Dans la presse...

 Un coin curieux de Paris - 1901

Un coin curieux de Paris

Le XIXe Siècle — 22 juillet 1901

L'élargissement de la cité Doré. — Un campement d'étrangers. — Guinguettes et bal pour « biffins ». — Taudis et sentines. — L'horrible misère. — Exode de miséreux.

A plusieurs reprises, les préfets de la Seine et de police avaient reçu des plaintes au sujet des taudis et des cloaques de la cité Doré, cet assemblage de masures sans nom, sans eau, où s'entasse pêle-mêle une foule grouillante de miséreux déguenillés ou sordides.

A la suite du rapport de l'ingénieur en chef du service de la voie publique signalant l'insalubrité de ce quartier, le préfet s'adressa à l'Assistance publique, propriétaire de ces terrains, et il fut décidé que celte administration serait autorisée à les céder à la Ville de Paris pour l'élargissement de la cité Doré. Un arrêté du 16 mars 1901 a clos cette longue procédure.

Dans deux mois donc la cité Doré aura vécu ; c'est un des coins du vieux Paris truand qui va disparaître ; à ce titre, allons lui faire une visite dernière.

Le château Bellevue

Il y a un siècle, il y avait là des guinguettes et un bal où allaient se trémousser tous les biffins d'alentour.

Un spéculateur, Stuart, y fit construire une sorte de château qui fut appelé château de Bellevue et que M. Crochrane transforma en Brasserie Ecossaise où il essaya vainement d'attirer le public.

C'est en 1831 que M. Doré, professeur à l'École polytechnique, y ajouta un parc où les soldats de la caserne de Lourcine et de la rue Mouffetard allaient ferrailler pour les yeux de quelque payse.

En 1848, M. Doré, dans un but humanitaire, fit percer des rues dans l'enclos par des ouvriers sans travail et loua les lots à des pauvres diables. L'idée était excellente, mais le résultat fut déplorable, car la cité devint bientôt le buen retiro de tous les va-nu-pieds et une agglomération de réduits infects, où la fièvre typhoïde règne en permanence et fournit, dit un médecin du bureau de bienfaisance, plus du tiers des malades du quartier.

Une dernière visite

Il ne restera bientôt plus, devant la poussée de l'hygiène, de ces coins extraordinaires du Paris d'autrefois, de ces cours des miracles où vivait toute une horde de réfractaires, d'irréguliers, poussés sur le fumier de la grande Ville, fils des truands d'autrefois, aux métiers inconnus, aux industries bizarres.

C'est au loin, derrière l'abattoir de Villejuif où est la tuerie des chevaux, que la cité Doré s'épanouit dans toute sa hideur malsaine.

Vous entrez par une large porte et immédiatement vous vous trouvez dans un lacis de petites ruelles, dans une sorte d'agglomération de huttes en planches et en plâtras ; la voie est un chemin en terre grasse, détrempée par la moindre pluie et rendue infecte par le détritus et les déjections de toute espèce qui s'y sont incorporés.

De chaque côté, des huttes plutôt que des baraques, construites en vieux matériaux, en paillassons, en loques, en tout ce que l'ingéniosité de la plus poignante misère peut assembler ou coudre pour se préserver de l'intempérie des saisons : toits faits en boites à conserves, morceaux de sacs et lambeaux de bâche remplaçant les carreaux cassés, etc.

Masures infectes

C'est un enchevêtrement de sentes de guingois, bordées de masures lépreuses de salpêtres rongées de moisissures qui lézardent, bombent et cahotent ; partout des coins et racoins, des renfoncements abritant des immondices, des pots égueulés ; sur ce passage s'ouvrent des portes disjointes, derrière lesquelles en devine des escaliers gluants, des couloirs immondes.

Et dans ces fanges, sur ces fumiers, picorent des poules, se chamaillent et piaillent des galopins déguenillés « se vaultrant par les ordures, se mascarant le visage, se chauffourant le nez ». De ces maisons disloquées et fangeuses sortent de pauvres hères.

Nous entrons dans un de ces taudis ; le couloir qui fut pavé est crevassé et rempli d'excavations où croupissent des eaux ménagères. Nous prenons un escalier noir, poisseux où on subodore l'odeur des lieux d'aisances et des ordures ménagères.

À droite, une soupente occupée par un lit et un poêle est louée à un malheureux cordonnier dont la femme est hémiplégique. L'air et la lumière ne pénètrent en ce logis que quand la porte est ouverte.

