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 Accusation d'assassinat contre le sieur Ulbach. (1827)

Accusation d'assassinat contre le sieur Ulbach.

Le Constitutionnel du 11 juillet 1827 reproduisant un article de la Gazette des Tribunaux

C'est vendredi 20 juillet que comparaîtra devant la cour d'assises le nommé Jean-François Ulbach, accusé de l'assassinat de la bergère d'Ivry. Voici les principaux faits qui résultent de l'acte d'accusation :

En fait Ulbach est âgé de 20 ans. Et ses prénoms sont Honoré François.

Ulbach est âgé de 26 ans ; il perdit sa mère à l'âge de 12 ans. Il passa quelque temps à l'hospices des Orphelins, rue Saint-Antoine, en 1822, et fut plus tard condamné comme vagabond à-rester pendant 18 mois dans une maison de correction. Il était, au moment du crime, au service du sieur Aury, marchand de vins-traiteur aux Nouveaux-Deux-Moulins. Ç'est là qu'il avait eu occasion de connaître une jeune fille d'environ 19 ans, qui était domestique chez la veuve Detrouville, rentière, demeurant avenue et commune d'Ivry, n° 10. Cette fille, nommée Aimée Millot, venait plusieurs fois par semaine apporter des œufs chez le sieur Aury, et gardait habituellement des chèvres sur le boulevard extérieur du côté de sa maison. Ulbach avait conçu pour elle une passion violente, et ils avaient de fréquentes entrevues.

Mais au mois de janvier dernier, la veuve Detrouville s'étant aperçue de cette intrigue avait fait des représentations à la jeune Millot, en lui signifiant qu'elle ne la garderait pas chez elle si elle continuait à fréquenter Ulbach. La fille Millot avait promis de rompre avec lui, et même s’était engagée à rendre plusieurs cadeaux de peu de valeur qu'elle en avait reçus. Elle exécuta sa promesse en déclarant à Ulbach qu'il fallait absolument cesser de se voir.

Ulbach ne voulut rien recevoir, et, loin de le refroidir, la déclaration de la jeune Millot ne fit qu'exciter sa jalousie. Son caractère devint triste et sombre ; il négligeait son service ; tout ce qui avait trait à des affaires criminelles, et particulièrement à des assassinats, lui causait une vive impression ; il lisait avec avidité les écrits et les journaux où il pouvait trouver des détails sur les différents crimes dont la connaissance était déférée aux tribunaux. Son agitation, après ces lectures, était extrême, et plusieurs fois il lui arriva de dire à Herbelin, son camarade : « C'est un grand malheur ; on ne sait pas ce que Dieu nous garde ; je crois que je finirai sur l'échafaud. » Puis, avec la contenance et le ton des crieurs publics, il prononçait lui-même son arrêt de mort. À d'aussi noirs pressentiments succédaient, parfois aussi les accès d'une gaîté extraordinaire ; mais bientôt Ulbach redevenait sombre, taciturne, et versait des larmes en abondance.

Le vendredi 25 mai dernier, Aimée Millot fut envoyée par sa maîtresse, vers trois heures après midi, chez une grainetière, avenue d'Ivry, n° 7. Ulbach l'aborda, l'air hagard, la figure décomposée. Aimée Millot lui dit qu'elle ne pouvait lui parler ; elle se rendit au boulevard des Gobelins, où l'avait devancée la nommée Julienne Saumon, qui souvent gardait les chèvres avec elle. Bientôt après, toutes deux furent abordées à peu de distance de la rue Croulebarbe, par Ulbach, qui lia conversation avec la fille Millot, et chemina avec elle jusque dans cette rue.

Julienne Saumon voyant alors qu'un orage allait éclater, et entendant gronder le tonnerre, appela la fille Millot et l'engagea à rentrer au logis. Elle ne s'en ira pas, dit alors Ulbach, et au même instant il lui asséna plusieurs coups de poing dans le dos et la renversa par terre ; puis tirant de sa poche un couteau, il lui en porta plusieurs coups.

