Littérature



Noël

"Un gosse"

roman par Auguste Brepson

Extrait précédent

 

Première partie

XV

En ce funeste mois je perdis mon père, et aussi ma première grande illusion.

La cause en fut Noël.

Malgré ses constants soucis, dont celui de notre quotidienne pitance n'était pas le moindre, ma grand'mère ne laissa point passer cette date de christmas sans sacrifier à l'antique usage des souliers dans la cheminée. Du reste, elle ne pouvait l'oublier car, déjà blasé de mon jeu de sabot, je n'arrêtais pas de lui exprimer, aux approches de la fête, ma modeste ambition. Je ne voulais, ni plus ni moins qu'une panoplie : sabre, casque, cuirasse, épaulettes et carabine !

Il est bien certain que si j'avais su qu'en cette occurrence ma grand' mère remplissait le rôle du père Noël, je n'aurais pas manifesté un désir aussi extravagant, bien trop conscient pour cela de notre pauvreté, mais j'estimais pouvoir le faire avec ce mirifique vieillard à longue barbe blanche et à robe de capucin qui, toute une nuit, allait tirer les jouets de sa hotte par milliers et par milliers !

Ma grand'mère, quelque peu effarée d'un aussi fol espoir, m'en prépara adroitement la déconvenue.

En mettant mon soulier dans l'âtre, elle me dit que cette année le bon Dieu n'était pas bien riche — la preuve c'est qu'il avait vendu toutes ses étoiles et qu'on n'en voyait plus une dans le ciel noir — et qu'en somme, il ne me fallait compter que sur un petit cheval en carton.

Elle ne m'ébranla point, et je me couchai, me représentant déjà couvert de mon armure, tout reluisant comme un soleil.

Elle me recommanda de m’endormir bien vite, et de pas chercher à voir le père Noël, car il n’aimait pas les enfants curieux et, à la moindre tentative de l'épier, « ffuit ! », il s'enfuyait. Puis, soufflant la chandelle, elle s'en alla, dit-elle, faire une commission.

Quand je fus seul, je sentis bientôt le démon de la curiosité me travailler. Quoi qu'en ait dit ma grand'mère, je pensais qu'après tout, en ouvrant un œil et en ne bougeant pas, je pouvais le surprendre, ce mystérieux bonhomme, surtout que le poêle dégageait une lueur rouge qui éclairait suffisamment la cheminée.

J'attachai donc mon regard a cet endroit, retenant mon souffle, tressaillant au moindre bruit, et somme toute assez anxieux de voir ce miracle s'accomplir, car, le père Noël sortant, lui et sa hotte d’un trou aussi exigu que celui de notre cheminée, déroutait mon sens des dimensions.

Cependant, me rappelant certaine affiche représentant un gnome hilare et barbu, à cheval sur un colimaçon, je réfléchis qu’il n’était pas impossible que ce vieux chien se changeât en nain. C’en fut assez pour qu'un moment je crusse voir remuer dans la pénombre rougeâtre un petit bonhomme fantastique, en capuce- écarlate, chausses collantes et souliers à la poulaine ! C'est alors que j'entendis derrière la porte, distinctement, quoique prononcées à mi-voix, ces paroles décevantes : « Je viens de lui acheter son Noël, chez le vieux de la Nationale... un petit cheval en carton... il me l'a laissé pour six sous parce qu'il a une patte cassée ».

O ! bonne grand'mère !... l’effondrement de ma plus charmante illusion me fut bien cruel... et si quand tu rentras je me retins de pleurer c'est qu'instinctivement je sentis qu'il ne me fallait pas encore ajouter à tes peines...

J'assistai, plein de mélancolie à ton manège : tu t'assuras si je dormais bien, et, doucement — très doucement — tu mis dans notre cheminée ton modeste joujou.

Ah ! qu'il m'importait peu, à présent, que ce fût un cheval en carton de six sous et estropié au lieu d'une étincelante panoplie !... Il n'avait même plus pour moi le prestige qui m'en aurait consolé : celui de venir du pays des chimères et de m'être apporté par un vieux bonhomme souriant et chenu descendu du ciel sur un rayon de lune.