A côté deux pièces humides infectes où logent 7 personnes, dont une fillette qui à la rougeole, et une nichée de lapins. Ces pièces donnent sur une cour humide, noire, où flottent, au-dessus du baquet, tous les germes mortels, où tourbillonnent tous les pullulements bacillaires.

Que deviendront les malheureux ?

Et l'odeur aigre et puante, le relent infect qui s'exhale de ces taudis !

Cette population qui vit dans ces bouges, qui s'étiole et meurt dans ces taudis, n'est pas un ramassis de gens sans aveu, de criminels.

Il y a de braves ouvriers que le chômage et la maladie ont fait expulser de leur logement ; mais il y a surtout des êtres non classés, de pauvres diables vivant au jour le jour, déguenillés, hirsutes et sordides, toute une bohème vagabonde, vivant de métiers inconnus, d'industries étranges, qui chaque matin va se disperser aux quatre coins de Paris, la faim aux talons, à la recherche des quelques sous qui serviront à payer le loyer de leurs masures.

On va démolir ces bouges, jeter à bas ces usines à mort. Mais que vont devenir ces pauvres diables ? Nous les avons vus ; ils crient comme des naufragés à qui on arracherait leur dernière planche, l'épave qui les soutient au-dessus de l'eau.

— Où irons-nous ? gémissent-ils.

A. Callet.



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Le Puits artésien de la Butte-aux Cailles

L'achèvement prochain des travaux du puits artésien de la place Hébert est venu nous rappeler un autre puits du même genr dont le forage fut commencé presque à la même époque que celui du puits des hauteurs des Belleville, mais tombé complètement dans l'oubli depuis une vingtaine d'années : nous voulons parler du puits artésien de la Butte-aux-Cailles. (1889)

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Un marché de banlieue

En sortant de Paris par la porte d'Italie un dimanche ou un jeudi, on se trouve immédiatement entouré de mendiants, d'aveugles, d'estropiés, de saltimbanques. C'est l'avant-garde du marché, qui se tient sur le terrain compris dans la zone des fortifications sur la route d'Ivry. (1872)

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Le 14 juillet 1881 dans le 13e

Nous voici dans le treizième. Même intérêt, même goût, même ardeur à bien faire... (1881)

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Les travaux à la Poterne des Peupliers

Dans une sorte de cirque muré par les fortifications, à la hauteur de la Poterne des Peupliers, où l'on pouvait encore voir, il y a quelques années, la Bièvre entrer librement dans Paris, il y a un immense chantier.... (1926)

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L’accident de la rue de Patay

L’ouragan qui s’est abattu hier soir sur Paris et les environs a causé de nombreux dégâts ; plusieurs personnes ont été blessées. On signale, jusqu’à présent, un seul cas de mort ; il s’est produit au lavoir du Progrès, 85, rue de Patay... (1896)

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Saviez-vous que... ?

Le 19 juillet 1927, le nom de rue de Gentilly fut donné à la rue du Gaz. Le nom de rue de Gentilly avait été, jusqu'en 1899, celui de la rue Abel-Hovelacque d'aujourd'hui. Cette nouvelle rue de Gentilly perdit ensuite son nom au profit de Charles Moureu et d'Albert Bayet.

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Le 7 avril 1897, M. Félix Faure, Président de la République accompagné de M. Barthou, ministre de l’intérieur; du général Tournier, de M. Le Gall et du commandant Meaux Saint-Marc, visitait l’hôpital de la Salpêtrière. Avant de se retirer, M. Félix Faure avait remercié les médecins des soins qu’ils donnent aux malades et avait laissé mille francs pour améliorer l’ordinaire des malades.

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Le groupe scolaire de la rue Fagon fut inauguré le dimanche 5 février 1899, soit sept ou huit ans après la fin de sa construction et son ouverture aux élèves. Cette inauguration eut lieu sous la présidence de M. Achille, conseiller municipal. Dans l'assistance très nombreuse, se trouvaient MM. Paul Bernard, député, Mossot et Rousselle, conseillers municipaux de l'arrondissement.

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En 1906, on pouvait aller directement de Glacière à la gare de Lyon en métro. Sans changement !

L'image du jour

rue Nationale - Quartier de la Gare (image colorisée)

La rue Nationale était l'axe majeur du quartier de la Gare. La rue Jeanne d'Arc n'était pas encore transversante et était dédiée à l'industrie. La rue Nationale rassemblait commerces et services. Elle était le centre de l'animation d'une vraie vie de quartier populaire qui fut voué à la destruction par son classement en « ilôt insalubre ».  ♦