Dans la presse...

 La catastrophe de la Cité Doré - 25 octobre 1925

UNE MAISON VÉTUSTE DE LA CITÉ DORÉ S'EFFONDRE SUR SES OCCUPANTS

IL Y A SIX MORTS ET DEUX BLESSÉS DONT L'ÉTAT EST GRAVE

L'immeuble était depuis longtemps condamné par les architectes, mais en dépit des avertissements, de nombreux sans-logis étaient heureux d’y trouver un abri.

Le Petit-Parisien — 28 octobre 1925.

Place d'Italie. Tout à coup, on court, on crie. Un gamin lève le bras :

— C'est par là ?

— Quoi ?

— La maison… Une maison de quatre étapes qui s'a fichue par terre. A la cité Doré !

On court par des rues larges, aérées, aux belles maisons neuves. Un escalier de pierre aux marches branlantes, montant vers un terreplein, et l'on plonge tout à coup dans les ténèbres et la misère. Ah ! la cité Doré, quelle affreuse ironie ! Voici une ruelle noire que traverse un ruisseau fétide. De chaque côté, de hautes masures branlantes et penchées, trouées de fenêtres aveugles, que bouchent du papier ou des plaques de fer rouillé. Des portes s'ouvrent sur des couloirs sombres et visqueux, où l'on devine des tas d'immondices, des chiffons souillés, des débris sans nom. Au bout de la rue, une foule immobile, muette, que contiennent des agents. C'est là.

On n'aperçoit tout d'abord qu'un nuage de poussière blanche à travers lequel brillent des casques de pompiers. Pioche ou pic en main, ils s'acharnent sur un énorme amas de décombres où poutres, pierres, fer s'enchevêtrent en un épais nougat.

Nous avons vu ça pendant la guerre.

Photo parue dans le Petit-Parisen du 28 octobre 1925

Au-dessus se trouvait la maison qui semble avoir été coupée au rasoir. À gauche, ce fut au ras des murs où l'on voit encore accrochés, à chaque étage, des photographies, des gravures, un rameau de buis au-dessous d'un bénitier. En face, les pièces ont été tranchées par la moitié. On dirait un décor. Décor d'effroyable pauvreté grabats, d'où pend un matelas, casseroles pendues, vieux vêtements, un chapeau de paille, et cette cage où l'oiseau sautille peut-être encore. Mais les gens où sont-ils ?

— Par bonheur, me dit quelqu'un, c'est à 7 h. 30 du matin que s’est produit l'accident. La plupart des locataires sont des chiffonniers. Ils étaient partis au travail. Et les autres aussi se lèvent de bonne heure. Sans quoi, il y aurait eu trente, quarante morts…

Photo parue dans le Petit-Parisen du 28 octobre 1925

Il y en a pourtant là-dessous, des vieux, des enfants. Quatre ? cinq ? On ne sait pas encore. Et justement de ce coin où des infirmières attendent, s'ébranle une civière. Avec de pieuses précautions, deux pompiers soulèvent un corps, une pauvre marionnette disloquée. Si petite, si frêle. Cela doit être un enfant. Mais autour du visage que j'aperçois en éclair, si blême avec des taches mauves, sont-ils blonds ou blancs ces cheveux ?

— Une grand'mère, Mme Desvaux, murmure t on autour de moi, soixante-dix-huit ans…

On l'entoure de couvertures, on l'emporte. Maintenant un sauveteur exhume et époussète un cartable d'écolier, un humble petit cartable de toile cirée. Et les cœurs se serrent en songeant à la fillette de huit ans, au garçonnet de treize qu'on retrouvera, sans doute, tout à l'heure.

Des sanglots, des cris. Une femme en cheveux, le visage bouleversé, serre contre sa poitrine, d'un geste farouche, un mince et pâle gamin. Une laveuse, une vaillante ouvrière elle était partie à sept heures. Tout à coup, elle apprend l'horrible nouvelle, Elle court. Elle ne peut croire encore qu'il soit sauvé, son petit. Il était resté suspendu là-haut, au quatrième, lui et quelques autres. Les pompiers l'ont descendu.

— Je voulais leur faire du café à mes enfants croyez-moi si vous voulez, le voilà, fait près de moi une voix monotone…

Encore une pauvre aïeule, qui, d'une main tremblante, agite un paquet de café.

Quand elle est revenue, sa maison avait disparu. Le fils qui, de terreur, s'est élancé du quatrième, est à la Pitié, les jambes, fracassées. Les autres, par bonheur, sont sains et saufs. Sauvées aussi, Mme Hennequet et sa fillette, qui habitaient au rez-de-chaussée.

— Je dormais, gémit-elle, quand j'ai senti un grand coup sur ma tête et puis tout qui me tombait dessus. J'ai pris ma petite dans mes bras. Et puis j'ai vu de la lumière par un trou, je m'ai déblayée comme j'ai pu.