Ainsi il n'y avait, comme père Noël que le prosaïque Patati-Patata ?...

Depuis, je ne voyais plus celui-ci sans haine.

Extrait suivant



Le 13e en littérature

L'octroi de la porte d'Italie

Le drame de Bicêtre

par
Eveling Rambaud et E. Piron

Grâce à l'or du faux baron de Roncières, Paul apporta l'abondance dans la maison de la rue du Moulinet.
On y fit une noce qui dura huit jours.
Perrine avait déserté son atelier de blanchisseuse. Elle tenait tête aux deux hommes, le verre en main.

(1894)

Lire


De la ruelle des Reculettes au passage Moret via la ruelle des Gobelins

Le faiseur de momies

par
Georges Spitzmuller et Armand Le Gay

Il était arrivé à l'angle pointu formé par la manufacture des Gobelins où la voie bifurquait ; à droite la rue Croulebarbe continuait, à gauche c'était la ruelle des Gobelins.

(1912)

Lire


La Butte-aux-Cailles

Coeur d'enfant

par
Charles de Vitis

— Voyons d’abord du côté de la Butte-aux-Cailles, pour tâcher de trouver un logement.
Jacques connaissait l’endroit pour y être venu avec Fifine, une fois ou deux, du temps qu’il vivait chez ses parents.
C’était un quartier misérable situé à proximité de la place et du boulevard d’Italie ; on y arrivait par la rue du Moulin-des-Prés.

(1899)

Lire


La cité Doré

Coeur d'enfant

par
Charles de Vitis

À la hauteur de la place Pinel et de l’abattoir, entre le boulevard de la Gare et le boulevard de l’Hôpital, s'étend un vaste terrain qui est loué par bail à divers locataires. Le type même de la saleté et de la misère imprévoyante se trouve dans le rassemblement de masures, coupé de ruelles en zigzag et qu’un hasard ironique fait appeler cité Doré. Les cours des miracles devaient être ainsi.

(1899)

Lire


Rue du Banquier

Madame Gil-Blas

par
Paul Féval

Le fiacre tournait court l'angle de la rue du Banquier.
Cela s'appelle une rue, mais c'est en réalité une manière de chemin pratiqué entre des murs de jardins. Il n'y a pas une âme en plein jour.

(1856)

Lire


Barrière des Deux-Moulins

Les Chifffonniers de Paris

par
Turpin de Sansay

En suivant les rues Saint-Victor, du Marché-aux-Chevaux et de Campo-Formio, on arrivait à la barrière des Deux-Moulins, située de l'autre côté du boulevard extérieur.

(1861)

Lire


Barrière des Deux-Moulins

Causerie d'un camarade

par
Jean Loyseau

Allez un dimanche, ou , même , un lundi soir , du côté de l'ancienne barrière des Deux-Moulins : regardez, respirez et écoutez, si vous en êtes capables , tout ce qui frappe à la porte de vos cinq sens : votre odorat percevra je ne sais quelle odeur nauséabonde et méphitique, dans laquelle se mêlent indistinctement la fumée de tabac ; les exhalaisons du cabaret, qui forment , à elles seules, tout un arsenal d'infection...

(1862)

Lire

Saviez-vous que... ?

A la barrière des Deux-moulins, le bal de la Belle Moissonneuse était fréquenté par les maquignons.

*
*     *

A la création de l'arrondissement, la mairie était installée dans un des anciens pavillons de l'octroi à la barrière de Fontainebleau qui deviendra la place d'Italie.

*
*     *

Le mardi 7 aout 1923, on découvrit 5 squelettes enterrés au coin de la rue Damesme et de la rue Bourgon.

*
*     *

C'est par un décret impérial du 2 octobre 1865 que le boulevard de Vitry devint la rue de Patay.

L'image du jour

Rue du Chevaleret vue du boulevard de la Gare