Une conduite d’eau a éclaté boulevard Kellermann causant une véritable inondation
Le Petit Journal — 5 mai 1911
Pour la troisième fois depuis quelques mois, une conduite d'eau d'un mètre de diamètre a encore éclaté, hier, vers 2 h. 20 de l’après-midi cette fois boulevard Kellermann, en face du numéro 38.
L'eau qui s'est échappée de la conduite éventrée a causé des dégâts considérables sur une longueur de deux cents mètres environ. Le sol, au pied du glacis des fortifications s'ouvrit et une gerbe d'eau s'élança dans l'air avec une force effrayante.
À cet endroit, le boulevard Kellermann se sépare en deux voies, l'une qui passe au-dessus de la poterne des Peupliers, l'autre qui descend en une pente rapide jusqu'à la rue des Peupliers.

L'eau s'engouffra dans cette deuxième partie du boulevard qui fut, en un clin d'œil, transformée en un véritable torrent entraînant avec elle une masse considérable de terre, de pavés et de pierres qui vinrent s'amonceler au bas de la pente, couvrant la chaussée de la rue des Peupliers d'une masse de gravats d'un mètre d'épaisseur.
Bientôt deux larges fossés remplaçaient les trottoirs du boulevard et les réverbères placés à cet endroit ne tardèrent pas à tomber dans les tranchées ainsi creusées.
À deux heures et demie, les pompiers arrivèrent sur les lieux, mais ne connaissant pas les vannes ils furent impuissants à arrêter l'eau. Enfin, vers trois heures, M. Henri, inspecteur du service des eaux, arrivait avec une équipe d'ouvriers.
Malheureusement, à cet endroit, quatre conduites différentes se trouvent côte à côte. Dans leur précipitation, les ouvriers fermèrent une conduite non éventrée et privèrent d'eau tout un quartier de Paris pendant près d'une heure.
Ce n'est qu'à, 4 h. 1/2 que la conduite éventrée put enfin être fermée.
Il était temps, car l'eau qui s'écoulait avec peine dans la Bièvre, par les égouts, menaçait d'envahir le poste de l'octroi qui était déjà complètement isolé.
La conduite éventrée est constituée par un énorme tuyau de fonte d'un mètre de diamètre et de trois centimètres d'épaisseur. Elle amène de l'eau de Seine de l'usine élévatoire d'Austerlitz aux réservoirs du parc Montsouris .
M. Roulleau, conducteur des ponts et chaussées, et un ingénieur de la compagnie du gaz, se sont rendus sur les lieux pour juger des mesures à prendre.
Plusieurs heures après, de nombreux curieux que contenait avec peine un important service d'ordre organisé par M. Ringel, officier de paix du 13e arrondissement, contemplaient encore l'excavation de 6 mètres de large sur 8 mètres de long et 3 de profondeur, mettant à, découvert la conduite cause des dégâts.
Les grandes eaux du boulevard Kellermann
Les premières conduites maitresses de distribution d'eau dans Paris furent posées boulevard
Kellermann à partir de 1882. Jusqu'à la construction du tramway T3 qui impliquait d'écarter tout risque à leur égard,
ces conduites firent régulièrement parler d'elles dans la presse. Les accidents furent innombrables. Le premier accident
d'importance repéré eut lieu le 12 octobre 1886 à proximité de la rue du Moulin-de-la-Pointe. Il fut suivi d'un
autre fin mai de l'année suivante à la porte de Gentilly.
Des exemples significatifs de ces accidents sont réunis
ici.
1901
1903
1905
1911
- Rue des Peupliers, une trombe d'eau dévaste tout sur son passage (Le Journal, 8 avril 1911)
- Une conduite d’eau a éclaté boulevard Kellermann causant une véritable inondation (Le Petit-Journal, 5 mai 1911)
1912
- Les fortifications s'effondrent sur plus de cent mètres (Le Journal, 28 janvier 1912)
- Une inondation boulevard Kellermann (Le Figaro, 28 janvier 1912)
- Un éboulement aux fortifications ( Le Petit-Parisien,28 janvier 1912)
- L'Accident de la Poterne des Peupliers a fait 300,000 francs de dégâts (Le Journal, 29 janvier 1912)
1925
- Une conduite d'eau crève boulevard Kellermann (Excelsior, 10 janvier 1925)
- Les petits malheurs du boulevard Kellermann (L’Intransigeant, 12 janvier 1925)