Le crime de la rue Tiers
Le Siècle — 24 avril 1889
L'enquête ouverte sur le crime du n°15 de la rue Tiers continue. M. Goron, chef de la sûreté, et M. Dopfler, juge d'instruction, ont procédé hier, dans l'après-midi, à un nouvel interrogatoire de Greliche, Leroy, de la fille Pinet, dite la Borgne, de la fille Le Douarin, dite la Boiteuse, et d'un certain nombre de témoins.
Malgré les confrontations qui établissent clairement les nombreux mensonges de Leroy et de Greliche, ceux-ci affirment toujours qu'ils sont étrangers au crime.
Ils ont eu, au cours de l'interrogatoire, un mot particulièrement malheureux, et qui établit bien que les preuves matérielles font défaut jusqu'à présent, qu'ils ont dû tremper tous les deux dans le crime. Ils ont, en effet, déclaré que, pour ne pas se couper, ils ne diraient plus rien.
Leroy a essayé de faire porter les soupçons sur un nommé Jacob et sur un autre individu qui a eu des relations avec la « Chinoise » ; il a été établi qu'ils étaient innocents.
L'attitude de Leroy est bien celle d'un coupable ; à chaque instant il a l'air de vouloir faire des aveux. Jamais il n'osé regarder en face les magistrats qui instruisent l'affaire.
Le crime de la rue Tiers
(Selon les journaux, les noms et prénoms des protagonistes de cette affaire ont varié de même que l'orthographe de ceux-ci. Le choix a été fait de conserver l'orthographe retenue par les journaux reproduits.)
15 avril 1889
16 avril 1889
17 avril 1889
18 avril 1889
19 avril 1889
20 avril 1889
21 avril 1889
22 avril 1889
23 avril 1889
24 avril 1889
25 avril 1889
26 avril 1889
Postérieurement aux articles parus dans les numéros datés du 26 avril 1889, plus aucun journal ne mentionna
l'affaire, ni les noms de Marie Wilhelm, de Leroy ou de Greliche. La chronique judiciaire ne mentionna pas de passage
de quiconque devant la Cour d'assises de la Seine pour le meurtre de Marie Wilhelm. Les archives de Paris qui détiennent
les dossiers de procédures devant les assises ne mentionnent pas, dans leur inventaire, d'affaire évoquant ces faits.
Seul l'ouvrage "La police de sûreté en 1889" par Horace Valbel publié au fil de l'eau dans le quotidien
"La Petite République" et repris en volume en octobre contient, à l'occasion du panégérique consacré à l'inspecteur
Barbaste, un résumé des faits qu'il présente comme l' "affaire Leroy-Greliche". Toutefois, ce résumé ne comprend
aucun élément nouveau par rapport à ceux révélés par les journaux à la date du 26 avril. On le lira ci-dessous dans
les annexes.
M. Goron, lui-même, dans ses mémoires semble n'avoir fait aucune allusion à cette affaire.
On lira
aussi une intéressante chronique parue le 21 avril 1889, avant donc la conclusion ou plutôt l'absence de conclusion
de l'affaire, dans le quotidien Paris relative au traitement de cette affaire par la presse.