La nouvelle nous étant venue que la préfecture de police avait l'intention
de fermer plusieurs des bals les plus excentriques de Paris, nous avons voulu
faire exactement connaître; à nos lecteurs ce que sont ces bals, et nous avons
fait dimanche et hier soir lundi une tournée dans quelques-uns des plus inconnus
d'entre eux.
Hâtons-nous de constater que cela ne veut, nullement dire que les bals dont
nous allons parler soient ceux que menace la préfecture. Ce sont seulement les
moins connus, nous le répétons.
Nous avons entrepris à quatre cette expédition pittoresque.
Voici, — sans narration de notre itinéraire, ce qui allongerait inutilement
notre récit, la description sommaire des établissements visités.
La Belle Moissonneuse
Barrière de Fontainebleau. Quand nous arrivons, nous entendons une voix perçante
qui sort d'un guichet, criant :
— C'est vingt centimes par tête !
Nous donnons seize sous, nous entrons. La voix perçante nous rappelle et
nous apprend; avec bienveillance qu'il y a un supplément de dix centimes pour
chaque quadrille «que; nous danserons » Il est vrai que les valses et polkas
sont gratis.
La salle est très grande, blanchie à la; chaux. L'estrade des musiciens est
à la hauteur d'un entresol.
Ce n'est pas drôle, allez, d'être musicien à la Belle Moissonneuse… L'un
des divertissements du lieu est de leur lancer des boulettes. On joue des saladiers
à qui attrapera le premier violon à la tête.
À la porte sont de planton deux gardes de Paris choisis parmi les plus solides.
On échange parfois des horions là-dedans, et, nous a dit quelqu'un de la
maison, ce sont les femmes qui sont le plus batailleuses. Elles se prennent
de querelle pour les don Juans de la place d'Italie.
Nous nous sommes intimement liés, à la Belle-Moissonneuse, avec un jeune
gentleman vêtu d'une vareuse et d'un pantalon à côtes enfoncé dans des bottes.
Il nous a affirmé que nous devrions venir plus souvent; que, si nous voulions,
il nous présenterait à des amies de « sa dame. »
Il nous a ensuite raconté avec une admiration évidente et rétrospective les
exploits de deux des célébrités de la Belle Moissonneuse, le Loup blanc et le
Cosaque, qui avaient une habitude d'enfance, celle de « manger le nez »
de tout individu dont la figure leur déplaisait. Il paraît qu'ils vous coupaient
le bout du nez avec une suprême habileté.
Tous deux sont à Cayenne aujourd'hui, En nous quittant, notre collaborateur
nous a remis sa carte, dont voici le fac-similé :
Un plan ayant pour but l'assainissement général du quartier de la Glacière et de la Bièvre et le dessèchement des marais qui rendent cette région à peu près inhabitable... (1881)
Cette grave affaire à laquelle nos confrères attribuaient, il y a deux jours, un caractère fantaisiste, est entrée dans une phase nouvelle qui forcera, nous l'espérons, les plus incrédules à s'incliner et à avouer que le service des informations de la Presse justifie une fois de plus sa réputation d'être un des mieux et plus exactement renseignés.
Les quartiers de la Gare, de la Maison-Blanche et de Croulebarbe ont été, hier, eu liesse à l'occasion de la visite du Président de la République. M. Félix Faure a présidé à la double inauguration du nouveau pont de Tolbiac et de la Crèche-Dispensaire de la Maison-Blanche. (1895)
Chaque soir, à la fête de la place d'Italie, Oscar faisait la joie des spectateurs par ses facéties, par le vacarme étourdissant qu'il menait. À lui seul, il faisait, recette. C'est dire si son patron avait une grande estime pour lui ...
Mme Victoire Arnaud, trente-deux ans, épouse divorcée de M. Gehier, est marchande des quatre-saisons. Elle demeure 7, rue Strau, et son travail opiniâtre lui a permis de faire quelques économies. Elle a pu soulager ainsi la détresse de son frère François Arnaud, vingt-huit ans, ouvrier en chômage, marié et père de cinq enfants.
Quand on visite les Gobelins, on ne peut s'éviter de remarquer l'état singulièrement délabré du célèbre établissement. C'est qu'en effet il saute aux yeux, et je ne sais pas de spectacle plus affligeant que l'apparente ruine de ce qui demeure, après plus de trois siècles, une des vraies gloires de la France. (1894)
L'humanité de quelques passants matinaux était choquée, hier, vers 5 heures, rue des Cordelières, par une scène effectivement étrange. Une marâtre — vraisemblablement — allant et venant sans souci de l'air frais, cruel aux petites bronches, promenait une voiture de bébé dans laquelle se distinguait un pauvre petit corps d'enfant.
Depuis les démolitions et les nouvelles percées faites à travers le 13e arrondissement, le quartier des Gobelins, autrefois si populeux comprend de vastes parties désertes. Une des causes de ce dépeuplement, est l'éloignement du marché aux chevaux, provisoirement transféré à la Halle aux fourrages du boulevard Montparnasse. (1870)