La proclamation de M. Pernolet
Le Figaro — 15 mars 1871 avec ajouts extraits du Gaulois du 11 mars 1871 et de la Gazette nationale ou le Moniteur universel du 13 mars 1871
Nous avons signalé l'autre jour une très sage proclamation de M. Pernolet, maire démissionnaire du 13e arrondissement.
Voici quelques nouveaux extraits de ce document qui parle un langage très ferme et très digne à ces malheureux exaltés dont quelques gredins exploitent les angoisses, et aussi l'ignorance. On parle de l'ignorance des campagnes ; mais elle est bienfaisante, charmante, adorable à côté de l'ignorance orgueilleuse et brutale dès politiqueurs ouvriers.
Je me retire, parce que, volontairement ou sans s'en douter, la majorité semble s'être livrée au parti des violents.
Je ne suis pas maire pour recevoir tous les mendiants de l'arrondissement.
Six mois d'oisiveté ont pu, peut-être, faire de vous de bons soldats ; je n'en sais rien ; — mais ce que je sais de science certaine, c'est que vous n'êtes pas sans avoir pris goût à la fainéantise, que vous êtes devenus joueurs, trop enclins à la boisson et même un peu au chapardage, sans parler du reste. Ceux qui s'attribuent le monopole de votre amitié n'auront garde de vous reprocher ces défaillances, ils trouvent même moyen de vous en louer.
Mais moi, je dois vous avertir que ces habitudes... sont des vices capables de rabaisser l'homme au niveau de l'esclave.
Moi qui vous aime d'autant plus sincèrement que je n’ai rien à attendre de vous, je crois de mon devoir de vous avertir que, si les circonstances au milieu desquelles les six derniers mois se sont écoulés peuvent excuser les habitudes regrettables dont je parle, ces habitudes n'en sont pas moins des vices capables de rabaisser le citoyen au niveau de l'esclave.
Il faut que le bourgeois se fasse aimer de l'ouvrier et se préoccupe de l'aider à s'élever sans cesse de plus en plus, moralement aussi bien que matériellement ; il faut que l'ouvrier ne craigne pas d'aimer le bourgeois et de le servir consciencieusement, en attendant qu'il devienne bourgeois lui-même par son instruction, son travail et son économie. Il faut, en un mot, qu'au lieu de penser à s'exploiter les uns les autres ou à s'entre-détruire, les hommes en viennent enfin à s'aimer sincèrement, conformément à la sainte recommandation du seul révolutionnaire qui n'ait jamais eu l'idée d'exterminer ceux qui ne pensaient pas comme lui.
Après l'instruction, le travail et les bonnes mœurs, — sans lesquels aucune amélioration sérieuse et durable n'est possible, — c'est certainement la fraternité qui est le moyen le plus infaillible de réaliser les désirs d'améliorations sociales que vous avez bien raison de nourrir au fond de vos cœurs...
Variante :
Il faut que la résolution, la bravoure, le désintéressement, la discipline... soient employés par vous à vous refaire de fond en comble...
Ces qualités sont essentielles à la constitution d'une République de tout le monde, mais non de la République étroite, jalouse, hargneuse et violente de ces hommes, plus bruyants et audacieux que nombreux, qui se proclament vos amis et mais qui, je le crains, pensent plus à se servir de vous qu'à vous servir.
Mais, croyez-en un vieux républicain désintéressé et doué de quelque sens commun, c'est seulement la République de tout le monde... qui peut parvenir à réaliser ces nobles espérances, et non pas la République étroite, jalouse, tapageuse et violente de ces hommes, plus audacieux et bruyants que nombreux, qui se proclament vos seuls amis, mais qui, je le crains, pensent plus à se servir de vous qu'à vous servir.
Parions que M. Pernolet sera traité de réactionnaire par les outranciers de son arrondissement.
Charles Pernollet se fâcha par la suite avec le Directeur du Figaro mais c'est une autre histoire... (NdE)
Le 13e avant et durant la Commune
(18 mars - 28 mai 1871)
Après l'armistice, 28 janvier - 17 mars 1871
A travers Paris
- L’ambulance mobile de la Maison-Blanche
- La question des victuailles (Le Siècle, 8 février 1871)
- A travers les rues bombardées (Le Siècle, 16 mars 1871)
L'affaire des Gobelins
- Proclamation du ministre de l’Intérieur aux habitants de Paris (4 mars 1871)
- Les faits selon le Bien Public (6 mars 1871)
- Lettre adressée au Cri du Peuple (9 mars 1871)
- Proclamation d'Emile Duval (Le Rappel, 9 mars 1871)
- Les canons de la place d'Italie (La Liberté, 9 mars 1871)
- L'opinion du Figaro (11 mars 1871)
- A travers le 13e arrondissement (11 mars 1871)
- Les canons de la Barrière d’Italie (Le Bien public — 17 mars 1871)
- La question des canons (L'Illustration, 18 mars 1871)
Démission de M. Pernolet, maire du 13e
- Démission de M. Pernolet, maire des Gobelins (Le Figaro, 7 mars 1871)
- Un maire bourgeois (Le Cri du Peuple, 8 mars 1871)
- Gazette nationale ou le Moniteur universel, 13 mars 1871
- La proclamation de M. Pernolet
Sur le 13e arrondissement
Du 18 mars au 20 mai
Journée du 18 mars
- La journée du 18 mars sur la rive gauche (Gazette nationale ou le Moniteur universel — 20 mars 1871)
Les élections du 26 mars
Journée du 5 avril
Journée du 12 avril
Journée du 14 avril
Journée du 19 avril
Journée du 4 mai
Journée du 6 mai
Du 21 au 28 mai
Journée du 24 mai
Journée du 25 mai
L'incendie des Gobelins (25 mai 1871)
Le massacre des Dominicains d'Arcueil
Les faits
- Le massacre des Dominicains, récit de l'abbé Grandcolas (L'Illusttration, 3 juin 1871)
- Les Dominicains d’Arcueil (Maxime Du Camp, Les convulsions de Paris)
Le procès (à venir)
- Ouverture du procès : rapport du capitaine Leclerc
- Rapport du capitaine Leclerc, suite, journée du 25 mai
- Audition de Serizier (personnalité)
- Audition de Serizier (interrogatoire au fond)
- Audition de Boin
- Audition de Louis Lucipia
- Audition de Jules-Constant-Désiré Quesnot
- Auditions de Gironce, Annat, Rouillac et Grapin
- Auditions de Busquaut, Gambette, Pascal