L’affaire de Villejuif
L’Opinion nationale — 24 septembre 1870 citée par la France du 25 septembre 1870
Porte d'Italie, midi et demi. Autant l'aspect des quartiers voisins du
théâtre de la lutte était navrant l’autre jour à la même heure, après le
combat de Châtillon, autant il est rassurant aujourd'hui. La victoire est
dans l’air ; mais il est bien difficile, aux bruits contradictoires qui
circulent, d’en apprécier encore exactement les résultats et la portée.
La porte d’Italie est sévèrement gardée : impossible de sortir de Paris. Il est interdit, en revanche, aux militaires de l’extérieur d’y rentrer, à moins qu’ils ne soient munis d’un laisser passer en règle. On a voulu, avec raison, rendre impossible le retour d’une nouvelle panique.
La 7e compagnie du 134e bataillon de la garde nationale sédentaire défile avec des trophées prussiens.
Un soldat porte un casque au bout de son fusil ; un autre, un sac ennemi. Un troisième montre avec orgueil un lourd boulet conique, à moitié aplati. On devine l’enthousiasme de la foule.

D'autres compagnies de la garde nationale, qui ont fait également des sorties, rentrent avec des branches d’arbres, en guise de lauriers, au bout de leurs fusils...
À une heure, le général Ducrot, suivi d’une nombreuse escorte d’officiers et de chasseurs à cheval, arrive au galop par l’avenue des Gobelins. Il est accueilli par des cris enthousiastes de : Vive la République !
Quelques instants après, nous croisons le général Le Flô, ministre de la guerre, qui, dans un modeste char-à-bancs, se rend, de son côté, sur le théâtre de la lutte. Il veut se rendre compte par lui-même des conséquences de la bataille.