Le crime de la rue Tiers.
L’Autorité — 23 avril 1889
L’autopsie du cadavre de Marie Wilhem, la victime de l’assassinat de la rue Tiers, a été faite à la Morgue, par M. le docteur Descouts. D’après le médecin légiste, la mort est due à la strangulation. Marie Wilhem a été assassinée par deux personnes. En effet, le docteur Descouts a relevé sur le cou de la « Chinoise » des traces bien distinctes de différentes grandeurs ; les éraflures faites par les ongles ne sont pas de même largeur et ne sont point dans le même sens. Il est plus que probable que tandis que l’un des assassins serrait la victime, par devant, l’autre, placé derrière, comprimait également le cou de Marie Wilhem. On retrouve effectivement la trace de deux pouces, près des oreilles. Le résultat de l’autopsie a été aussitôt communiqué aux deux inculpés, Leroy et Greliche. Cette révélation les a plongés dans un profond accablement. Greliche qui, jusqu’ici, était demeuré très calme, a perdu tout son aplomb. Quant à Leroy, il ne répond plus qu’en balbutiant aux questions qu'on lui adresse, demeure hésitant et semble prêt à faire des aveux. Hier, on leur a montré et lu les procès-verbal des différents interrogatoires qu'ils ont subis jusqu’ici. On leur a fait sentir toute l’inanité de leurs moyens de défense, leurs incohérences, leurs contradictions. Ils ont paru tous deux fort embarrassés et n’ont répondu que par monosyllabes.
Le crime de la rue Tiers
(Selon les journaux, les noms et prénoms des protagonistes de cette affaire ont varié de même que l'orthographe de ceux-ci. Le choix a été fait de conserver l'orthographe retenue par les journaux reproduits.)
15 avril 1889
16 avril 1889
17 avril 1889
18 avril 1889
19 avril 1889
20 avril 1889
21 avril 1889
22 avril 1889
23 avril 1889
24 avril 1889
25 avril 1889
26 avril 1889
Postérieurement aux articles parus dans les numéros datés du 26 avril 1889, plus aucun journal ne mentionna
l'affaire, ni les noms de Marie Wilhelm, de Leroy ou de Greliche. La chronique judiciaire ne mentionna pas de passage
de quiconque devant la Cour d'assises de la Seine pour le meurtre de Marie Wilhelm. Les archives de Paris qui détiennent
les dossiers de procédures devant les assises ne mentionnent pas, dans leur inventaire, d'affaire évoquant ces faits.
Seul l'ouvrage "La police de sûreté en 1889" par Horace Valbel publié au fil de l'eau dans le quotidien
"La Petite République" et repris en volume en octobre contient, à l'occasion du panégérique consacré à l'inspecteur
Barbaste, un résumé des faits qu'il présente comme l' "affaire Leroy-Greliche". Toutefois, ce résumé ne comprend
aucun élément nouveau par rapport à ceux révélés par les journaux à la date du 26 avril. On le lira ci-dessous dans
les annexes.
M. Goron, lui-même, dans ses mémoires semble n'avoir fait aucune allusion à cette affaire.
On lira
aussi une intéressante chronique parue le 21 avril 1889, avant donc la conclusion ou plutôt l'absence de conclusion
de l'affaire, dans le quotidien Paris relative au traitement de cette affaire par la presse.