La jeune Saumon, témoin de cet attentat, ne put que crier : À la garde ! Elle vit Ulbach ramasser son chapeau et prendre la fuite ; elle s’approcha, et l'infortunée Millot ne put lui dire que ces paroles : Ma petite Julienne, je suis morte, va chercher Madame.

Le couteau qui avait servi d'instrument au crime fut trouvé dans une blessure faite au bas de l'épaule gauche ; il y était resté enfoncé jusqu'au manche. La malheureuse victime expira au bout d'une heure. L'autopsie du cadavre fit connaître que la mort avait été occasionnée par trois blessures qui, traversant la poitrine, avaient attaqué les poumons.

Ulbach se rendit chez la femme Champenois, marchande de mottes, rue des Lyonnais. Il arriva pâle, défait, tout trempé par la pluie qui tombait par torrents ; il dit qu'il venait de la barrière du Maine ; et qu'il avait tant couru qu'il en avait un point de côté. Les deux fils de cette femme et un troisième individu se trouvaient là. « Si on te donnait, dit Ulbach à l'un d'eux, un coup de couteau entre les épaules, crois-tu que cela te ferait mourir ? » Bergeron lui répondit affirmativement, et lui demanda s'il avait l'intention de faire un mauvais coup. Ulbach eut l'air de sourire et s'éloigna.

Il écrivit à la fille Millot, une lettre dans laquelle il mit un anneau qui lui venait d'elle ; puis, ayant cacheté cette lettre avec de la cire noire, il fut lui-même la mettre à la poste. Cette lettre, qui fait pièce au procès, est ainsi conçue : « Mademoiselle, je vous envoie ces deux mots pour vous remettre l'anneau que vous m'avez demandé dans la lettre précédente. Je vous l'envoie ; mais c'est après vous avoir donné la mort. Je n'ai qu'un regret, c'est de vous avoir manquée. Adieu, perfide, l'échafaud m'attend ; mais je meurs content de t'avoir punie de ton crime.

Tout à toi,
Ulbach.
Mort, haine et vengeance ! ! ! »

Ulbach écrivit ensuite à la femme Champenois qu'il s'était rendu coupable du plus grand des crimes ; qu'il avait assassiné une fille aussi innocente qu'il était criminel ; qu'une jalousie féroce l'avait porté à commettre ce forfait, et, qu'il l'expiait par ses remords.

Le surlendemain, 27 mai, Ulbach écrivit aussi à la veuve Detrouville une lettre ainsi conçue : « Madame, c'est à vous que je dois l'excès où je me suis livré ; oui, c'est à vous à qui je dois la perte d'une épouse toujours chérie à mon cœur. Plusieurs fois, ces mots s'étaient échappés de notre bouche, et nous étions heureux ; mais vous, femme acariâtre, vous seule vous mettiez entrave à notre félicité. Ce fer vous était réservé ; mais songez que vous ne l'échapperez pas, si vous ne faites ce que je vous prescris. Puisque je ne puis rendre les derniers devoirs à mon épouse, faites-le pour moi. Songez bien de faire ce que je vous prescris de faire. Je vous envoie 5 francs ; rendez-vous de suite à l'église d'Ivry, et faites-lui dire une messe en l'honneur de ses malheurs et des miens. Je demande vos égards, car je suis plus à plaindre qu'à blâmer. Toutes vos recherches seront infructueuses. Le moment où vous recevrez ma lettre, je serai pour jamais englouti dans le néant. Signé, Ulbach. »

« P. S. Que cette lettre reste secrète entre vous et moi ; voilà la seule grâce que je vous demande. Le remords me déchire… ; je ne peux vivre davantage sans crime. »

