Dans la presse...

 paris-treizieme.fr —Le massacre des Dominicains (récit de l'abbé Grandcolas)

Le massacre des Dominicains

25 mai 1871

L’Illustration — 3 juin 1871
Gravure parue dans L'Illustration

On sait que les sauvages du régiment Delescluze ont fusillé un à un les Dominicains qu'ils avaient faits prisonniers. Le récit suivant de cette infamie par un Père échappé au massacre a été adressé à M. Vrignaud du Bien public :

« Le vendredi 19 mai, un membre de la commune suivi du gouverneur de bicêtre et du sieur Cérisier(*) à la tête du 101e bataillon fédéré s'est présenté à l'école Albert-le-Grand vers quatre heures et demie du soir et nous a tous emmenés : les religieuses à la préfecture de police, et plus tard à Saint Lazare ; les pères dominicains, les professeurs et les domestiques du collège, au fort de Bicêtre où l'on nous a jetés dans une casemate, après nous avoir dépouillé de tout, et même de nos bréviaires.

« Jeudi dernier 25 mai vers huit heures du matin au moment où la garnison quittait le fort en toute hâte un officier est venu nous dire : « vous êtes libres ! seulement, nous ne pouvons vous laisser entre les mains des Versailles et il faut nous suivre aux Gobelins, ensuite, vous irez dans Paris où bon vous semblera ».

« Le trajet fut long et pénible, des menaces de mort étaient à tout instant proférées contre nous par la populace. Arrivés à la mairie des Gobelins, on ne veut plus nous laisser libre

« Les rues ne sont pas sûres, nous dit-on, vous seriez massacrés par le peuple. » D'abord, on nous fait asseoir dans la cour intérieure de la mairie où pleuvait les obus ; puis un nouvel officier arrive et nous mène à la prison disciplinaire du secteur avenue d'Italie, 38. Dans l'avenue, nous apercevons le 101e  avec son chef, le sieur Cerisier. Nous étions ces prisonniers.

L'homme en chemise rouge fut identifié pour être Isidore Boin dit "Bobèche", condamné à mort le 17 février 1872 par le 6e conseil de guerre, et exécuté le 25 mai.

« Vers deux heures et demie, un homme en chemise rouge ouvre fréquemment la porte de la salle où nous étions enfermés, il nous dit : « Soutanes, levez-vous, on va vous conduire aux barricades. » Nous sortons. À la barricade, les balles pleuvaient avec une telle intensité que les insurgés l’abandonnèrent.

« On nous amène la prison disciplinaire sur l'ordre du colonel Cérisier. Nous nous confessons une dernière fois, et le père prieur nous exhorte tous à bien mourir.

« À quatre heures et demi environ, nouvel ordre du sieur Cérisier. Cette fois nous partons tous — pères professeurs et domestiques — entourés par les gardes du 101e qui chargent devant nous leurs armes. Àà la porte extérieure de la prison, le chef du détachement nous crie  :

— Sortez un à un dans la rue !

« Puis le massacre commence. J’entends le père dire :

— « Allons, mes amis, pour le bon Dieu.

Et c'est tout.

« J'ai survécu avec quelques professeurs et domestiques à cette épouvantable fusillade. Une balle avait traversé mon pardessus sans m'atteindre. Grâce à elle, j'ai pu me jeter dans une maison ouverte sans être vu. Là, une femme fit prendre à la hâte les vêtements de son mari, et je restais chez elle jusqu'au moment où arrivèrent les soldats du 113e de ligne qui me reçurent dans leurs rangs avec le plus grand empressement. Un chef de bataillon dont je regrette de ne pas savoir le nom me donna même un sergent et quelques hommes pour aller reconnaître nos chères victimes.

« Vous savez le reste. Nous n'avons pas retrouvé le corps du père Captier, prieur de l'école Albert-le-Grand et je conservais l'espoir qu'il aurait pu, comme moi, se sauver.

Hélas ! lui aussi, une des plus belles et les plus nobles intelligences de son temps, il était massacré.

«  Je n'en pouvais plus. Hier un des survivants M. Résilliot, accompagné d'un jeune homme, M. Barraly, qui nous avait offert ce service avec le plus louable empressement, se rendit aux Gobelins pour réclamer les corps recueillis la veille par les bons frères des écoles ; là ils trouvèrent M. le maire et M. le curé d'Arcueil déjà prévenu ainsi que l'abbé Delare, aumônier de l'hôpital Cochin

« Les corps (douze en tout) furent transportés dans la soirée à l'école Albert-Le-Grand, par permission express du maréchal Mac Mahon.

« L'abbé Grandcolas,
10 rue Mézières, hôtel Samson.

(*) L'orthographe du texte original a été respectée. Il s'agit bien évidemment de Marie Jean-Baptiste Serizier, fusillé à Satory le 25 mai 1872 pour ces faits parmi d'autres.



Le 13e avant et durant la Commune
(18 mars - 28 mai 1871)

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Enceinte continue – rive gauche

Cette partie de l’enceinte, beaucoup moins avancée que celle de la rive droite n’aura guère que vingt-huit à trente fronts bastionnés. Elle commence à la dernière maison de la gare d’Ivry et s’en va aboutir à la Seine, un peu au-dessous du pont de Grenelle, vis-à-vis Auteuil. (1841)

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Les prochains grands travaux de Paris

Sur l'emprunt de 900 millions, dont la majeure partie doit servir à exécuter dans Paris de grands travaux de voirie (ce qui n'exclut pas ceux qui ont été décidés antérieurement à l'adoption de ce vaste plan de campagne), les quatre quartiers du treizième arrondissement auront une assez forte part. (1910)

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La crue persiste

Au service hydrométrique, on escompte la cote de 5m.20 à Paris-Austerlitz d'ici à lundi matin et on espère qu'elle ne sera pas sensiblement dépassée. (1910)

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L'assainissement de la Bièvre

Le préfet de la Seine a déclaré d'utilité publique l'assainissement de la vallée de la Bièvre aux abords de la rue du Moulin-des-Prés. (1897)

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Une inondation boulevard Kellermann

Dans la soirée d'hier, vers six heures et demie, une conduite d'eau passant à la poterne des Peupliers, près du boulevard Kellermann, dans le treizième arrondissement, s'est rompue brusquement. (1912)

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Saviez-vous que... ?

En 1863, le marché aux chevaux du boulebard de l'Hôpital se tenait le mercredi et le samedi de chaque semaine et le premier lundi de chaque mois.

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La statue de Pinel, bienfaiteur des aliénés, installée devant l'hôpital de la Salpétrière est due à Ludovic Durand.

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En 1889, E. Pion, médecin vétérinaire, inspecteur de la Boucherie à Paris dénombrait 40 chèvres séjournant régulièrement à la Porte d'Italie et 15 à la Poterne des Peupliers.

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Le 30 janvier 1916, se jouaient Les Mystères de New-York au cinéma Bobillot, 66, rue de la Colonie.

L'image du jour

Le carrefour des Gobelins vu depuis le boulevard de Port-Royal.