Les abris pour les gardes nationaux
Le Figaro — 5 octobre 1870
La question des abris pour les gardes nationaux campés aux remparts ou sur les boulevards extérieurs mérite d'attirer l'attention, surtout à mesure que les nuits de viennent plus froides et plus difficiles, à passer. On nous signale, à ce sujet, un fait regrettable que nous croyons devoir livrer la publicité. Les 6e et 7e compagnies du 59e bataillon se trouvaient de garde, dans la nuit du 29 au 30 septembre, boulevard de la Gare, près de la raffinerie de M. Say. L'adjudant-major avertit que 120 hommes au moins pourraient s'abriter dans cet établissement La nuit arrivée, on s'y rendit, on ne trouva; qu'une cour au pavé, gras et humide, où l'on invitait les gardes nationaux à s'étendre pour passer la nuit.

On réclama du moins quelques bottes de paille : mais le concierge ou l'intendant ré pondit que, n'ayant pas reçu d'ordres, il ne pouvait rien donner.
Les capitaines, indignés de voir leurs hommes moins bien-traités que les bœufs parqués à côté d'eux, ordonnèrent volte-face et quittèrent la maison pour aller camper dans la rue, sur le trottoir, où les deux compagnies passèrent la nuit.
Nous n'aurions pas-ajouté foi à un fait aussi contraire aux lois les plus élémentaires de l'humanité, s'il ne nous était garanti par un des garder nationaux du 59e bataillon.