Le Journal des débats politiques et littéraires — 19 juillet 1914
Le Bulletin Municipal a enregistré l'expropriation, pour cause d'utilité
publique, d'un certain nombre de maisons du 13° arrondissement, situées rue
Jenner, boulevard de l'Hôpital, rue Esquirol, passage Crouin, place Pinel, cité
Doré, avenue Constance, avenue Constant-Philippe et boulevard de la Gare.
Vue aérienne de 1919 - Source : IGN - Remonter le temps
Il s'agit là de la réalisation d'une opération de voirie décidée depuis de
longues années le prolongement de la rue Jeanne d'Arc, ou plutôt la jonction
des deux tronçons extrêmes de cette rue.
La voie une fois terminée formera une rue de plus de 1,200 mètres, reliant
la rue Geoffroy-Saint-Hilaire à la rue de Patay, et menant en ligne droite du
Jardin des Plantes à la porte de Vitry.
Le tronçon à percer coupera en son milieu le triangle formé par les rues
Esquirol, Jenner et le boulevard de la Gare, éventrant ce qui subsistait du
petit village dit d’Austerlitz.
Il y eut là, en effet, il y a un siècle, un petit hameau indépendant, appelé
souvent village, qui prit en 1806, le nom glorieux d'Austerlitz et fut plus
tard rattaché à la capitale.
Extrait d'un plan de 1861 - La rue des Deux-Moulins deviendra la rue Jenner
en 1867
On le voit tracé sur le Plan cadastral de 1812, on le retrouve encore
sur le Plan routier de la Ville et de ses Faubourgs de 1818; il était
délimité par le bouIevard de l’Hôpital, l'abattoir de Villejuif et le boulevard
de la barrière d'Ivry, d'une part; puis il longeait les murs du jardin potager
de l'hôpital et s'étendait jusqu'à la Seine.
Trois rues coupaient l'agglomération la Grande-Rue (rue Esquirol), le Chemin
des Étroites-Ruelles ou Petite-Rue d'Austerlitz (rue de Campo-Formio), et la
rue des Deux-Moulins (rue Jenner).
Dans le Dictionnaire historique, topographique et militaire de tous les
environs de Paris de 1816, de P. de Saint-A…, Austerlitz est ainsi décrit :
« C'est une espèce de petit hameau qui se trouve hors barrière sur la rive
gauche de la Seine et près de la Salpêtrière et de la Verrerie.
Il est formé d'un rassemblement de maisons principalement de pêcheurs et de
guinguettes où le peuple de Paris va le dimanche manger les produits de la pêche.
On l'appelle Austerlitz depuis la construction du pont du même nom. Il est de
la dépendance de la commune de Vitry. »
L'auteur du dictionnaire fait erreur sur ce dernier point le petit hameau
dépendait d’Ivry. Il conservait vaillamment en 1816 son nom évocateur de la
victoire de 1805, alors que le pont d'Austerlitz avait dû en 1814 prendre le
nom de pont du Jardin du Roi, comme, à l'autre bout de Paris, le pont
d'Iéna devait à la même époque s'affubler du nom de pont des Invalides.
Austerlitz devait être peu après annexé à Paris l'événement est non de 1818
— mais de 1819, comme le rapporte Fernand Bournon, dans la monographie d'Ivry-sur-Seine.
« Une ordonnance royale du 6 janvier 1819 fit subir au territoire d'Ivry
une légère diminution du côté de Paris. L'enceinte, dite des Fermiers généraux,
suivait entre la barrière de Fontainebleau (place d'Italie) et la Seine le tracé
du boulevard de l'Hôpital, puis en retour d'équerre remontait le cours du fleuve
(quai d'Austerlitz) jusqu'à un point placé en aval du port de Bercy actuel.
L'ordonnance royale eut pour effet de faire suivre a l'enceinte, à partir de
la barrière de Villejuif (angle de la place Pinel), une ligne commune au mur
oriental de la Salpêtrière, renfermant ainsi cet établissement dans Paris, ainsi
qu'une partie du hameau des Deux-Moulins, qui jusque-là dépendait d'Ivry. »
Le Hameau des Deux-Moulins, c’est Austerlitz. On créa sur l'ancien
village un certain nombre de chemins de ronde (la rue Giffard actuelle en fut
un); les rues se transformèrent, des jardins et des parcs furent tracés sur
les anciens champs.