Des mouvements convulsifs la secouent. L'enfant — elle est née, me dit-on, le jour de la mort de son père, — une jolie blondinette de quatre ans, est là, étendue sur le lit d'une voisine. Ses joues brillent, d'un incarnat de fleur, à travers la poussière et la boue qui la couvrent. Ses yeux, d'un vert de jeune pousse, sont agrandis par je ne sais quelle vision trafique.

Où couchera-t-elle ce soir ? Où coucheront-ils, tous ces sans-logis? On les a recueillis de droite et de gauche. Car on s'entr'aide dans ce taudis, Mais la lugubre masure où pleurent les mères, dont les pompiers cherchent les enfants engloutis, cette masure tiendra-t-elle ?

— Il faut vite étayer ! vite ! prononcent des architectes qui s'affairent, l'air important. Ça bombe, ça bombe !

Comment n'avoir pas prévu plutôt ? Comment souffrir que des êtres humains habitent ces infâmes réduits ?

Andrée Viollis.

Les victimes

L'écroulement de l'immeuble de la cité Doré s'est produit, comme on vient de le lire, à 7 h. 30 du matin. Les secours furent organisés avec une grande rapidité, et la première victime relevée fut M. Léon Fuzat, quarante-cinq ans, qui avait les deux jambes brisées. Bientôt arrivèrent les pompiers de plusieurs casernes, sous la direction du colonel, Poudroux, des ambulances MM. Gourbier, commissaire d'arrondissement, Barnabé, commissaire du quartier de la Salpêtrière, Frederique, commissaire du quartier de la Gare, Guichard, directeur de la police municipale, Morain, préfet de police,Bouju, préfet de la Seine, Bitterlin, architecte de la Ville de Paris ; Bressot, Guérineau, maire du 13è arrondissement, etc.

On sauva une femme, agrippée au deuxième étage, Mme Cherrer, et au rez-de-chaussée, Mme Henneguet et ses enfants. Mme Henneguet a une grave blessure au crâne.

Des décombres on retira les cadavres de Mme Agathe Desvaux, soixante-dix -huit ans, des époux Bailly et de Marcel et Odette Bailly, leurs deux enfants, enfin d'Andrée Thirion-Molera, une fillette de huit ̃ ans.

L'enquête

Le conseil municipal avait, il y a deux ans, sur l'instigation des architectes, décidé la démolition des immeubles menaçant ruines dont faisait partie l'immeuble écroulé. Évacuée, la maison sinistrée fut bientôt envahie par des sans-logis, des chiffonniers, pour la plupart. C'est en vain que M. Barnabé, commissaire du quartier, à plusieurs reprises, la fit évacuer. L'obstination des chercheurs d'appartements à bon compte avait raison des objurgations du magistrat. Quinze familles s'étaient installées dans cette maison et n'en voulaient point sortir.

La plupart des sinistrés ont été recueillis par le centre d'hébergement du boulevard Jourdan.

Une enquête administrative a été ordonnée par M. Bouju, préfet de la Seine et M. Bacquart, juge d'instruction, a ouvert une enquête judiciaire.

Maison effondrée de la cité Doré : [photographie de presse] / [Agence Rol] (détail)
Source : gallica.bnf.fr


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Saviez-vous que... ?

Le 19 juillet 1927, le nom de rue de Gentilly fut donné à la rue du Gaz. Le nom de rue de Gentilly avait été, jusqu'en 1899, celui de la rue Abel-Hovelacque d'aujourd'hui. Cette nouvelle rue de Gentilly perdit ensuite son nom au profit de Charles Moureu et d'Albert Bayet.

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La maison qui, en 1900, était située au 68 du boulevard d'Italie, servait de dépôt au sculpteur Rodin.

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Le 27 juillet 1916, 724ème jour de guerre, un violent orage causait quelques dégâts au 1 de la ruelle des Reculettes et la foudre blessait légèrement aux jambes Mme Paris, une locataire du lieu.

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L'inauguration des nouveaux marchés aux chevaux, aux fourrages et aux chiens, boulevards Saint-Marcel et de l'Hôpital, eut lieu le 2 avril 1878.
Le nouveau marché avait une superficie de 17.000 mètres. À droite de l'entrée du boulevard de l'Hôpital se trouvait le parc pour plus de 150 voitures, à gauche, un emplacement pour les ventes aux enchères par commissaires-priseurs.
Les pistes mesuraient 160 mètres. Les trous-stalles pouvaient contenir plus de 4,000 chevaux.
Un bâtiment séparé des autres constructions était destiné aux animaux atteints de maladies contagieuses.
En face de l'entrée principale, boulevard Saint-Marcel, se trouvait la butte d'essai pour chevaux d'attelage ; à droite et à gauche les logements des employés de service.

L'image du jour

rue Nationale - Quartier de la Gare (image colorisée)

La rue Nationale était l'axe majeur du quartier de la Gare. La rue Jeanne d'Arc n'était pas encore transversante et était dédiée à l'industrie. La rue Nationale rassemblait commerces et services. Elle était le centre de l'animation d'une vraie vie de quartier populaire qui fut voué à la destruction par son classement en « ilôt insalubre ».  ♦