Un jour dans le 13e

 paris-treizieme.fr — L'affaire des Gobelins

L'affaire des Gobelins

Proclamation d’Émile Duval

Le Rappel — 9 mars 1871

FÉDÉRATION DE LA GARDE NATIONALE
ÉTAT-MAJOR DU 13e ARRONDISSEMENT

Aux gardes nationaux du 13e arrondissement :

Vous nous avez choisis pour vous représenter auprès du comité de la fédération de la garde nationale, au moment où l'on vous imposait pour général en chef d'Aurelles de Paladines.

Le général a été destitué de son commandement par Gambetta, après la prise d'Orléans par les Prussiens.

Pourquoi ?

Il importe de préciser notre programme ; le voici :

1° Comme forme de gouvernement, nous affirmons que la République est au-dessus du droit des majorités ; en conséquence, nul n'a le droit de la mettre en discussion ;

2° Nous voulons que nos chefs supérieurs, général et état-major soient pris dans la garde nationale et nommés par elle. La garde nationale ne doit relever que d'elle-même.

3° Nous voulons que le pouvoir militaire soit subordonné au pouvoir civil.

Citoyens, hors du service nous dépendons de la municipalité ; citoyens armés, nous devons appuyer la municipalité dans les mesures qu'elle peut prendre pour la sécurité et l'indépendance de tous, et nous ne faillirons pas à notre devoir.

Citoyens, on parle de pillage d'armes et de munitions. Calomnie. On nous a amené des canons, et nous les entourons de nos faisceaux pour empêcher qu'on ne les tourne contre nous. C'est notre droit. Oui, nous voulons être forts pour empêcher l'effusion du sang.

Citoyens, nous ferons tous nos efforts pour arriver à l'union fraternelle qui, seule, peut cicatriser les plaies de la patrie.

Le chef de la commission nationale
du 13e arrondissement,
E. DUVAL.

Les commissaires adjoints :
Jolivet, Denis Benoît, Delage,
E. Paty, Brulefer,
Decoudrant, Fabre,
Duroc, F, Baudel.

On reviendra dans d'autres pages sur Emile Victor Duval qui n'avait plus qu'un mois à vivre après la publication de cette proclamation.

Le journal La Patrie, dans son numéro du 12 mars, la commentait ainsi :

" Voilà matière à un nouvel arrangement entre l’autorité et les citoyens fédérés. Puisque la persuasion est le système auquel on entend recourir désormais, pour maintenir dans l’obéissance de pareils énergumènes, il faudra de longues conférences pour amener ces citoyens à leurs curieuses prétentions. A moins que, pour donner satisfaction au dernier article de leur programme, le gouverment consente à désarmer, tandis qu’eux-mêmes resteront armés. Il ne nous appartient pas de préjuger la solution de ce nouveau conflit. "

Ce commentaire était un peu en avance sur son temps. On prendra pour exemple cette déclaration de Léo Frankel, autre élu de la Commune pour le 13e arrondissement qu'il fit, lors du débat sur l'instauration du comité de salut public à quelques jours de l'écrasement de l'insurection, :

" Quoique je ne voie pas l'utilité de ce comité, mais ne voulant pas prêter à des insinuations contraires à mes opinions révolutionnaires socialistes, et tout en réservant le droit d'insurrection contre ce comité, je vote pour."

Huit jours après la proclamation de Duval, la dictature insurrectionnelle de la Commune commençait...

Duval n'en était qu'à des débuts en matière de proclamation (il en fit finalement peu !). On lira, si on le souhaite, celle qui parut dans le journal officiel de la commune le 21 soit 3 jours après le début officiel de l'insurrection:

Une proclamation du citoyen Duval
 

Gravure parue dans l'Illustration


Le 13e avant et durant la Commune
(18 mars - 28 mai 1871)

Saviez-vous que... ?

En 1887, Camille Claudel vivait dans un atelier loué pour elle par Auguste Rodin, la Folie Neubourg ou Clos Payen, 68 boulevard d’Italie, actuel boulebard Blanqui

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Dès les années 1880, l'envoûtement de la Bièvre pour des raisons sanitaires était à l'ordre du jour mais on reculait car cela signifait la mise à mort de toutes les industries qui utilisaient l'eau de la Bièvre et faisaient vivre le quartier Saint-Marcel.

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Le mardi 7 aout 1923, on découvrit 5 squelettes enterrés au coin de la rue Damesme et de la rue Bourgon.

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Le 15 février 1883 des gardiens de la paix attrapaient une cigogne dans le jardin situé au milieu de la place d’Italie et remirent l’animal à M. Perruche, commissaire de police du quartier Croulebarbe qui l’envoya à la fourrière où elle mourut quelques jours après faute de nourriture adaptée.
A la déception de ceux qui croyaient que cette cigogne annonçait le printemps, il s’avéra qu’elle appartenait à un nommé Blochet, chimiste à Ivry, qui l’a fit empailler.

L'image du jour

La folie Neubourg sur le boulevard Auguste Blanqui, déjà en partie démolie.