La rue Esquirol vue de la place Pinel. Dans le fond, le boulevard de l'Hôpital
Entre la rue Jenner et la rue Esquirol un passage s'ouvrit à travers des
potagers, dont on voit les emplacements, encore cultivés bordés d'anciens logis
villageois. C'est le passage Crouin baptisé du nom de son propriétaire. II va
être supprimé par le nouveau tronçon de la rue Jeanne-d'Arc qui amènera aussi
la disparition de la lugubre et lépreuse cité Doré, ou du moins de ce qu'il
en subsiste.
Le fondateur de cette cité, appelée à l'origine passage Paulmier-Doré, fut
un sieur Doré, rapporte M. Hector Pessard, fonctionnaire de l'Ecole polytechnique,
socialiste convaincu, qui transforma vers 1830 le parc qu'il avait créé là en
une petite cité ouvrière.
Elle se compose de quatre avenues (!) portant les unes les noms des enfants
de M. Doré, les avenues. Constance et Constant-Philippe ; les autres les
noms d'avenue de Bellevue et de Sainte-Marie.
Ces avenues sont de sombres ruelles éclairées, le soir venu, par des lampes
à huile perchées dans d'antiques réverbères aux vitres brisées.
Ces ruelles sont bordées d'une cinquantaine de petites maisonnettes basses,
tombant en ruine. La chaussée, au milieu de laquelle court un ruisseau infect,
est jonchée de sacs de chiffons, de paillasses éventrées, de tas d'os et de
croûtes de pain.
Des enfants, pieds nus, les cheveux hirsutes, courent par les ruelles, au
milieu d'un peuple de chats, de chiens, de poules.
C'est le domaine des chiffonniers qui vivent là en véritable tribu indépendante ;
la salle basse d'un obscur marchand de vin est leur centre de réunion. Tandis
que les hommes sont à la chine par les rues du quartier, les femmes et les enfants
sont installés au-devant des portes, sans souci du bruit des autobus et des
tramways qui roulent tout près sur le boulevard de la Gare et qui rouleront
bientôt sur la nouvelle voie qui passera en cet endroit, vrai foyer de tuberculose,
dont le Conseil de salubrité demandait la démolition depuis plus de trente ans.
C. Y.
Au milieu des années 30, le percement se faisait toujours attendre
et la partie nord de la rue Jeanne d'Arc conservait l'épithète de "prolongée"
Le projet de percement de la rue Jeanne d'Arc prit beaucoup,
beaucoup, beaucoup de retard et c'est finalement le 9 juin 1936 que fut inauguré
ce dernier tronçon.
Le terrain s'abaisse et la vue s'élargit ; voici le chemin de fer de Sceaux, puis la Glacière, Gentilly et en face une échappée de Paris, puis un coin tranquille, tout champêtre, presque silencieux, où coule la Bièvre, cette rivière parisienne ignorée. (1867)
Nous avons pu rencontrer ce matin le sympathique conseiller municipal du treizième arrondissement, M. Henri Rousselle, sur l'initiative de qui les travaux avaient été poursuivis et qui, tout heureux du résultat obtenu, nous a donné sur le puits artésien de la Butte-aux-Cailles les renseignements suivants... (1903)
Le quartier de la Gare était en fête hier, et la population de travailleurs qui l'habite a chaleureusement manifesté au Président de la République les sentiments de gratitude qu'elle nourrit à son égard pour la nouvelle preuve de sollicitude qu'il vient de lui donner en faisant édifier l'établissement philanthropique qui portera désormais son nom. (1905)
Avant que d'être un égout, la Bièvre, semblable en cela à tant d'autres cours d'eau avait eu ses caprices, et avait formé, entre ce qui est maintenant le boulevard Arago et l'avenue des Gobelins, un îlot coquet, au milieu duquel poussait, au hasard des apports du vent, une flore des plus variées. (1923)
En présence de M. et Mme Albert Lebrun a été inauguré hier, boulevard Kellermann, près de la porte d’Italie, le monument élevé à la gloire des mères françaises, œuvre des sculpteurs Bouchard et Dalcatone et des architectes Greber et Bigot. (1938)
