L’assassinat de la rue Tiers
Le Rappel, 19 avril 1889
L’enquête continue
Il n'y a rien à ajouter aux détails que nous avons donnés hier sur le crime de la rue Tiers. MM. Doppfer, juge d'instruction, et Goron, chef de la sûreté, ont encore passé une partie de la matinée à interroger les tristes personnages qui figurent-dans cette affaire malpropre. Les témoins, et quels témoins ! « la Borgne » et « la Boiteuse » racontent à qui mieux mieux tout ce qui leur passe par la tête. C'est une vraie débauche de cancans et de mensonges. Les inculpés Leroy et Greliche se contredisent constamment, au point qu'il paraît difficile à MM. Doppfer et Goron de décider, non pas quel est le plus coupable des deux, mais, en attendant mieux, le moins menteur.
L'instruction reste donc stationnaire. L'autopsie, cependant, aura lieu ce matin à dix heures, à la Morgue, ainsi que la confrontation des accusés, ajournée jusqu'ici, avec le cadavre de la fille Wilhelm. Nous tiendrons nos lecteurs au courant des nouveaux incidents qui pourraient se produire.
Il n'y a qu'un point bien établi parmi ces racontars multiples : c'est que la bougie qu'est allée acheter la Chinoise avec la pièce de 1 fr. du terrassier, cette bougie a coûté 20 cent. et non 15 cent., comme nous l'avons dit ; c'est donc 80 cent. seulement et non 85 cent., dont la Chinoise voulait indûment priver le confiant terrassier. Nous rectifions cette erreur importante. Si donc, c'est le terrassier qui arrive à être reconnu coupable, il aura tué la Chinoise pour 80 cent.
Le crime de la rue Tiers
(Selon les journaux, les noms et prénoms des protagonistes de cette affaire ont varié de même que l'orthographe de ceux-ci. Le choix a été fait de conserver l'orthographe retenue par les journaux reproduits.)
15 avril 1889
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18 avril 1889
19 avril 1889
20 avril 1889
21 avril 1889
22 avril 1889
23 avril 1889
24 avril 1889
25 avril 1889
26 avril 1889
Postérieurement aux articles parus dans les numéros datés du 26 avril 1889, plus aucun journal ne mentionna
l'affaire, ni les noms de Marie Wilhelm, de Leroy ou de Greliche. La chronique judiciaire ne mentionna pas de passage
de quiconque devant la Cour d'assises de la Seine pour le meurtre de Marie Wilhelm. Les archives de Paris qui détiennent
les dossiers de procédures devant les assises ne mentionnent pas, dans leur inventaire, d'affaire évoquant ces faits.
Seul l'ouvrage "La police de sûreté en 1889" par Horace Valbel publié au fil de l'eau dans le quotidien
"La Petite République" et repris en volume en octobre contient, à l'occasion du panégérique consacré à l'inspecteur
Barbaste, un résumé des faits qu'il présente comme l' "affaire Leroy-Greliche". Toutefois, ce résumé ne comprend
aucun élément nouveau par rapport à ceux révélés par les journaux à la date du 26 avril. On le lira ci-dessous dans
les annexes.
M. Goron, lui-même, dans ses mémoires semble n'avoir fait aucune allusion à cette affaire.
On lira
aussi une intéressante chronique parue le 21 avril 1889, avant donc la conclusion ou plutôt l'absence de conclusion
de l'affaire, dans le quotidien Paris relative au traitement de cette affaire par la presse.