Le crime de la rue Tiers.
Gil Blas, 19 avril 1889
Nous avons annoncé hier l'arrestation de Greluche et Leroy, les deux palefreniers du dépôt des Omnibus, inculpés de l'assassinat de la fille Wilhem dite « la Chinoise ».
C'est chez une vieille fille soumise Marie Pinet dite Blanche, dite le Berger, demeurant rue Bourgon. Cette fille, qui a cinquante-quatre ans, était depuis quelque temps la maîtresse de Leroy qui en a vingt, comme nous l'avons dit.
Oti voit dans quel joli monde on se trouve !
Et ce n'est rien encore. Les motifs supposés du crime nous font descendre encore quelques degrés dans l'immonde. Ce serait, nous l'avons dit encore, une jalousie. Marie Wilhem aurait été la maîtresse de Leroy et l'aurait quitté pour. une autre fille, nommée Ledouarin, dite la Boiteuse. De là fureur, menaces, puis dispute de la Boiteuse avec la Chinoise; union de celle-ci avec Leroy contre Marie Wilhem… enfin, querelle violente la veille du drame entre celle-ci, la Boiteuse, la Borgne, la Brunette, Leroy et Greluche.
Toute cette peu intéressante société a été interrogée par M. Goron pendant toute la journée d'hier et la matinée d'aujourd'hui. Chacun a fait un récit différent de ce qui s'était passé la veille. C'est un écheveau de contradictions qu'il est bien difficile de démêler. Un instant, Leroy avait failli faire des aveux, mais il s'est ravisé et prétend n'être pour rien dans l'affaire. Alors pourquoi se cachait-il ?
M. Doppfer avait eu un instant l'intention de confronter les deux inculpés avec le cadavre de la fille Wilhem, mais il a abandonné cette idée. Les preuves recueillies contre Leroy et Greluche ne paraissant pas suffisantes.
L'autopsie du corps de la Chinoise a été encore ajournée.
Le crime de la rue Tiers
(Selon les journaux, les noms et prénoms des protagonistes de cette affaire ont varié de même que l'orthographe de ceux-ci. Le choix a été fait de conserver l'orthographe retenue par les journaux reproduits.)
15 avril 1889
16 avril 1889
17 avril 1889
18 avril 1889
19 avril 1889
20 avril 1889
21 avril 1889
22 avril 1889
23 avril 1889
24 avril 1889
25 avril 1889
26 avril 1889
Postérieurement aux articles parus dans les numéros datés du 26 avril 1889, plus aucun journal ne mentionna
l'affaire, ni les noms de Marie Wilhelm, de Leroy ou de Greliche. La chronique judiciaire ne mentionna pas de passage
de quiconque devant la Cour d'assises de la Seine pour le meurtre de Marie Wilhelm. Les archives de Paris qui détiennent
les dossiers de procédures devant les assises ne mentionnent pas, dans leur inventaire, d'affaire évoquant ces faits.
Seul l'ouvrage "La police de sûreté en 1889" par Horace Valbel publié au fil de l'eau dans le quotidien
"La Petite République" et repris en volume en octobre contient, à l'occasion du panégérique consacré à l'inspecteur
Barbaste, un résumé des faits qu'il présente comme l' "affaire Leroy-Greliche". Toutefois, ce résumé ne comprend
aucun élément nouveau par rapport à ceux révélés par les journaux à la date du 26 avril. On le lira ci-dessous dans
les annexes.
M. Goron, lui-même, dans ses mémoires semble n'avoir fait aucune allusion à cette affaire.
On lira
aussi une intéressante chronique parue le 21 avril 1889, avant donc la conclusion ou plutôt l'absence de conclusion
de l'affaire, dans le quotidien Paris relative au traitement de cette affaire par la presse.