L’assassinat de la rue Tiers
Nouveaux détails
Le Rappel — 25 avril 1889
M. Goron, chef de la sûreté, a Interrogé hier avec M. Doppfer, juge d'instruction, les nommés Greliche et Leroy, la fille Blanche Pinet dite « la Borgne », la fille Le Douarin dite « Rosa », dite « la Boiteuse », ainsi qu’un certain nombre de témoins. Malgré les confrontations qui établissent les nombreux mensonges de Leroy et de Greliche, ceux-ci affirment toujours qu'ils sont étrangers au meurtre de la Chinoise et déclarent qu'ils ne diront plus rien afin de ne plus se couper (sic).
Bien que les preuves absolument matérielles fassent défaut quant à présent, il est difficile, d’admettre que Leroy et Greliche ne soient pas les auteurs du meurtre.
En dehors des mensonges de Leroy et des versions diverses qu'il donne de l'emploi de son temps, il existe certains points dignes d'être signalés.
Leroy prétend avoir été se promener à la gare de l'Est avec Greliche, le soir du crime ; le contraire est absolument démontré. Il a affirmé pendant plusieurs jours qu'au moment où il rentrait à deux heures du matin, il avait aperçu la fille Wilhelm, dite la Chinoise, qui allait se coucher avec l'individu qui n'avait cessé de la menacer toute la soirée. Convaincu de mensonge, il est obligé de dire aujourd'hui qu’il a inventé cela pour se disculper et pour faire peser les soupçons sur un homme dont il avait entendu parler. Il a aussi essayé de faire porter les soupçons sur un nommé Jacob et sur un autre individu, ancien amant de la Chinoise. Or, il a été établi que ces individus étaient innocents. Il a été établi aussi que Leroy connaissait parfaitement la Chinoise avec laquelle il avait eu des relations ; que, la veille du crime, la Chinoise et la Boiteuse s'étaient battues et que Leroy avait dit à la Chinoise : « Tu ne nous embêteras pas longtemps, car je te serrerai la vis. »
De plus, un peu avant l'heure du crime, bien que Leroy affirme n'avoir pas vu « la Chinoise » de la soirée, une femme Vandor, demeurant rue Tiers, 15, vidant son vase de nuit par la fenêtre, a failli le jeter sur « la Chinoise » qui était en compagnie de Leroy, Greliche et la Borgne. Enfin, après le crime, Leroy et Greliche se sont cachés dans le logement de la Borgne, rue Bourgon, 24, à environ une demi-heure de la rue Tiers.
Cet amas de présomptions s'élève fortement contre Leroy et Greliche.
Le crime de la rue Tiers
(Selon les journaux, les noms et prénoms des protagonistes de cette affaire ont varié de même que l'orthographe de ceux-ci. Le choix a été fait de conserver l'orthographe retenue par les journaux reproduits.)
15 avril 1889
16 avril 1889
17 avril 1889
18 avril 1889
19 avril 1889
20 avril 1889
21 avril 1889
22 avril 1889
23 avril 1889
24 avril 1889
25 avril 1889
26 avril 1889
Postérieurement aux articles parus dans les numéros datés du 26 avril 1889, plus aucun journal ne mentionna
l'affaire, ni les noms de Marie Wilhelm, de Leroy ou de Greliche. La chronique judiciaire ne mentionna pas de passage
de quiconque devant la Cour d'assises de la Seine pour le meurtre de Marie Wilhelm. Les archives de Paris qui détiennent
les dossiers de procédures devant les assises ne mentionnent pas, dans leur inventaire, d'affaire évoquant ces faits.
Seul l'ouvrage "La police de sûreté en 1889" par Horace Valbel publié au fil de l'eau dans le quotidien
"La Petite République" et repris en volume en octobre contient, à l'occasion du panégérique consacré à l'inspecteur
Barbaste, un résumé des faits qu'il présente comme l' "affaire Leroy-Greliche". Toutefois, ce résumé ne comprend
aucun élément nouveau par rapport à ceux révélés par les journaux à la date du 26 avril. On le lira ci-dessous dans
les annexes.
M. Goron, lui-même, dans ses mémoires semble n'avoir fait aucune allusion à cette affaire.
On lira
aussi une intéressante chronique parue le 21 avril 1889, avant donc la conclusion ou plutôt l'absence de conclusion
de l'affaire, dans le quotidien Paris relative au traitement de cette affaire par la presse.