Assassinat rue Tiers
Le Gaulois — 21 avril 1889
L'autopsie du cadavre de la fille Marie Wilhelm a été faite hier matin, à la Morgue, par, le docteur Descouts.
Le médecin légiste a reconnu que la mort était due à la strangulation. La malheureuse à été étranglée par deux individus qui, avec leurs doigts, lui ont fait subir le coup de la « poucette ».
Après un examen sérieux de la gorge, le docteur Descouts a, en effet, relevé les traces de deux pouces droits.
C'est en se débattant que la victime a reçu les égratignures qui avaient été remarquées le jour de la découverte du crime.
Selon le médecin légiste, la fille Wilhelm a dû succomber quelques minutes après l'agression de ses meurtriers.
Ceux-ci se sont jetés à l’improviste sur elle, lui ont paralysé les mouvements et, tandis qu'ils la maintenaient de la main gauche, lui serraient le cou de la main droite. Il paraît se confirmer de plus en plus que les auteurs de l'assassinat sont Leroy et Greliche.
Amenés hier après-midi devant M. Goron et interrogés de nouveau, ils ont persisté à nier.
En leur montrant la photographie du cadavre de la Chinoise, le chef de la Sûreté leur a dit :
— Voilà votre œuvre ! Vous avez été poussés par vos maîtresses qui étaient jalouses de la fille Wilhem et, suivant leurs conseils, vous l'avez étranglée !
Greliche était atterré ; Leroy s'est contenté de répondre avec un cynisme révoltant, en regardant la photographie :
— Il y a vraiment des canailles à Paris est-ce malheureux d'avoir « refroidi » une si belle fille !
Malgré les dénégations de Greliche et les réponses ironiques de Leroy, M. Goron est convaincu de la culpabilité des deux misérables. Les diverses dépositions des témoins et les contradictions des inculpés au cours des interrogatoires qu'ils ont subis ne laissent aucun doute à cet égard.
M. Goron a reçu d'un témoin une grave communication qu'il va faire vérifier ; grâce à ce fait, qui, parait-il, est de la plus haute importance pour l'instruction, le chef de la Sûreté espère obtenir les aveux des inculpés.
Le crime de la rue Tiers
(Selon les journaux, les noms et prénoms des protagonistes de cette affaire ont varié de même que l'orthographe de ceux-ci. Le choix a été fait de conserver l'orthographe retenue par les journaux reproduits.)
15 avril 1889
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24 avril 1889
25 avril 1889
26 avril 1889
Postérieurement aux articles parus dans les numéros datés du 26 avril 1889, plus aucun journal ne mentionna
l'affaire, ni les noms de Marie Wilhelm, de Leroy ou de Greliche. La chronique judiciaire ne mentionna pas de passage
de quiconque devant la Cour d'assises de la Seine pour le meurtre de Marie Wilhelm. Les archives de Paris qui détiennent
les dossiers de procédures devant les assises ne mentionnent pas, dans leur inventaire, d'affaire évoquant ces faits.
Seul l'ouvrage "La police de sûreté en 1889" par Horace Valbel publié au fil de l'eau dans le quotidien
"La Petite République" et repris en volume en octobre contient, à l'occasion du panégérique consacré à l'inspecteur
Barbaste, un résumé des faits qu'il présente comme l' "affaire Leroy-Greliche". Toutefois, ce résumé ne comprend
aucun élément nouveau par rapport à ceux révélés par les journaux à la date du 26 avril. On le lira ci-dessous dans
les annexes.
M. Goron, lui-même, dans ses mémoires semble n'avoir fait aucune allusion à cette affaire.
On lira
aussi une intéressante chronique parue le 21 avril 1889, avant donc la conclusion ou plutôt l'absence de conclusion
de l'affaire, dans le quotidien Paris relative au traitement de cette affaire par la presse.