Les antécédents de Marie Wilhelm
Histoire d’un pardessus
Le Gaulois — 1er février 1887
Un employé de commerce, Joseph M..., âgé de vingt-cinq ans, rencontrait dernièrement, faubourg Saint-Martin, une jeune fille qu'il suivit.
Elle s'appelait Marie Wilhem, elle avait vingt ans et habitait dans un hôtel de la rue du Vertbois.
— Mon ami, dit la jeune fille à l'employé, je ne travaille pas depuis plusieurs jours. Ce serait faire un acte de charité que de m'avancer une dizaine de francs.
Joseph se laissa séduire par cette idée d'accomplir un acte de philanthropie.
Comme pour toute fortune Joseph ne possédait qu'un louis, il descendit pour faire la monnaie, et laissa son pardessus à sa compagne, pour bien, lui prouver qu'il ne voulait pas filer à l'anglaise.
Quand il revint, plus personne. La belle s'était échappée. Or, hier, Joseph, vers deux heures, se promenait boulevard Barbés, quand il aperçut la femme de la rue Saint-Martin au bras d'un grand individu, et sur le dos de cet individu, le pardessus qu'on lui avait volé.
Il s'accrocha à l'homme, appela des agents, et le fit conduire au bureau de M. Duranton, commissaire de police.
Au bureau de M. Duranton, on fouilla cet homme, un souteneur nommé Viltuis, Antoine, et on trouva sur lui une chaîne en or, au porte-mousqueton de laquelle était accroché un oignon un véritable oignon.
On a envoyé le souteneur et la fille au Dépôt.
Agression nocturne
Le Petit Journal — 11 août 1887
La nuit dernière M. B…, demeurant rue Réaumur, rentrait chez lui, lorsqu'il fut accosté, non loin de sa porte, par une fille Marie Wilhem, âgée de vingt ans.
Celle-ci lui fit des propositions qu'il ne voulut pas écouter, et comme elle insistait en marchant à ses côtés, il la repoussa.
Aussitôt, un groupe de souteneurs l'entoura et l'assaillit avant qu'il eût eu le temps de se mettre sur la défensive.
M. B... fut renversé. La fille Wilhem le retint, parterre en lui étreignant là-gorge, pendant que ses cavaliers fouillaient ses poches et le dévalisaient.
À ce moment, des agents passaient faisant leur ronde. Ils accoururent au secours de la victime.
À leur vue, la bande des agresseurs se dispersa et une chasse vigoureuse leur fut donnée à la fois par les agents, M. B... et des passants accourus à ces cris « au secours ! »
La fille Wilhem et un des souteneurs, nommé Martin, âgé de vingt-six ans, ont seuls pu être rejoints.
Tous deux ont-été écroués au dépôt. Leurs complices sont activement recherchés.
Le crime de la rue Tiers
(Selon les journaux, les noms et prénoms des protagonistes de cette affaire ont varié de même que l'orthographe de ceux-ci. Le choix a été fait de conserver l'orthographe retenue par les journaux reproduits.)
15 avril 1889
16 avril 1889
17 avril 1889
18 avril 1889
19 avril 1889
20 avril 1889
21 avril 1889
22 avril 1889
23 avril 1889
24 avril 1889
25 avril 1889
26 avril 1889
Postérieurement aux articles parus dans les numéros datés du 26 avril 1889, plus aucun journal ne mentionna
l'affaire, ni les noms de Marie Wilhelm, de Leroy ou de Greliche. La chronique judiciaire ne mentionna pas de passage
de quiconque devant la Cour d'assises de la Seine pour le meurtre de Marie Wilhelm. Les archives de Paris qui détiennent
les dossiers de procédures devant les assises ne mentionnent pas, dans leur inventaire, d'affaire évoquant ces faits.
Seul l'ouvrage "La police de sûreté en 1889" par Horace Valbel publié au fil de l'eau dans le quotidien
"La Petite République" et repris en volume en octobre contient, à l'occasion du panégérique consacré à l'inspecteur
Barbaste, un résumé des faits qu'il présente comme l' "affaire Leroy-Greliche". Toutefois, ce résumé ne comprend
aucun élément nouveau par rapport à ceux révélés par les journaux à la date du 26 avril. On le lira ci-dessous dans
les annexes.
M. Goron, lui-même, dans ses mémoires semble n'avoir fait aucune allusion à cette affaire.
On lira
aussi une intéressante chronique parue le 21 avril 1889, avant donc la conclusion ou plutôt l'absence de conclusion
de l'affaire, dans le quotidien Paris relative au traitement de cette affaire par la presse.