénal (la mort).

Interpelé s'il avait quelque chose à dire sur l'application de la loi, Ulbach a gardé le silence.

La Cour, après une courte délibération dans la Chambre du conseil, a condamné Ulbach à la peine de mort.

Le condamné a écouté cet arrêt avec le plus grand sang-froid. Il a dit en se retirant : Je n'en rappelle pas. Il a cependant trois jours pour se pourvoir en cassation.



Dans la presse...


Le Puits artésien de la Butte-aux Cailles

L'achèvement prochain des travaux du puits artésien de la place Hébert est venu nous rappeler un autre puits du même genr dont le forage fut commencé presque à la même époque que celui du puits des hauteurs des Belleville, mais tombé complètement dans l'oubli depuis une vingtaine d'années : nous voulons parler du puits artésien de la Butte-aux-Cailles. (1889)

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Un nouveau boulevard pour le 12e arrondissement ?

Cette voie s'ouvrira en face la place de la Collégiale et viendra déboucher sur le boulevard extérieuraprès avoir coupé le faubourg Saint-Jacques. (1858)

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En 1897, il y avait un magasin de porcelaine au 196 de l'avenue de Choisy dans laquelle le cheval du fiacre n°7119 entra le 26 mars…

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A la barrière des Deux-moulins, le bal de la Belle Moissonneuse était fréquenté par les maquignons.

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La statue de Jeanne d'Arc, dûe au sculpteur Emile-François Chatrousse (1829-1896), installée boulevard Saint-Marcel n'est pas unique. Un second tirage est installé à la Maison de la Légion d'Honneur à Saint-Denis.

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Le 26 aout 1866, un important incendie se déclarait dans l'entrepôt de la compagnie des omnibus situé rue Tiers (actuelle rue Paulin Méry), derrière la place d'Italie, entrainant l'évacuation en urgence de 80 ou 250 chevaux selon les sources.

L'image du jour

Rue de la Fontaine-à-Mulard