On procédait aux recherches les plus actives pour découvrir la retraite d'Ulbach, lorsque le 5 juin un jeune homme se présenta chez M. Roger, commissaire de police au marché aux chevaux. Il avait l'air égaré, et, d'une voix entrecoupée, il demanda des renseignements sur l'assassinat de la jeune bergère. Comme on lui demandait, quels étaient ses motifs pour faire de pareilles questions, il déclara : c'est que c'est moi qui suis l'auteur de cet assassinat ! Il ajouta qu'il avait acheté le couteau chez un ferrailleur, rue Descartes ; qu'il ne s'était pas caché après le crime ; que le jour il errait de côté et d'autre, et la nuit couchait dans des maisons garnies près le Palais-Royal. « J'ai lu, dit-il ensuite, dans un journal, qu'un jeune homme avait été arrêté. Je ne veux pas avoir à me reprocher la mort ignominieuse d'un innocent. Cela l'emporte sur l'instinct de ma conservation ; et pour garantir celui-là du sort dont il est menacé, je suis venu me livrer entre vos mains. »

Ulbach a, depuis, réitéré ses aveux dans l'instruction ; il a déclaré qu'il avait eu également des projets d'homicide sur la veuve Detrouville, et qu'il regrettait de ne les avoir pas mis à exécution, parce que c'était elle qui avait exigé de la fille Millot de ne plus le voir.

(Gazette des Tribunaux.)


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Le Puits artésien de la Butte-aux Cailles

L'achèvement prochain des travaux du puits artésien de la place Hébert est venu nous rappeler un autre puits du même genr dont le forage fut commencé presque à la même époque que celui du puits des hauteurs des Belleville, mais tombé complètement dans l'oubli depuis une vingtaine d'années : nous voulons parler du puits artésien de la Butte-aux-Cailles. (1889)

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Les chasseurs de cabots

Un jour, j'entre au marché... aux chiens, situé sur le boulevard de l'Hôpital. Il y avait environ cent-cinquante ou deux cents de ces intéressants animaux les uns aboyaient, les autres jappaient, quelques-uns mêmes gémissaient. (1868)

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L’ouverture du chemin de fer de ceinture

Le terrain s'abaisse et la vue s'élargit ; voici le chemin de fer de Sceaux, puis la Glacière, Gentilly et en face une échappée de Paris, puis un coin tranquille, tout champêtre, presque silencieux, où coule la Bièvre, cette rivière parisienne ignorée. (1867)

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Les eaux thermales de la Butte-aux-Cailles

Nous avons pu rencontrer ce matin le sympathique conseiller municipal du treizième arrondissement, M. Henri Rousselle, sur l'initiative de qui les travaux avaient été poursuivis et qui, tout heureux du résultat obtenu, nous a donné sur le puits artésien de la Butte-aux-Cailles les renseignements suivants... (1903)

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Le dispensaire Emile-Loubet

Le quartier de la Gare était en fête hier, et la population de travailleurs qui l'habite a chaleureusement manifesté au Président de la République les sentiments de gratitude qu'elle nourrit à son égard pour la nouvelle preuve de sollicitude qu'il vient de lui donner en faisant édifier l'établissement philanthropique qui portera désormais son nom. (1905)

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Saviez-vous que... ?

En 1897, il y avait un magasin de porcelaine au 196 de l'avenue de Choisy dans laquelle le cheval du fiacre n°7119 entra le 26 mars…

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Pendant la Commune, la Place d'Italie fut brièvement dénommé Place Duval par les insurgés qui voulurent honorer la mémoire d'un de leurs chefs militaires.

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La statue de Jeanne d'Arc, dûe au sculpteur Emile-François Chatrousse (1829-1896), installée boulevard Saint-Marcel n'est pas unique. Un second tirage est installé à la Maison de la Légion d'Honneur à Saint-Denis.

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Pierre et Marie Curie, au moment où ils reçurent le prix Nobel de physique « en reconnaissance de leurs services rendus, par leur recherche commune sur le phénomène des radiations découvert par le professeur Henri Becquerel », habitaient au 108 du boulevard Kellermann, alors bordé par les fortifications crêtées de gazon vert, une petite maison dont la façade de brique rouge s’abritait derrière un minuscule jardinet, nid de verdure dont le silence était propice aux méditations scientifiques.

L'image du jour

Rue de la Fontaine-à-Mulard