D'une architecture utilitaire, le bâtiment accolé aux bains-douches, place Paul-Verlaine, aura son entrée spéciale conduisant à trois étages de 50 cabines chacun. Chaque étage aura sa couleur particulière, à laquelle répondront les couleurs des caleçons. (1921)
Mercredi matin, vers dix heures, a eu lieu un accident qui aurait pu prendre les proportions d'une véritable catastrophe. Une maison à plusieurs étages, située place Pinel, près de la barrière d'Italie, et portant le numéro 3, a subi soudain un affaissement assez considérable, et une profonde excavation s'est produite. On sait que tout ce quartier est construit sur les catacombes... (1883)
L'on sait que l'Assistance Publique a racheté la cité Jeanne-d'Arc pour faire démolir les noires masures qui la composent et édifier à leur place, sur les cinq mille mètres carrés qui s'étendent là, au fond de ce populeux quartier de la Gare, entre les rue Jeanne-d'Arc et Nationale, des maisons ouvrières à bon marché, gaies, saines et claires. (1912)
Un orage d'une violence extraordinaire s'est abattu hier après-midi sur Paris. Vers une heure, des nuages lourds venant du Sud-Est s'amoncelaient, et à deux heures et demie de grosses gouttes de pluie commençaient à tomber. (1901)
Depuis la mise en service, pour les messageries de Paris-Austerlitz, des vastes hangars, d'aspect solide, modernes, édifiés en bordure de la rue du Chevaleret, et dont l'entrée se trouve, ainsi que, nous l'avons dit, boulevard de la Gare, à Paris, une armée de travailleurs fait disparaître les anciens quais couverts de la rue Sauvage, ce qui aura pour, avantage de donner à ce coin plus d'air et, avec de petits bâtiments coquets, un cachet plus artistique. (1929)
On visitait ces temps-ci, dans la salle des Fêtes de la mairie du 13e, une agréable exposition de toiles, aquarelles, dessins, organisé par le Cercle des Gobelins. (1928)
Un employé la recette principale des postes, Pierre Jamais, âgé de quarante-huit ans, demeurant 19, rue Croulebarbe, avait de fréquentes querelles avec sa femme, de dix ans plus jeune que lui.
Dans la première circonscription du XIIIe arrondissement, M. Raymond Renaudière, qui a groupé sur son nom au premier tour près de 4.000 voix, est le seul candidat désigné pour battre au second tour le communiste dissident Gélis. (1932)
Une tentative criminelle que ne renieraient pas des scélérats endurcis a été commise par trois gamins de douze à treize ans contre un autre enfant, le jeune Lucien Delagne, âgé de douze ans, écolier, demeurant chez ses parents, honnêtes ouvriers, rue du Champ-de-l’Alouette.
Une enquête est ouverte, en ce moment, à la Préfecture de la Seine, sur le enquête est ouverte, en ce moment, à la Préfecture de la Seine, sur le projet des stations à établir sur le chemin de fer de Ceinture, dans les 13e, 14e, 15e et 16° arrondissements. (1862)
Dans le quartier Croulebarbe vit un perroquet centenaire, nommé Jacquot, magnifique ara gris, à queue rouge-pourpre, comme la trame d'un cardinal. Ce vénérable personnage habite depuis plus de quatre-vingts ans au sein de la même famille.
On a mis récemment à l'enquête un projet d'agrandissement de la Gare du chemin de fer d'Orléans, à Paris, qui consiste à étendre les dépendances de cette gare jusqu'au quai d'Austerlitz, par l'annexion de tout l'emplacement compris entre ce quai, la rue Papin et le boulevard de l'Hôpital. (1862)
Un drame navrant, stupide, cruel, a douloureusement ému, hier, le quartier Croulebarbe. Dans la paisible rue de la Reine-Blanche vivait, depuis dix mois, au numéro 28, la famille Vaissair, composée du père, de la mère, et d'une fillette de trois ans.